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Manu Chao : Clandestino
Que ce soit avec la Mano Negra, dont il fut le leader charismatique, ou seul dans la "clandestinité", Manu Chao n’a jamais raté son coup. Donc, après avoir dirigé le groupe emblématique du rock alternatif des années 80 en France, Manu Chao disparut. Il préparait en secret cette bombe mélodique qu’est Clandestino. Ce premier album solo, qui se concentre sur le penchant naturel (latin) de Chao devient vite obsessionnel. Chaque chanson, bâtie sur un modèle presque enfantin, rudimentaire, tourne instantanément à l’idée fixe. On enregistre à la première écoute. Les suivantes deviennent inévitables, obligatoires. Manu Chao semble avoir voulu garder la fleur de chaque composition, comme on cueille la fleur du sel. La surface. Le meilleur. Le garçon, nomade incurable, y joue de tout, et surtout de sa guitare en bois, et chante les parties vocales dans des harmonies qui bouleversent. Comptines obsédantes ("Clandestino", "Desaparecido") et vagabondages barbouillés de samples et de trucages ("Mentira"), les titres s’enchaînent comme un périple vers un pays familier mais toujours surprenant. Quelques unités, croisés en route, renforcent cette image, de la voix du sous- commandant Marcos à d’anciens de la Mano. En espagnol surtout, et un peu en anglais et en français, le Clandestino est partout chez lui.


Bebel Gilberto : deuxieme album
Une voix douce comme une brise d’été. Des tempos en forme de gros câlins. Des orchestrations de vapeur, de brouillard, et de ces claviers et percussions qui vous font chavirer. Voilà Bebel Gilberto, souveraine au pays de la nouvelle bossa nova, celle qui flirte autour des rythmiques électroniques avec insolence ("River Song"). Et c’est bien la bande-son parfaite pour notre temps de confusion que nous délivre une artiste peu soucieuse des canons qui font du bruit, et de ceux qui prétendent indiquer le bon chemin Avec des plages comme "Every Day You’ve Been Away", la fille de Joào Gilberto a décidé qu’une guitare suffirait pour accomplir sa tâche paisible. Une seconde voix tranquille la rejoint du bout des lèvres, et un ange passe. Il poursuit sa course dans notre périmètre intérieur, se suspend à nos rêves et nous entraîne en apesanteur tout en frôlements et en suggestions ("Jabuticaba"). Une clochette tinte, un autre souffle chaud qui monte de la mer turquoise, le tableau est complet quand, dans, "Céu Distante", Bebel décide de chanter tout en soupirs. Ce deuxième album de l’héritière de l’un des plus grands musiciens brésiliens fera la fierté de son géniteur.


Estrella Morente : Mi cante y un poema
Tel père, telle fille. À tout juste vingt ans, Estrella Morente offre déjà toute la force d’interprétation que nécessite l’art flamenco. À l’image d’Enrique, son cantaor de père, qui a adopté pour ce premier album une sélection de 14 chansons traditionnelles du répertoire. La jeune femme, elle, a travaillé également sur ces pièces bouleversantes, sevillanas, alegrias, bulerías et tangos. Elle a même composé "For Pastora", une sévillane toute en retenue, qui constitue le "poem" du titre. On s’interroge cependant sur la langue anglaise présente sur toutes les notes de pochette, jusqu’aux titres des chansons. Alors que, naturellement, l’Andalouse ne chante qu’en espagnol. Curieux procédé commercial qui dessert la forme de l’œuvre en voulant en expliciter le fond. Un fond indiscutable, qui réunit Pépé et Juan Habichuela, Alfredo Lagos ou Manolo Sanlúcar, pour ne citer que ceux-là parmi les plus fins guitaristes au sud du Guadalquivir. Le timbre voilé d’Estrella monte des notes de feu dans "At The Top Of The Cerro De Palomares", et répond au "Jaleo" (le ramdam flamenco) dans "Pilgrims". En dehors de cette faute de goût des producteurs – l’auditeur s’amusera donc à traduire les titres en espagnol, s’il sait… – ces chansons apportent un bonheur et un plaisir durable.


I Muvrini : Umani
Dans cet album du plus populaire des groupes corses, on croisera un rocker poète suisse, un rappeur lettré, et deux Afghanes. Depuis longtemps la maison d’I Muvrini est ouverte au monde. Et les portes de ce Umani laissent entrer l’humanité tout entière. Alors les compagnons de route deviennent Stephan Eicher, qui vient chanter les mots français du paisible "Un sognu pè campà / Un rêve pour vivre", ou MC Solaar qui, soutenu par les voix de Zarina et Marina Fazel, raconte l’histoire de "Jalálábád". Puis ce sont les voix des hommes des montagnes. Au gré des plages, inspiration et arrangements s’évadent vers d’improbables rencontres. Comme lorsque le Français, le Corse, le Breton, l’Occitan, le Basque et le Catalan conversent sur " Erein eta joan Je sème et je m’en vais ", tandis que la musique coule, limpide comme une aube méditerranéenne. C’est un autre tempo, inéluctable, qui va porter "È u Tempo và", avec ces voix nobles pour ouvrir "le grand livre des paysans". L’accordéon accompagne la complainte avec les claviers et la guitare pour complices de "Baià", qui avance comme une brume. Là, c’est l’Algérie de 1962, et le trajet depuis le bled jusqu’à l’île. Déchirante chanson, tendre et belle. Comme cet album à la profondeur infinie.

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