Tool : 10.000 Days
10.000 Days est plus orienté vers la basse, celle-là même qui donne l’âme des morceaux de Tool. Ainsi on touche aux fondements de la musique de ce groupe : les structures labyrinthiques impitoyablement imposées par Chancelo, ponctuées de la batterie épileptique de Carrey, rendant bien souvent à la guitare la tâche de marquer le rythme, rôle qu’elle abandonne de temps à autre dans un long mugissement d’animal pris au piège ou bien dans un solo empli d’une rage maîtrisée. Et au milieu de tout ça, la voix de Maynard Posée, mélodieuse, rocailleuse en fonction des envies du chanteur dont les paroles (qui ne figurent jamais dans le livret) semblent plus faire partie de la musique qu’être un message… ce qui est parfaitement illustré dans le solo de Jambi où la voix et la guitare se mélangent sans qu’on sache vraiment s’il s’agit de l’une ou de l’autre. Tool s’offre le luxe de prendre son temps. Il peut se le permettre. Les fans sont de toute façon hystériques à chaque sortie d’album du groupe. Certains lui vouent un véritable culte. Culte est bien le terme car Tool est l’archétype du groupe talentueux, inventif, inclassable et par essence anti-commercial. 10,000 Days, ou le nombre de jours durant lesquels la mère de Maynard James Keenan, plus qu’un vocaliste, l’âme du groupe, a été paralysé. Ce nouvel album ravira les adeptes, fera chavirer tout le monde. Ceux qui sont émus par une musique seront servis.
REM : The Live in Dublin
REM est le meilleur groupe du rock’n’roll. Un grand plaisir d’écouter un groupe qui ne joue pas une musique dans le sens du bruit. Le tube "Losing My Religion". Un disque qui, en pleine vague grunge et alors que Nirvana cartonne sur scène et au box-office, prend tout le monde à contre-pied. Au rock fait de larsens et de chansons héritées du punk de Sonic Youth et Kurt Cobain, R.E.M. répond par de somptueuses ballades fidèles à ce qui fit le succès du groupe sur les campus américains. Leur folk de chambre intellectuel hérité des Byrds fourmille de références littéraires étranges sans être hermétique. Bien que multiplatiné et multimillionnaire, le succès n’est jamais monté à la tête de R.E.M. qui, avec une désarmante constance dans la qualité jamais démentie au fil des ans, sait aussi être où on ne l’attend pas. A écouter les yeux fermés et la tête dans les étoiles. Cette façon de jongler entre noirceur et légéreté sans jamais verser dans le mièvre ou le pathos, c’est du grand art.
Madonna : Confessions tour
Madonna dans toute sa splendeur. Certes, Madonna a vieilli, certes elle s’économise en dansant moins mais en retour elle nous offre une qualité vocale que nous n’avions pas dans les shows des années 80 et 90. Il n’y a que les grincheux et les éternels insatisfaits pour trouver à redire à ce show incroyable. C’est un véritable foisonnement visuel qui frise la saturation tant il est dense. On ne sait où donner du regard. Les danseurs sont positivement hallucinants de maîtrise notamment dans "Jump". Il y a des moments de pure poésie comme dans "Isaac" avec un symbole très fort ainsi que dans "Forbbiden love". Des passages qui provoquent, et des messages politiques aussi. Avec "Let it will be" Madonna se livre à un numéro qui laisserait beaucoup de jeunes essoufflés et incapables de chanter! Au lieu de ça elle enchaîne sur "Drowned world" et "Paradise" qu’elle n’a jamais aussi bien interprétés.