Culture

Eclectisme et valeur intrinsèque

© D.R

La qualité des films en compétition officielle se confirme. Trois longs-métrages projetés le lundi ont montré un cinéma éclectique. Le premier est bosniaque. « Au feu » du réalisateur Pjer Zalica relate le quotidien d’une ville en Bosnie-Herzégovine, deux ans après la guerre qui a ensanglanté les Balkans. A l’annonce de la visite du président américain Bill Clinton, le maire de Tesnaj met un terme au trafic de prostituées, de whisky, de cigarettes pour donner une image paisible de sa petite ville. Mais il fallait faire bien plus. Puisque les émissaires américains étaient présents pour une mission civilisatrice, le simulacre d’une entente avec les voisins serbes devenait nécessaire. Et c’est ainsi que des pompiers musulmans et serbes se sont serrés la main pour affronter ensemble le feu, et éteindre métaphoriquement la poudre qui a embrasé les Balkans. Les personnages jouent la comédie devant les Américains dans un style que seuls les écrivains et réalisateurs des Balkans peuvent réaliser. Au milieu d’une tragédie innommable, le burlesque fait un pied de nez au sérieux de la vie, et renvoie tout au néant. C’est sans doute le sens de ce film, saisissant, poignant, drôle par moments, mais qui se termine avec une scène sincère. La seule dans tout le film. Quant à la mascarade du maire et des officiels de la ville, elle n’a servi à rien, puisque les fantômes sont des êtres de chair là-bas. On connaissait Emir Kusturica, on doit retenir le nom d’un autre grand cinéaste de l’ex-Yougoslavie, Pjer Zalica. Le cinéaste japonais Takeshi Kitano est pour sa part très connu des cinéphiles. Son long-métrage «Zatoichi», concentre tout ce qui séduit dans le cinéma japonais. L’attrait pour l’Histoire, les Samouraïs et la dextérité dans l’usage du sabre. Dans des paysages magnifiques, des hommes se livrent à des combats, dont l’extrême violence n’enlève rien à la beauté des chorégraphies. Les giclées de sang, les entailles profondes sont montrées parfois au ralenti, comme pour souligner encore plus la picturalité des scènes. Le tout avec une maîtrise et une grâce qui rendent incomparable le cinéma japonais. La densité de la musique et la magnificence des costumes de ce film, peuvent valoir, à elles seules, des louanges à n’importe quel long-métrage. L’histoire de « Zatoichi » se déroule au 19 ème et elle est fondée sur la dichotomie du bien et du mal. Un vieux masseur aveugle, redoutable dans l’art de se servir d’un sabre, met en pièce une bande de crime organisée. L’histoire de ce film est peu originale et la narration n’est pas construite de façon à tenir en haleine les spectateurs. Pourtant, ils regardent de tous leurs yeux « Zatoichi », parce que chaque détail est si riche cinématographiquement qu’il n’y a même pas besoin d’avoir une histoire. D’une histoire, il est également peu question dans « Hysterical blindness » (littéralement cécité hystérique) de l’Indienne Mira Nair, réalisatrice de « Salaam Bombay ». Elle a rassemblé un trio de rêve dans ce film, la grande Gena Rowlands, Uma Thurman, l’actrice fétiche de Quentin Tarrentino, et Juliette Lewis . La qualité de leur jeu est la principale caractéristique de ce film, dévoué à la psychologie féminine et à ses tribulations dans la relation avec l’homme. Du point de vue des gestes coquets d’une femme, de l’apparat pour séduire un homme, ce film dispense une grande instruction. Debby, interprétée par Uma Thurman, s’accroche désespérément à un homme qui ne veut pas d’elle. Son amie Beth (Juliette Lewis) fréquente un bar enfumé dans l’espoir de trouver un homme qui dissipera les nuages qui pèsent sur sa vie. Virginia (Gena Rowlands) vit de son côté une idylle amoureuse avec un sexagénaire. Les trois femmes seront confrontées à la séparation avec les hommes de leur rêve, sans que cela ne leur enlève le bonheur de vivre.

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