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Oxmo Puccino : l’amour est mort
Oxmo "Black Mafioso" Puccino revient sur le devant de la scène avec la sortie de ce nouvel album curieusement intitulé «L’amour est mort». Déçu, profondément déçu par son monde, il s’y met à nu en livrant ses émotions brutalement et sans aucune fioritures, écorchant au passage ses adversaires avec le vocabulaire peaufiné qu’on lui connaît, et confirmant du même coup sa capacité à flamber les modes pour imposer son style. Une furieuse mélancolie portée par le flow gluant et lymphatique d’Oxmo s’immisce en nous à l’écoute de cet album, dressant pour nos oreilles un portrait au vitriol des enfants de la société de l’an 2000. Passant haut la main l’examen du toujours difficile second album, autant au niveau du son que du phrasé et des thèmes abordés, il parvient à inscrire cet opus dans la continuité du précédent Opéra Puccino, tout en poussant le style plus loin, notamment avec la présence de ces phases mi-chantées, mi-rappées ("Le Laid"), ainsi qu’un jeu sur les sonorités poussé à l’extrême sur "Balance la sosse", pour lequel il enchaîne rime sur rime, ne laissant pas une seconde de répit à qui cherche à décrypter ses paroles. Dans ses textes, Oxmo passe sa vie au crible de son flow vengeur, et comme pour exorciser définitivement une jeunesse sur laquelle il porte un regard déçu, dévoile sa nostalgie, contrairement à nombre de rappeurs qui se gardent bien de ce type d’incursions dans des domaines un peu sensibles.

The Strockes : Room on Fire
On aurait vraiment tort de bouder son plaisir simplement parce que ce disque aura été l’un des plus attendus de 2003. Et si vous aviez fondu pour son prédécesseur, «Room On Fire aura» tout autant raison de vous. Les Strokes ont trouvé leur langage, qui ne tient pas à une de leurs composantes. Le rock urbain et élégant du groupe new-yorkais avance avec un sens du tempo total. Les lignes de la basse montent chercher les plans des guitares, et la tension suit ("12 :51", "You Talk Too Much"), tandis que les chansons se ramassent autour de l’idée essentielle. Courtes, directes, solidement électriques ("The Way It Is"), elles laissent à l’occasion le temps d’un jet de notes aux deux responsables des six-cordes. Sinon, ces deux guitares, véritable double colonne vertébrale des compositions de Julian Casablancas, effectuent un travail rythmique de premier plan. On peut le comparer à juste titre à celui de Lloyd et Verlaine dans feu «Television», également de New York City ("Under Control"). La production de Gordon Raphael évite les pièges de la puissance sourde, et il donne notamment aux fûts de Fabrizio Moretti une efficacité sèche et élastique. Le type d’album de vrai rock’n’roll que l’on écoutera encore longtemps.

U2 : Under a blood red sky
Les fans de U2 sont divisés en deux clans distincts. Celui de ceux qui préfèrent leurs premiers albums (Les gens sensibles) et celui de ceux qui considèrent que tout ce qui a été écrit avant 1990 n’est que du rock classique. En fait, U2 est devenu un groupe de rock classique dès 1984, à la sortie de «The Unforgettable Fire». Les titres réellement anciens, c’est-à-dire ceux parus entre 80 et 83 sont encore plus virulents mais trop peu connus. En voici un échantillon : «Under a Blood Red Sky» a été enregistré lors de la tournée américaine de 1983 et les titres sélectionnés (plutôt judicieusement) sont extraits de leurs trois premiers albums. A l’époque, U2 se considérait comme un petit groupe affamé venant d’Irlande. Le seul reproche à faire à cet album est qu’il pourrait être plus long.

Lââm : Une vie ne suffit pas
Ne vous méprenez pas, ce n’est pas parce qu’on n’aime pas son album qu’on n’a aucune estime pour un artiste. Il se trouve que le dernier album de Lââm nous semble une grave erreur de parcours. À l’instar de nombreux rappeurs qui y ont trouvé leur perte, Laam s’est embourgeoisée. Comme tous ceux qui ont rêvé aux paillettes et au glamour durant leur enfance et leur adolescence au fond d’une cité ou de la DDASS, elle veut maintenant sa part du gâteau. Elle ne sait pas encore que la réussite sociale ne lui donnera pas le bonheur. Elle risque même de lui coûter sa carrière.
Née le 1er septembre 1972 dans le XIIème arrondissement de Paris, Lââm, de son vrai nom Lamia, est élevée à Montreuil, dans la banlieue parisienne. Son père est originaire de Gafsa en Tunisie. Entourée de six frères et sœurs, elle connaît une enfance difficile. Le manque d’argent, l’alcool et les disputes familiales sont à l’origine de son placement dans un foyer à l’âge de ses 6 ans. Ses parents divorcent lorsqu’elle a 10 ans et son père a eu la garde de ses enfants. Sa mère disparaît de la maison. Elle ne la reverra que deux fois en presque vingt ans. Dès ses 10 ans, Lââm développe une vraie passion pour la chanson et aime par-dessus tout chanter les tubes de ses idoles, de Donna Summer à Claude François.

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