Culture

Didane charge les producteurs

© D.R

ALM : L’année 2004 s’annonce très chargée. Vous serez présents sur tous les fronts : cinéma, théâtre et télévision. Comment comptez-vous y arriver ?
Abdellah Didane : L’année 2004 se déroulera sous le signe de la diversité. Au théâtre tout d’abord, je serai en tournée avec deux troupes marocaines. La première est la troupe de Tansift avec la pièce «Harraz Aouicha» alors que la seconde est la troupe «Founoun» avec «Ma Aandi Saad». Pour ce qui est du cinéma, je participe au dernier film de Noureddine Lakhmari intitulé « Le Retour », dont le tournage est terminé et dont la sortie est prévue pour le mois de mars 2004. Quant à la télévision, je tourne actuellement une sitcom avec l’actrice Samia Akariou, qui s’apparente à la très célèbre «Un gars et une fille» puisqu’elle raconte l’histoire d’un jeune couple confronté à la vie de tous les jours. C’est en effet un planning très chargé pour l’année prochaine. Mais vous savez, au-delà de la valeur matérielle de mon travail, que ce soit sur les planches ou devant les caméras de cinéma ou de télévision, c’est cette touche de diversifier les rôles et les supports qui est très intéressante pour moi.
Vous avez toujours tenu à diversifier vos activités et vos rôles. Ne pensez-vous pas être passé à côté de plusieurs occasions de confirmer votre talent dans une seule catégorie de rôles ?
Mon expérience artistique est certes très modeste, mais elle m’a permis d’expérimenter beaucoup de choses. Le fait d’être présent sur tous les fronts ne peut qu’être bénéfique à tout artiste. Personnellement, j’ai eu la chance de faire du théâtre, du cinéma et de la télévision. J’ai participé à plusieurs productions et j’ai tenu le plus possible à diversifier les rôles que je tiens. J’ai fait le salaud, le méchant comme j’ai fait le gentil et le généreux. Lors du dernier feuilleton télévisé, « Chajrat Azzaouia », diffusé tout au long du mois de Ramadan sur la première chaîne nationale, j’ai tenu le rôle d’un résistant, et c’était une nouveauté dans mon parcours d’acteur. Cela dit, j’estime sincèrement ne pas avoir eu une véritable occasion de montrer tout ce dont je suis capable. Les rôles qui m’ont été offerts jusqu’à présent étaient bons, mais sans plus. Chaque acteur ou comédien connaît les limites de ses capacités, et je peux vous assurer que je suis loin de les avoir entièrement exploitées. Je ne suis pas le seul à sentir cette frustration. Nombreux sont les acteurs et comédiens de ma génération à qui l’occasion ne s’est toujours pas présentée pour se donner à fond.
Quelles sont les causes de cette situation ?
Personnellement, je pense que les causes sont à imputer directement aux réalisateurs et producteurs qui ne font pas suffisamment confiance aux jeunes générations. Ceux de nous qui ont eu le chance de tourner avec un réalisateur se trouvent dans l’obligation de travailler avec la même personne à plusieurs reprises. Il ne faut pas oublier qu’un acteur est avant tout un être humain qui doit subvenir aux besoins de sa famille.
Vous blâmez les réalisateurs et les producteurs mais les acteurs n’ont-ils pas également leur part de responsabilité ?
Non, et cela pour une raison toute simple. La situation actuelle de la production cinématographique et télévisuelle est préjudiciable à l’acteur. D’abord d’un point de vue artistique puisqu’il est obligé de se répéter et de mettre en veilleuse l’ambition de faire évoluer son art. Il est par la suite confronté au jugement du public qui ne rend responsable que les acteurs quant à la médiocrité de l’oeuvre. Comment voulez-vous que ce dernier contribue au maintien du statu quo? J’irais même plus loin en affirmant que la valeur d’un comédien ou d’un acteur se perd de plus en plus. Pour illustrer ce que j’avance, je reviendrais sur le feuilleton ramadanien de la TVM. Mon salaire était beaucoup plus élevé que celui de Habiba Madkouri, et ce en dépit du fait que je n’ai tourné que 27 épisodes alors que cette comédienne a pris part à la totalité du feuilleton. En outre, son rôle avait plus d’importance dans le scénario. N’est-ce pas dommage qu’une grande dame du cinéma national, en arriver là.
Comment pouvons-nous changer cette situation ?
Par un contrôle plus sévère des budgets alloués à ces productions. Un argent qui, ne l’oublions pas, est celui du contribuable. J’ai participé à une oeuvre dont le producteur a pu mettre de côté la coquette somme d’un million 500 milles dirhams, qu’il aurait pu investir pour l’amélioration de la qualité technique de la production. Son niveau s’en est d’ailleurs terriblement ressenti. En visionnant le produit final, les acteurs ont eu une grande surprise puisqu’ils n’ont même pas retrouvé ce qu’ils avaient tourné. Et le public n’est pas dupe. Ce n’est pas pour rien qu’il se tourne vers un produit étranger meilleur techniquement et artistiquement.

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