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Dans son nouveau roman : Hicham Aboumerrouane, «Le châtieur» littéraire de l’existence

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«Qui aime bien châtie bien». Le fameux adage colle parfaitement au personnage principal, Ahmed, du nouveau roman «Le châtieur» de son auteur marocain, Hicham Aboumerrouane.

Cependant, le héros de l’œuvre ne châtie pas par passion mais par expression. Ce qui donne du fil à retordre au lecteur qui doit s’efforcer d’assimiler l’intrigue du livre et le style de l’écrivain lequel qualifie son personnage d’«être littéraire». Dans le roman, ce protagoniste s’exprime sur l’ensemble de son entourage dans un langage plein de néologismes. Entre un cafard qu’Ahmed appelle «Raymond», une sœur qu’il taquine, une épouse « Adeline» qui l’apprécie malgré son mauvais tempérament, une bonne qu’il gronde incessamment et des parents qu’il respecte, l’auteur brosse le portrait d’un individu qui tient à l’existence en la boudant à la fois.

«Pour cet être doté d’une folie nécessaire, la contradiction est de l’ordre du concept, donc falsifiable à volonté. Dénaturer les valeurs communes est son ordinaire. Fausser les façons courantes, son dada», précise M. Aboumerrouane à propos de son héros. «Ahmed» étant également un misanthrope qui ne chérit en l’homme que sa décadence. D’ailleurs, l’auteur utilise à fond le mot «mort» par le biais de son protagoniste qui se plaint de plusieurs phénomènes sociaux. «Son but, dérègler la marche du monde. Son sadisme outrepasse la seule matière humaine, pour charger sur l’essence de la vie. Ses plaintes dénotent une perfidie sincère. Un sournois honnête homme», commente l’écrivain.

Quant à ses jeux de mots, ils sont faits pour répondre à une mission de recherche littéraire. «Il faut réécrire le littéraire, puiser des agencements singuliers. Le verbe las d’un usage redondant doit sonner autrement. Tel est à mon sens le métier d’écrivain», tranche-t-il. Pour lui, il est question de mettre à l’épreuve la raison commune. «Si le lecteur comprend sans effort, c’est qu’il n’avait nul besoin de me lire», exalte l’auteur dont le style est également compliqué. Celui-ci lui importe en fait. «Les fioritures qui surplombent les phrases m’écœurent.

Multiplier les mots à forte teneur, des suites lourdes, des verbes obsolètes ne fait pas le style. Encore moins le verbe difficile. Donc la complexité échappe au style qui est un ordonnancement nouveau qui met le verbe là où on l’attend pas. Ce n’est pas une sur-écriture, mais le chamboulement d’une phrase, l’amélioration de la course d’un jet de mots, hâter une chose établie, un éclatement de structure…», détaille-t-il. C’est en fait un style qui se manifeste davantage à travers «Ahmed» qui est, selon l’auteur, le produit de ses façons. «Un corrupteur corrompu. La folie qu’il exerçait sur son verbe, sur son agir, a fini par déteindre sur son essence. Un styliste immodéré», ajoute l’écrivain. Selon ses dires, le verbe d’Ahmed n’a rien d’immatériel. Ses rebonds sont tangibles et font vite de se traduire en petites vies. «Ce manège de petites consciences en ruines se crochètent sur la grosse machine, la vie», poursuit l’écrivain qui fait de plus des références. Il fait, dans ce sens, allusion à ses deux œuvres «Le clochard» et «La cloche».

La première étant notamment maîtresse, une essence littéraire, un vocabulaire nouveau et un soubassement nécessaire au roman «Le châtieur». «Un prolongement qui pourfend le verbe pour fatiguer la vie. Ahmed ne se confine pas au seul verbe comme en témoigne «Le clochard», mais en use pour abuser la vie», explicite-t-il.

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