Enregistré en 1972, Crossings est le deuxième des trois albums qu’Herbie Hancock réalisa avec son sextette, le meilleur groupe qu’il posséda, celui avec lequel il alla le plus loin dans l’exploration de nouveaux paysages musicaux. Proche de Mwandishi qui, lui est tout aussi essentiel, Crossings s’en distingue par une utilisation beaucoup plus poussée des claviers électriques. Hancock adopte le mellotron et le moog synthétiseur. S’il joue surtout du Fender Rhodes, il réintroduit le piano acoustique afin de disposer d’une large gamme de sonorités. C’est également dans le but de varier ces dernières qu’il confie à ses musiciens de nouveaux instruments. Outre la flûte et la clarinette basse, Benny Maupin adopte le saxophone soprano et Julian Priester utilise divers trombones. La musique gagne également en densité rythmique, le groupe ayant recours à de nombreux instruments de percussion. Une jungle aux puissants parfums sonores en résulte. Improvisations modales et ostinatos funky se tendent la main dans une oeuvre ouverte, flottante, hypnotique, aux chaudes couleurs orchestrales. Un must de la fusion.