Culture

Entretien avec Mohamed Saidi : La chasse, tout un arsenal logistique

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ALM : Quelles sont les espèces qui font l’objet de la chasse au Maroc ?

Mohamed Saidi : La chasse porte sur les espèces d’animaux sauvages dont les populations sont suffisamment abondantes pour une valorisation cynégétique durable. On distingue au Maroc une quarantaine d’espèces classées gibiers, regroupées en quatre grandes catégories : le petit gibier sédentaire dont principalement la perdrix, le lièvre, le lapin, le grand gibier qui renferme le sanglier ; seule espèce du grand gibier autorisée à la chasse, le gibier migrateur terrestre tel que les espèces de tourterelles et la caille et finalement le gibier d’eau qui regroupe, entre autres, les canards, les sarcelles et les bécassines. La liste de ces espèces est fixée par l’arrêté annuel de la chasse.
 
Comment l’exercice de la chasse est-il organisé sur le terrain ? Existe-t-il une cartographie des territoires de chasse et celle des espaces où la chasse est interdite ? Comment les chasseurs peuvent-il reconnaître ces endroits ?

Oui, il existe une organisation spatiale de la chasse. En effet, il y a des territoires où la chasse est autorisée et d’autres où la chasse est interdite, soit d’une manière permanente (zones habitées, réserves biologiques…), ou des réserves périodiques où la chasse est interdite pendant une période bien définie pour permettre au gibier de se reconstituer. Il y a également des territoires où le droit de chasse est loué aux associations de chasseurs ou aux organisateurs de chasse touristique, c’est ce qu’on appelle «les amodiations de chasse».
La situation et la description des limites des territoires mis en réserve sont publiées dans le site web du Haut- Commissariat et celui de la Fédération royale marocaine de chasse. Les réserves et les amodiations de chasse sont également indiquées sur le terrain par des plaques signalétiques. Ces plaques sont, systématiquement, vérifiées et remplacées à l’occasion de la préparation de l’ouverture de la chasse par les agents du Haut-Commissariat et des représentants des bureaux régionaux de la Fédération royale marocaine de chasse.
 
Quels sont les documents exigés pour pratiquer la chasse et à combien s’élèvent les taxes exigées, et à quelle rubrique sont-elles affectées ?

Pour exercer la chasse, le chasseur doit disposer de cinq documents : le permis de port d’arme (200 DH), le permis de chasse (300 DH) avec paiement d’une taxe pour les collectivités locales (600 DH). Ces deux documents sont délivrés par les autorités provinciales. La licence de chasse du gibier sédentaire et/ou du gibier migrateur (150 DH/licence) est, quant à elle, délivrée par le Haut-Commissariat aux eaux et forêts. Le chasseur doit également adhérer à la Fédération royale marocaine de chasse pour un coût de 100 DH. La couverture d’assurance couvrant la responsabilité civile du chasseur pour les accidents causés involontairement au tiers s’élève à près de 100 DH. Le prix des licences de chasse et 100 DH du prix du permis de chasse sont versés au «fonds de la chasse et de la pêche continentale». Les recettes du fonds de la chasse, qui s’élèvent cette saison à 34 millions de dirhams, sont réutilisées dans la réalisation d’actions d’aménagements cynégétiques et de développement de la faune sauvage, l’équipement des unités de gestion et l’appui à la Fédération royale marocaine de chasse pour le financement des actions en rapport avec la chasse.
 
Quelles sont les mesures prises pour lutter contre le braconnage?

La lutte contre le braconnage constitue un des axes les plus importants de la politique du Haut-Commissariat en matière de développement du secteur cynégétique. L’action du Haut-Commissariat, dans ce domaine, passe par trois niveaux. Le premier repose sur la sensibilisation à travers l’organisation de journées en partenariat avec la Fédération royale marocaine de chasse sur toutes les régions du Maroc. C’est le cas des journées organisées, au cours du mois de septembre, à l’occasion de la préparation de l’ouverture de la saison de la chasse. Le  second niveau consiste en l’implication des chasseurs dans la lutte contre le braconnage à travers la politique d’amodiation du droit de chasse. En fait, les associations de chasse recrutent des gardiens et proposent la nomination de gardes particuliers assermentés pour surveiller leur lot de chasse. Enfin, la répression est gérée par les agents verbalisateurs, principalement du Haut-Commissariat aux eaux et forêts ou  par les gardes fédéraux choisis parmi les chasseurs.
 
Quel est le nombre de chasseurs au Maroc et comment évaluez-vous l’évolution de cette activité ?

Pour évaluer l’activité de la chasse, il faut se baser sur des indicateurs objectifs et quantifiables. Tous ces indicateurs sont en évolution positive. En effet, le nombre de contrats d’amodiation du droit de chasse est passé de 443 en 2003, à plus de 696 en 2013. Le nombre de chasseurs est passé de 40.000 chasseurs en 2003 à 68.504 en 2013. La superficie objet de l’amodiation du droit de chasse dépasse actuellement les 2 millions de hectares et les recettes de la chasse sont passées de 19 millions de dirhams à 34 millions de dirhams en 2013. Sur le plan socio-économique, la chasse contribue à la création de l’emploi dans le milieu rural avec 2.500 emplois permanents et au développement de l’économie locale et la commercialisation des produits de terroir. De même, les dépenses engendrées actuellement par l’exercice de l’activité de la chasse sont estimées à plus d’un milliard de dirhams à raison d’une dépense moyenne de 15.000 DH par chasseur et par saison de chasse.
Toutefois, afin de consolider les acquis et d’assurer la pérennité de cette activité pour les générations futures, l’ensemble des intervenants, y compris les chasseurs, doivent œuvrer, chacun en ce qui le concerne, pour une utilisation cynégétique durable de cette ressource naturelle.

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