Cinema

Mohamed Karrat: «Le fait qu’il n’y ait pas eu de film marocain au FIFM est une honte»

© D.R

Entretien avec Mohamed Karrat, réalisateur

ALM : Vous préparez un nouveau film cinématographique. Que pouvez-vous nous dire à ce propos ?

Mohamed Karrat : Il s’agit d’une histoire dramatique qui concerne les personnes en situation de handicap au Maroc. J’en entamerai le tournage le 23 janvier prochain. Pour réaliser ce film, j’ai déjà un personnage principal qui sera interprété par Rachid El Ouali dans le rôle d’avocat qui va essayer de défendre les droits d’une personne en situation de handicap. C’est pour cela d’ailleurs que je lui ai demandé de garder sa barbe.     

Pourquoi une barbe ?

En général, les avocats n’ont pas de barbe.  Et si j’ai demandé à Rachid El Ouali de garder celle-ci, c’est pour faire valoir ma vision. A mon sens, cette star, qui joue d’habitude sans barbe, a mûri et je voulais la voir dans un autre personnage qu’elle n’a jamais joué. D’autant plus que Rachid El Ouali est un grand acteur qui me facilite la tâche. Quand j’écrivais le scénario, je savais que le personnage d’avocat était fait pour lui. Je suis heureux qu’il ait accepté ma proposition. C’est un ami. Et je sais qu’il constituera un avantage pour mon film intitulé provisoirement «Petits rêves».

Qu’est-ce qui vous a inspiré l’idée de ce film ?

C’est une histoire que j’ai vécue personnellement et développé pour rester dans la fiction. D’ailleurs, le déclenchement du scénario tient de la réalité puisque j’avais visité une association de personnes en situation de handicap où j’ai trouvé qu’elles avaient des problèmes. Je suis entré en contact avec des avocats et des conseils juridiques pour concevoir l’intrigue du film. J’espère qu’il sera apprécié par les Marocains.

Comment vous démarquez-vous par rapport à d’autres réalisateurs qui ont traité le même sujet ?

Mon film traite différemment la situation des personnes en situation de handicap. C’est un traitement plus profond que les choses visuelles. Je ne veux pas que ces personnes soient vues à travers la maladie mais avec les yeux. D’ailleurs le titre choisi pourra changer par « Regardez-moi dans les yeux ». Et c’est complètement différent quand on regarde ces personnes dans les yeux.      

Vous prenez pas mal de temps pour sortir un nouveau film…

Vous savez, le nouveau film m’a pris une année pour l’écrire. Je pense que c’est le temps nécessaire. Pour ce film, c’est la partie juridique qui m’a pris beaucoup plus de temps et c’est normal !   

Avec ce nouveau film, vous changez carrément vos sujets romantiques habituels. N’est-ce pas ?

Tout à fait ! D’habitude, je fais des films de comédie romantique. Alors que mon nouveau film est une histoire dramatique. Le drame est un nouveau registre pour moi. Je l’ai fait parce que j’aime bien le défi. Quand même, je trouve que le drame est aussi difficile que la comédie. C’est pour cela que je voulais m’essayer, voire m’expérimenter dans ce genre de films et par là avoir un plus pour le cinéma marocain.

Quel regard portez-vous sur le cinéma marocain ?

Il est en évolution permanente et éminente. On voit que les dix dernières années ont été marquées par l’arrivée de jeunes réalisateurs qui prennent la relève. Par contre, il y a un problème puisque nos films ne sont pas vus à l’étranger.

Certes, les réalisateurs doivent fournir des efforts mais il faut aussi et surtout que le Centre cinématographique, entre autres, en fasse, pour que nos films soient dans les festivals étrangers. D’autant plus que nous ne trouvons pas de salles de cinéma où projeter nos films. C’est comme si nous produisions des films pour les jeter. Et quand on voit le box-office, on trouve que les films marocains y sont classés numéro 1. A mon sens, le domaine cinématographique n’est pas bien exploité et c’est malheureux !

Alors comment contribuer au rayonnement des films marocains à l’étranger ?

Les films marocains qui ont fait carrière à l’étranger sont très peu nombreux. Ils n’ont jamais eu la chance d’avoir des oscars. Je trouve qu’il n’y a pas de volonté de la part de la tutelle pour mettre le film marocain en avant. Or, d’autres pays, qui n’ont pas les moyens, font beaucoup d’efforts pour promouvoir leurs films. Par exemple, le fait qu’il n’y ait pas eu de film marocain au FIFM c’est grave et c’est à la fois une honte pour le cinéma marocain. C’est comme si nous n’étions pas capables de produire un film. Ce n’est pas une bonne chose pour notre image ! Le FIFM est aussi fait pour les Marocains qui aiment leurs artistes. J’espère qu’on va se rattraper lors des prochaines éditions.

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