Culture

Conservatoires de musique de Casablanca : Les professeurs privés de leurs salaires

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La saison scolaire est à nos portes. Cependant, l’avenir des professeurs d’arts exerçant dans les conservatoires de Casablanca reste flou. Ces derniers sont en grève depuis le mois d’avril dernier, et pourtant aucune oreille attentive n’a été prêtée pour répondre à leurs revendications. Au moment où le corps professoral déplore sa situation précaire, il doit affronter aujourd’hui une autre plus délicate. Des suites des grèves, les professeurs d’arts se sont vu priver de leurs paies depuis le mois de juin. Une décision qui selon eux, n’est pas équitable, vu que d’autres personnes ont pu jouir de leurs salaires, en dépit des grèves et des examens suspendus.  Pour Ouafae Skalli, chef de la division de la culture et de l’animation au sein du conseil de la ville, «ces professeurs sont des vacataires. Donc ils sont payés par le nombre d’heures qu’ils ont travaillées. Systématiquement, ceux qui n’ont pas donné leurs heures de cours ne sont pas rémunérés». «Depuis plusieurs années, nous revendiquons d’avoir une couverture sociale, de recevoir nos indemnités et nos salaires à temps. Aujourd’hui, on nous prive même de notre paie », déclare Bouchaib Tali, responsable syndical. En effet, la vacation est le point de discorde entre les professeurs d’arts et la division de la culture et de l’animation au sein du conseil de la ville. «Selon la loi, la vacation ne dépasse pas les six mois et un jour renouvelable une seule fois. Ainsi, après une année et un jour, le vacataire devient automatiquement titulaire ou bien temporaire et dans ce cas là il est éligible et a le droit de recommander l’amélioration de son statut», souligne M. Tali.  Et de s’interroger : «Comment justifier le cas de ces professeurs grévistes dont la majorité a exercé depuis 30 ans dans les conservatoires de la ville avec un salaire dérisoire ne dépassant pas les 1300 DH?». En réponse à cette interrogation, Mme Skalli affirme que «la plupart des vacataires ont des métiers en parallèle. Pour le reste de l’effectif, ils dépendent de la commune urbaine de Casablanca». Et de poursuivre: «il existe une minorité qui n’a pas d’autres ressources que le conservatoire. Nous déployons tous nos moyens pour les intégrer. Cela ne pourra pas se faire du jour au lendemain. Il faut étudier l’équivalence de leurs diplômes ainsi que leurs âges, car certains d’entre eux ont atteint la soixantaine». Selon les syndicalistes, le constat actuel est comme suit: l’absence des négociations n’a pas permis aux étudiants de passer leurs éliminatoires et le concours public qui sont une étape décisive dans leur cursus. «80% des professeurs ont passé les examens. La grève concerne la CDT, alors que les autres syndicats n’y adhèrent pas», commente Mme Skalli. Pour sa part, Bachir Chajaâdine, syndicaliste de l’UMT, s’indigne. «Si la CDT est la seule centrale concernée, pourquoi les autres syndicats payent les pots cassés. Certains professeurs issus de l’UMT et même d’autres n’appartenant à aucun syndicat ont été privés de leurs salaires. Alors pourquoi nous introduire dans des règlements de comptes individuels? Ces gens sont en train de nous priver de certains acquis pour lesquels nous avons longtemps milité. Auparavant, nous étions rémunérés même durant les vacances estivales, chose qui ne sera plus possible aujourd’hui. Au lieu de prendre une décision décisive sans prévenir les gens concernés, nous appelons le maire de la ville à ouvrir un dialogue franc avec les différentes parties pour pallier à cette situation qui nuit au corps professoral », indique-t-il. Concernant la paie suspendue depuis le mois de juin, Mme Skali souligne: «Je ne suis que fonctionnaire et je ne réponds qu’au niveau administratif. Nous nous sommes basés sur les mémoires des directeurs de conservatoires qui ont rendu compte des heures travaillées au sein de leurs établissements et des professeurs qui ont été présents». La crédibilité des examens et des comptes rendus relatifs aux mémoires des professeurs est mise en cause. Si certains directeurs d’établissements ont refusé de commenter, d’autres ont touché le mal du doigt. Dans une lettre adressée à Mohamed Sajid, le maire de la ville, Mohamed Najih, directeur du conservatoire d’Anfa, a tiré son épingle du jeu, en soulignant des éléments de fraudes. «S’il est porté à votre attention que des examens se sont déroulés au sein du conservatoire que je gère, je tiens à vous préciser que cela s’est tenu à mon insu. Officiellement, je n’ai pas reçu de sujets d’examen ni de la part du directeur coordinateur des conservatoires ni de celle du chef de la division de la culture et de l’animation au sein du conseil de la ville», lit-on dans cette lettre qui nous a été également communiquée. M. Najih confirme dans son écrit que tous les enseignants du conservatoire d’Anfa étaient en grève. Malgré ce climat tendu, les syndicalistes en grève se déclarent prêts à entamer un dialogue direct avec le maire de la ville, de négocier leurs situations et se prêtent à préparer une deuxième session pour les étudiants avant le démarrage des cours pour cette saison.

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