Culture

Dakar-2008 : Cheikh Yves Jacquemain, benjamin motard

«Je suis né le 10 mai 1989. Les inscriptions (pour le Dakar), c’était le 15 mai (2007). Cinq jours après mon anniversaire, j’étais sur les listes. Un rêve de gamin», a déclaré à l’AFP le jeune homme, avant le départ de la course à Lisbonne.
Le Sénégal n’avait jamais aligné, avant lui, de concurrent de cet âge, selon la Fédération sénégalaise de sport auto-moto (FSAM). Et sur le rallye, «il n’y a jamais eu aucun pilote de 18 ans qui se soit présenté», précise Cheikh, fils d’un Français et d’une Sénégalaise établis à Mbour (80 km au sud-est de Dakar). Les Sénégalais sont depuis longtemps familiarisés avec son physique de premier rôle de cinéma: longue chevelure bouclée laissée libre, gueule d’ange, gabarit équilibré de «1,80 m et 80 kg». Mais ce sont ses nombreux titres de champion national qui ont séduit la presse sportive locale. «L’enfant prodige de la moto», comme il est surnommé, a été champion moto toutes catégories en 2007 et a remporté 21 courses sur 24 participations en trois saisons de compétition. Une passion de famille «La moto, c’est une histoire de famille. J’ai toujours été dans ce milieu», raconte-t-il, précisant que son père, Olivier Jacquemain, «a monté le premier “Team-Sénégal” à partir sur le Dakar en 1998» et a organisé «des circuits moto» dans le pays. Ces années-là, «il y avait une quinzaine de motos tous les jours à la maison». La passion des deux-roues n’a cependant pas occulté les études chez Cheikh Yves Jacquemain. Il a décroché en 2007 un baccalauréat «éco avec mention» et, depuis la rentrée universitaire, est inscrit en première année de management à Dakar, pour un master (4 ans d’études). Monter «tout seul à moto, j’ai commencé à six ans. Ma toute première moto était une vieille Yamaha bricolée avec un moteur de Suzuki. Un vieux, vieux truc, complètement refait maison, mais ça marchait bien!» Aujourd’hui, dit Cheikh, «je n’ai plus de moto, j’ai tout vendu pour faire le Dakar. Mon budget pour cette année tourne autour de 35-40 millions de francs CFA (entre 53.500 et 61.200 euros). Je suis bourré de dettes!» Objectif : arriver à Dakar. Pas facile de convaincre les sponsors quand on fait son premier rallye à son âge. Beaucoup d’entreprises sollicitées «n’ont pas répondu présent», explique-t-il. «Parce que j’ai 18 ans, elles n’ont pas forcément confiance» et préfèrent soutenir des pilotes ayant «beaucoup d’expérience et de maturité». En dépit de ces difficultés, il affirme avoir pu rassembler le financement minimum, contrairement à trois autres pilotes présentés par le Sénégal qui «n’ont pas pu boucler leur budget» et ne prendront pas le départ. Au lieu de 12 initialement annoncés, «on est maintenant neuf concurrents officiels», dont Mame Less Diallo (moto), recordman africain sur le Dakar avec onze participations, et Syndiély Wade (auto), fille du président sénégalais, qui tente l’aventure pour la cinquième fois. Cheikh assure s’être entraîné au Sénégal, en Mauritanie, en France et en Suisse «à peu près sur tous les types de terrains» jalonnant les étapes du rallye – montagnes, dunes, «cailloux» – mais reconnaît qu’il n’a «pas vraiment l’habitude de rouler dans le froid». Son seul grand rêve, déclare-t-il, «c’est de gagner le Dakar». Pour l’heure, «je veux arriver à Dakar et gagner de l’expérience. J’ai encore (…) 15 bonnes années devant moi pour apprendre!»
 

Coumba Sylla (AFP)

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