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Driss Karimi «Je suis invité d’honneur dans Salamat Abou Lbanat»

© D.R

Entretien avec Driss Karimi, acteur et marionnettiste marocain

Driss Karimi, alias Ammi Driss, est fort apprécié par plusieurs générations. Il est connu pour son art de la marionnette. Il organise une tournée dans les quatre coins du Maroc pour animer des pièces de théâtre destinées aux enfants. L’artiste, qui en explique les dessous, s’exprime également sur sa participation à la nouvelle série ramadanesque «Salamat Abou Lbanat».

 

ALM : Vous vous affichez en ce mois sacré dans la série «Salamat Abou Lbanat», diffusée sur MBC 5. Pourriez-vous nous en dévoiler les dessous ?

Driss Karimi : Je suis invité d’honneur à cette nouvelle œuvre dont le tournage n’est pas encore terminé pour cause de Corona. Quand la pandémie a été déclarée, il fallait vraiment arrêter par précaution. Par l’occasion, je participe à la série «Kadiat El Omr». J’y interprète le rôle d’un criminel incarcéré en prison.

Le public, enfant et adulte, vous a connu à travers vos marionnettes animées à la télévision. Pourquoi vous ne vous y produisez plus dans cette peau?

A vrai dire, ce n’est pas par paresse que j’ai arrêté. En fait, je n’ai plus le souffle pour les émissions. C’est pour cela que je préfère le théâtre pour enfants. Dans ma tournée, je me rends dans les villes voire à des villages lointains dans le milieu rural. Par l’occasion, j’ai déjà souffert pour être payé dans certaines œuvres télévisées. C’est pourquoi j’opte pour le théâtre, la scène et le message éducatif en direct et je compte y rester.

Quand vous n’êtes pas acteur, vous êtes marionnettiste. Mais que faites-vous entre-temps ?

Il m’arrive d’attendre longtemps pour décrocher un rôle dans une série. A mon âge de 73 ans que je viens de fêter le 16 avril, quand on a besoin du personnage de grand-père ou de vieux, on fait appel à moi. En tout cas, j’accepte tout rôle qui me convient. Autrement, je consacre mon temps au théâtre de l’enfant. Le ministère de la culture me soutient, plusieurs fois, pour poursuivre ma tournée pédagogique.

Pour certains artistes, Corona est inspirante. Avez-vous créé, à ce propos, une œuvre destinée aux petits et grands ?

A mon sens, les enfants sont intelligents. Ils ont compris tout comme les grands cette pandémie dont j’espère la fin pour bientôt. Par contre, je préfère toujours parler, en marionnettes ou théâtre, de préservation de l’environnement avec humour. Pour rappel, mon spectacle s’intitule «L’environnement, c’est notre vie». Depuis les années 70, je dédie des œuvres pour enfants qui ont des rapports étroits avec toutes les tranches de la société. J’animais aussi une émission destinée à toute la famille. Pour l’heure, je véhicule, sur les planches, des messages éducatifs auprès des enfants à travers des marionnettes dont l’humour est osé.

Pourriez-vous nous expliquer comment vous animez vos pièces de théâtre?

Par exemple, je peux parler du respect du voisin en recourant à l’humour. Dans le même sujet, je peux prendre un ton sérieux. Je parle aussi des valeurs morales et de la tolérance. Tantôt je recours aux marionnettes, tantôt aux contes. Pour le personnage du conteur, j’ai une tenue spéciale que je porte à cet effet. Je commence toujours mes contes par «Kan Ya ma kan» (Il était une fois) tout en m’adaptant aux temps actuels que j’aborde sans langue de bois en parlant du réchauffement de la planète. Je change aussi de voix en évitant de me glisser dans la peau du clown. L’enfant étant pour moi un récepteur innocent. C’est comme une page blanche. Donc je respecte ses capacités d’assimilation. Il m’arrive également de programmer une compétition poétique.

Est-ce que l’art de la marionnette fait vivre au Maroc?

C’est mon gagne-pain. Je me produis, pendant une heure et demie, dans des centres culturels ou au Théâtre Mohammed V à Rabat. Même si les rentrées d’argent ne sont pas énormes et que je n’ai pas de retraite ou de revenu mensuel fixe, je préfère continuer à sensibiliser les enfants. Si je ne monte pas sur scène au moins une fois par mois, cela me rend malade. Maintenant que nous sommes en confinement auquel je me plie strictement, j’accepte les choses. Pour répondre à votre question, je préfère ne pas me plaindre. Je vis plus ou moins et relativement bien. A mon sens, le théâtre pour enfants est un don. J’y continuerai jusqu’à la mort soit sur la scène, soit chez moi avec mes enfants.

Mais vos tournées sont fatigantes pour une personne de votre âge… !

Oui, c’est fatigant et coûteux puisque je me déplace, au départ de Tanger, par train et autocar. Quand même, il y a une affluence pour mes spectacles qui respectent le pouvoir d’achat des parents. Bien que le ministère de la culture m’alloue un modeste cachet pour mes spectacles, la valeur ajoutée réside en achat de tickets.

Comment assurer la pérennité de votre art ?

J’ai trois filles et un garçon, ils ont tous les quatre travaillé avec moi quand ils étaient petits. Ils ont joué tous les rôles. Mais ils ont grandi, notamment une fille qui a un doctorat en biologie, maintenant elle n’a plus le temps pour jouer avec moi aux marionnettes. Pour l’heure, ils se sont tous mariés et ont des enfants. Et surtout ils ont vu comment j’ai souffert en présentant mes spectacles artistiques, c’est pour cela qu’ils ne veulent pas suivre ma voie qui est très pénible. Quant à moi, j’ai toujours pris mon mal en patience. En tout cas, il se peut qu’un jour un jeune talent en marionnettes voie le jour et remplace l’Oncle Driss ou Ammi Driss.

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