Culture

El Mustapha Benali : «Il faut mettre l’intérêt du téléspectateur au premier rang»

© D.R


ALM : Comment l’Association marocaine des droits du téléspectateur évalue-t-elle la programmation de la télévision marocaine en ce mois de Ramadan?

El Mustapha Benali : Comme chaque Ramadan, on peut remarquer une abondance des productions télévisées, diffusées sur les chaînes publiques marocaines. Mais comme chaque année, ces programmes sont, dans leur majorité, la cible de critiques, parfois sévères, de la part des médias, eux mêmes ou du simple citoyen. En effet, le citoyen marocain a développé un sens critique de plus en plus pertinent, ces dernières années, dans son jugement des productions télévisées, surtout durant le mois de Ramadan. Ceci est peut-être dû au concept du contribuant qui cherche avant tout la qualité, lorsqu’il regarde une chaîne publique. Une qualité qui se fait rare sur nos chaînes marocaines. Ce qui est reproché à ces productions c’est le manque d’originalité, les mêmes idées et personnages, et parfois même les décors. Le résultat des émissions se répète malgré les tentatives d’innover, à travers des idées nouvelles mais l’effet reste encore faible. Cela nous mènera à dire que les programmes télévisés sont dans leur majorité loin d’être à la hauteur, et ne réussissent pas à convaincre le téléspectateur marocain qui se trouve obliger de s’exiler.

Comment jugez-vous les sitcoms, les programmes humoristiques et les productions télévisées marocains en ce mois?
La télévision fait partie des distractions préférées des Marocains durant ce mois. Et comme tous les Ramadans, les chaînes de télévision capitalisent sur les sitcoms et autres capsules d’humour. De l’avis général, l’offre importante en terme de quantité reste sans qualité. Les humoristes marocains sont apparemment en panne d’idées. C’est vrai, le rire est relatif. En effet, il y en a qui peuvent faire rire rien qu’en changeant la lettre d’un mot ou faire des grimaces. Mais pour faire rire d’autres, cela nécessite quelque chose de haute qualité. Malheureusement les sitcoms de cette année sont pauvres, et ont tendance à tomber dans le ridicule. C’est pourquoi les critiques émises par le public sont sans équivoque et de nombreuses sitcoms semblent provoquer un phénomène rapide de «zapping».

Q’en est-il des campagnes publicitaires massivement diffusées en prime time?
La publicité reste une source importante de financement des chaînes nationales. Cette importance s’accroît encore pendant le mois de Ramadan, qui connaît une hausse remarquable de la valeur des flashs publicitaires diffusés sur la télévision. Ce qui donne à nos chaînes nationales d’accroître leurs gains et faire plus de profit. Mais on remarque que la grille des programmes des chaînes publiques cède face au désir du gain, ce qui nous mène à une situation où la publicité domine, avec des passages massifs, notamment en prime time. Même si cela procure aux chaînes un revenu supplémentaire très important, il influe négativement sur la programmation.

Le fort taux d’audience de certaines chaînes nationales signifie-t-il pour autant qu’il y a de la qualité ?

Pourquoi se soucier de la qualité quand, par la force du Ftour, les chaînes publiques rassemblent un taux d’audience très élevé. Qui est fort bien rentabilisé par les publicités agressives. La plage horaire réservée à cet effet s’accompagne d’un véritable déluge de publicité. Sachant que ces chaînes sont publiques, il faut mettre l’intérêt du téléspectateur au premier rang, et non pas le profit. Ce qui imposerait une révision des grilles des programmes des chaînes publiques, envahit par les longues séquences de publicité et grignote du temps censé être réservé aux émissions. Une telle révision reste tout de même difficile à réaliser, puisque les chaînes sont liées par contrats avec les sociétés qui imposent leurs propres conditions, comme la diffusion de certaines émissions, dans des périodes précises, d’une façon à ce qu’elle serve l’intérêt de la société qui diffuse sa publicité.

Qu’en est-il des séries mexicaines et turques programmées?

Les séries mexicaines, et plus tard les séries turques, ont pu s’imposer dans la programmation de nos chaînes nationales. Un phénomène qui peut s’expliquer par beaucoup de chose.
Cette catégorie de programmes a pu gagner la confiance d’un large public, notamment parmi les femmes. Mais malgré ce succès, le contenu de ces séries reste fort contestable.  Un contenu qu’on peut même traiter «d’hostile». Certes, le téléspectateur marocain a droit au choix de programmes appropriés représentant la diversité de toutes les cultures du monde, afin d’éveiller son imaginaire. Le problème est que la plus-value culturelle n’est pas garantie par ces séries diffusées. Il y en a même qui porte atteinte au respect de l’identité culturelle du téléspectateur marocain.

Articles similaires

Culture

«Disciples Escoffier Maroc» : Un rendez-vous gastronomique à Rabat

Organisé autour de la transmission à travers les femmes

Culture

Franc succès de lA COLLECTION des bijoux berbères du Palais Royal à Doha

Présentée dans le cadre de «L’année culturelle Qatar-Maroc 2024»

Culture

La 53ème édition du FNAP du 4 au 8 juillet 2024: Les arts populaires en fête à Marrakech

Sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la...

Culture

Prévues du 23 au 26 avril 2024 à Casablanca et Rabat : Les «Nuits du film saoudien» s’invitent au Maroc

La Commission saoudienne du film lance les «Nuits du film saoudien» au...