Culture

Culture, l’attente

Qu’est-ce qu’il y a à retenir de l’année culturelle qui s’écoule ? Les bonnes ou les mauvaises choses ? Le plein, le peu ou le rien du tout ? Les manifestations qui ont eu lieu, les autres annoncées en grande pompe et qui sont tombées à l’eau ? Difficile de faire tenir un article sur ce qui a surpris, ce qui a fait palpiter le coeur d’impatience et ce dont on a claironné l’avènement, en grande pompe, et qui est mort-né.
Commençons par les choses très attendues et qui demeurent en souffrance. Le gouvernement a promis de valider le statut de l’artiste, et, depuis, tout le monde attend ! Le festival international de Casablanca promet, chaque fois, que l’année prochaine sera la bonne.
Cela fait trois ans qu’on attend sa naissance. La proclamation du prix d’architecture pour le Musée royal du patrimoine et des civilisations tarde pour des raisons qui demeurent mystérieuses. Quant aux choses qui ont déçu cette année, le cinéma vient en premier lieu. Peu de longs-métrages, et parmi lesquels très peu ont surpris. Les films de Hakim Noury, Mohamed Ismael et Souheil Ben Barka ont franchement déçu. Les films de Omar Chraïbi et Abdelhaï Laraki nous ont gratifiés de quelques moments de cinéma. Les arts de la scène sont à l’image de l’échec du festival national de théâtre. Une très petite représentativité et une non-attribution du premier prix. Quelques bonnes surprises existent toutefois comme «Ha Bnadem», la pièce de Mohamed Zouhir et «Allal A Allal». L’année précédente a été ponctuée par plusieurs festivals. Il y a ceux qui sont déjà inscrits dans le paysage artistique du pays. Le festival des musiques sacrées de Fès dont l’édition précédente s’est caractérisée par plusieurs innovations qui risquent de le dénaturer.
Le festival des gnaouas d’Essaouira qui s’essouffle un peu, mais qui continue à attirer un public de jeunes, sa meilleure réussite. Il y a le Festival International du Film de Marrakech, avec sa pléiade de stars, et dont le seul mérite est de faire rêver les Marocains à un voisinage prestigieux. La seule manifestation qui a franchement surpris par la cohérence de son concept et sa qualité est le tout nouveau festival Mawâzine de Rabat.
L’air de fête qu’il a introduit dans cette ville promet tout le meilleur. Il y a aussi les manifestations programmées par les instituts étrangers établis dans notre pays. Ils enrichissent incontestablement la vie culturelle dans le pays. L’exposition «Jean Genet et le monde arabe», initiée par le service culturel de l’ambassade de France, mérite à cet égard toutes les louanges. Pareil pour le travail fourni par l’Institut français de Casablanca et dont certains programmes, particulièrement en matière de théâtre, ont gratifié le public de grands moments. Les centres culturels espagnols se démarquent quant à eux par une programmation parcimonieuse, mais de qualité. C’est grâce à leur concours que l’on a pu voir l’importante exposition du peintre Antoni Tapiès à Rabat et Casablanca, ainsi que l’invitation de grands poètes espagnols comme Andres Sanchez Robayna et Carlos Marzal.
On ne peut pas parler de poètes espagnols sans mentionner le travail de fond, laborieux et se jouant de la conjoncture politique du poète marocain hispanophone Larbi El Harti. Et le livre ? Tous les professionnels s’accordent à dire qu’il traverse une grande crise. Quelques livres de qualité sont sortis toutefois de nos maisons d’édition.
Une mention très particulière au travail fourni par les éditions Tarik qui se sont placées, en très peu de temps, comme l’une des maisons d’éditions les plus innovatrices et parmi les plus soucieuses de qualité. Et ce n’est pas «Poussières d’Empires», le livre de Nelcya Delanoë, qui démentira. Des éditions Eddif, est sorti un livre qui fait bondir le coeur de joie. Un livre comme on en lit peu : «Une ambassade chez Louis-Philippe», le journal tenu par un Marocain qui a séjourné en France en 1845. Et enfin, on ne peut pas parler des événements culturels qui ont marqué l’année précédente en passant sous silence les arts plastiques.
C’est dans ce domaine que les choses les plus vivantes, en matière de création, se tissent dans notre pays. Force est de constater que ce n’est pas dans les cadres institutionnels que l’on est surpris, mais par des personnes qui se battent pour construire des oeuvres avec presque rien et dans des espaces qui ne s’y prêtent pas.
Des artistes comme Hassan Darsi méritent encouragements et félicitations. Avec ses amis, il s’attache depuis près d’un an à reconstituer dans une plate-forme l’état dégradé du parc de l’Hermitage. De même que Abdellah Karroum qui a initié, dans son appartement, des manifestations plastiques qui feront date dans notre pays. Devant ce panorama moins brillant qu’on ne le souhaite, il n’y a qu’à espérer que l’année prochaine sera mieux étoilée.

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