Culture

Des ambassadeurs du Maroc fondamentalement nationalistes

© D.R

Les journées Maroc Judaïsme qui se tiennent depuis le 17 mars à Paris et qui devront se poursuivre jusqu’à la fin du mois courant ont pour objectif de rappeler la tolérance du régime Alaouite à l’égard de la population juive marocaine au Maroc. La présence de André Azoulay, conseiller du Souverain, en témoigne largement.

L’ouverture solennelle s’effectua également en la présence de Jacques Toledano, président exécutif de la fondation du patrimoine judéo-marocain du musée du judaïsme marocain. Un musée qui a retenu l’attention de bien des Marocains vivant dans l’Hexagone et attachés à cette double culture. Ne reniant ni leur pays d’origine ni celui d’accueil…

Parmi les représentants de l’événement, Serge Berdugo, ambassadeur itinérant de SM le Roi et secrétaire général du Conseil des communautés juives du Maroc, représente aussi l’homme incontournable du moment. D’autres représentants de la communauté juive des instances françaises fédèrent les journées pour démontrer les liens et l’histoire inaliénable entre les deux peuples. La projection du film «Adieu mères» du producteur Mohamed Ismail a su attendrir la salle, sans compter les tables rondes programmées pour ne citer que celle animée par Joseph Chetrit, professeur à l’Université de Haifa, sous le thème : «Mon enfance juive au Maroc…»
L’universitaire rappelle dans son discours que «des juifs originaires du Maroc se sont installés un peu partout dans le monde : à New York et Los Angeles, à Madrid et Barcelone, à Paris et Marseille, à Buenos Aires et Montevideo et même dans des endroits lointains nommés Johannesburg, Melbourne, Hong Kong ou Lima. Ils se sont aussi installés dans les villes anciennes ou modernes de la terre d’Israël.

Partout, ils ont commencé une vie nouvelle mais ils ont gardé le souvenir de leur enfance juive au pays natal, se rappelant les grandes synagogues de Casablanca et Rabat, les pèlerinages sur les tombes des saints rabbins, les étroites ruelles du mellah de Fès ou de Meknès, les grandes avenues de Rabat ou les belles promenades de Tanger et toujours avec émotion leur enfance scolaire dans une école juive ou celle de la mission française mais aussi les tensions et les tragédies qui ont précédé leur départ de leurs anciennes demeures».

Un préambule qui en dit long sur les liens entre les Marocains musulmans et les Marocains de confession juive qui ont vécu, ensemble, sans anicroche aucune. Il faut dire que le Maroc est le seul pays du monde arabe à avoir une attitude particulière face à la composante hébraïque de son identité nationale. Et c’est bien à ce titre que Chakib Benmoussa, ambassadeur du Maroc en France, a insisté sur le fait que «la communauté juive présente au Maroc ou celle d’origine marocaine perpétue un judaïsme enraciné dans le paysage marocain depuis plus de 2.000 ans.

Elle fait partie intégrante de la culture nationale. Cette réalité a été confortée par le fait qu’il a toujours existé au plus haut niveau de l’Etat une forte volonté politique de protéger cette communauté et de promouvoir sa culture».   

Les faits historiques sont là. Déjà sous l’ère de feu SM Mohammed V, son refus d’appliquer la législation sur les juifs du gouvernement de Vichy et sa résistance aux lois racistes de Vichy au moment où l’Europe était sous le joug du nazisme le démontre aisément.

«Nous retrouvons une même continuité et une volonté de protéger la communauté juive et de renforcer le dialogue interreligieux chez feu Sa Majesté le Roi Hassan II», poursuit l’ambassadeur marocain.

Sous l’ère de SM le Roi Mohammed VI, son discours de 2012 est clair : «Ma lecture de l’holocauste et celle de mon peuple ne sont pas celles de l’amnésie. Notre lecture est celle d’une blessure mémorielle que nous savons inscrite dans l’un des chapitres les plus douloureux dans le Panthéon du patrimoine universel».

Des mots soulignés, à l’occasion, par le diplomate marocain, qui ont tous leur profondeur et qui rappellent, entre autre, l’attention particulière à la préservation des synagogues… L’appel de la plus Haute Autorité pour la restauration des temples juifs des différentes villes du Royaume revêt aussi une forte symbolique.   

Le dialogue entre les cultures étant la clé de voûte d’une intelligence et ce, à tous les niveaux.
D’ailleurs, le conseiller du Souverain, André Azoulay, en sa qualité également de président de la Fondation Anna Lindh, ne manquera pas de faire remarquer lors de la conférence internationale sur le dialogue des cultures et des religions qui s’est tenue à Fès en septembre dernier que «le Maroc vit sa diversité et son pluralisme dans le consensus national, ce qui est un atout majeur pour la communauté des nations en quête de repère».   

L’initiative des étudiants de l’Université Al Akhawayn qui a conduit à créer une association baptisée le Mimouna Club depuis 2007 est également une preuve que les deux cultures sont liées à travers la patrie. Les actions déclinées sous forme de caravanes dans les principales villes du pays visent, par le biais d’expositions, de conférences-débats et animations musicales, à promouvoir le patrimoine judéo-marocain. La dernière a sillonné le pays en février dernier. Elle devra se prolonger durant ce printemps, prévoyant parmi les escales les villes de Rabat, Marrakech et Essaouira.

La modernité ne pouvant se développer qu’à travers l’acceptation de tous quelle que soit la religion. Au Maroc, cette volonté est fédérée par la plus Haute Autorité au-delà des orientations politiques du gouvernement. La démarche demeurant souveraine.

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