Culture

Dans les coulisses de la CGEM

© D.R

A l’image de toute la structure économique du Maroc, la CGEM est aujourd’hui à la croisée des chemins. Dans une phase de rupture, où les «vieux», récipiendaires de la politique de marocanisation, du temps où  la BNDE prêtait aux quatre vents, doivent passer le témoin. «Il nous faut du sang nouveau, de nouvelles méthodes et une rupture avec les pratiques de l’économie de rente», lâche Hammad Kassal, président de la Fédération des PME-PMI, l’un des tout premiers à avoir rompu avec la langue de bois ambiante, en s’opposant directement aux grands comptes. «Je regrette qu’une partie du patronat marocain n’arrive pas à suivre la dynamique engagée par SM le Roi Mohammed VI dans le domaine économique et social, alors que ce même capitalisme a, à un certain moment de son histoire, largement profité du système », poursuit M. Kassal.
Où trouver du sang neuf? Qui, dans cette vague montante de jeunes entrepreneurs, oserait aujourd’hui bousculer les règles non écrites du protocole en se présentant sans la bénédiction de la vieille garde?
A défaut d’avoir le courage de leurs ambitions, les jeunes entrepreneurs tirent à boulets rouges sur le «clan Chami ». Encore un mtythe.  Y a-t-il vraiment un clan Chami à l’intérieur de la Confédération, s’interroge le Directeur d’une grande entreprise de la place, récemment arrivé au Maroc ?
Oui, à  s’en tenir aux nombreuses déclarations recueillies par ALM. Il y aurait bien une garde rapprochée  dont le soutien sera déterminant pour l’un des futurs candidats. Particularité des membres de ce clan, à deux exceptions près, ce sont de vieux routiers, qui ont chacun en ce qui concerne, cumulé plus de deux mandats à la tête de leur fédération et qui commencent doucement  à se désengager des affaires.
L’ancien président de l’AMITH, Mohamed Lahlou, qui n’a plus d’affaires à son actif, fait partie de cette caste supérieure en fin de parcours. Tout d’ailleurs, comme Ahmed Benkirane de la Marocaine Vie. Cet homme d’affaires, administrateur de plusieurs entreprises, aurait annoncé en apparté qu’il veut «lever le pied». Une manière pour lui de dire que le fauteuil de président ne l’intéresse pas. Dans cette «choura», on retrouve aussi un  certain Mohamed Chraïbi, indéboulonnable  président de la Fédération nationale de l’agro-alimentaire. «Il a fait plus de deux mandats et il ne veut pas passer la main», dit de lui un habitué des arcanes de la CGEM.
Tout de même, M. Chraïbi n’est pas le seul président d’une Fédération à avoir dépassé les deux mandats légaux tout en gardant ses fonctions.  Bouchaïb Benhamida, qui a voté des deux mains,  les nouveaux statuts de la CGEM,  n’est-il pas à sa quinzième année à la tête de la Fédération nationale du BNTP, nous rétorque une voix récalcitrante dans le cercle des jeunes loups à l’affût ? «Effectivement, répond l’intéressé, mais n’oubliez pas qu’à la FNBTP,  nous sommes une structure qui a son propre mode de fonctionnement» !
L’expert-comptable Hassan Alami a également brigué deux mandats.
L’un des rares jeunes à faire partie de cette garde rapprochée a pour nom Karim Tazi. «Un jeune qui a ses idées, son  style et des ambitions inavouées», dit de lui un de ses pairs, qui regrette toutefois  que le patron de Richbond ait entamé son capital sympathie, en militant pour un «smig régional» et pour la «dévaluation». Autre jeune, autre ambition inavouée, Jalil B Taârji, président de la Fédération du tourisme.
Si Karim Tazi est nouveau à la CGEM, en revanche, Mohsine Ayouch, passe pour le vieux conservateur des secrets de famille. «Simple salarié», comme le clame ses détracteurs ? Ce n’est pas aussi évident que cela.
En tant que directeur délégué, cet ancien gauchiste, membre de l’OADP , et qui dînait avec les syndicats dans les années 70, festoie avec le patronat depuis quatorze ans. Ramené par Abderrahmane Lahjouji, ex-président de la CGEM, M. Ayouch gère avec assez de disponibilité (aucune entreprise connue à sa charge) la CGEM, à plein temps. Le personnage qui a une réputation peu flatteuse auprès des cadres de la maison est important pour le système de vote en étant l’une des rares personnes à savoir exactement le nombre de votants lors de chaque consultation.
Ensemble, ce clan fermé aurait misé un certain temps sur Karim Benjelloun. «C’est lui le candidat idéal de la CGEM ! » s’exclame un dirigeant d’une PME-PMI. Mais M. Benjelloun n’aurait pas réussi à obtenir des «soutiens décisifs», notamment auprès des partenaires publics.
Signe des temps, ces différentes notabilités qui dirigent aujoud’hui la CGEM, s’éloignent paradoxalement des affaires. Ainsi, pour destabiliser Bouchaïb Benhamida, l’homme le plus lourd par le nombre de ses adhérents (1.500 membres de la FNBTP), devant le Textile et le Tourisme, on fait remarquer qu’il ne fait plus des affaires et qu’il a vendu son entreprise à des Portugais, se transformant en un consultant de luxe pour le PAAP, Programme d’appui aux associations professionnelles, initiées en partenariat avec l’Union européenne. Or, M. Benhamida est aussi trésorier à la CGEM. Juge et partie ?  Ce n’est pas à nous de le dire.
«J’ai vendu une entreprise certes, mais pas à des Portugais. De plus j’ai une autre entreprise ! » tranche net le président de la FNBTP. Sera-t-il candidat à la présidence de la CGEM ? M. Benhamida répond que «ce n’est ni oui ni non !». 
Le président de la FISA (Fédération interprofessionnelle du secteur avicole), Youssef Alaoui est, en ce qui le concerne,  catégorique : «je ne serai pas candidat», dit-il tout simplement, étonné de toutes ces spéculations à propos d’un retard somme toute courant. Il est vrai, reconnaît-il, que «nous sommes dans une étape cruciale, avec la libéralisation et le lancement de grands chantiers ». C’est cela la nouveauté. Pour le reste, à en croire le président de la FISA, les candidats ont toujours laissé jusqu’à la dernière minute pour faire connaître leurs intentions. 
En tout cas, dans ce ni-ni ambiant qui précède la campagne électorale, la liste des candidats possibles ou supposés s’allonge au fil des jours.

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