Culture

Entretien : «mon film a été censuré en Italie»

ALM : « Le Réveil » a une touche autobiographique particulière. Il est aussi en noir et blanc. Pourquoi ce choix-là ?
Mohamed Zineddaine : Quand on est sincère, l’on ne peut faire que de l’autobiographique !  Pour les couleurs, je porte un amour particulier pour le noir et le blanc. Vous savez que lorsque l’on mélange toutes les couleurs, on obtient comme résultat final le noir.
C’est dire que dans le blanc et le noir, il y a toutes les couleurs. D’ailleurs, quand vous demandez aux spectateurs de quelle couleur était le film, ils n’arriveront  pas à vous répondre. Dans «Le Réveil», il y a certes le noir et le blanc, mais c’est le jeu sur  l’ombre et la lumiére qui lui donne des couleurs.

Dans la présentation du film projeté dimanche après-midi, des excuses sur la qualité de l’image ont été présentées au public. Pourquoi un tel geste, d’autant plus que c’était l’avant-première de ce film au Maroc ?
Je n’ai présenté aucune excuse ! Mais, c’est bel et bien Abdelkarim Derkaoui, le directeur de photo «Le Réveil» qui s’est excusé au public. Pour moi, dans mon film, tout est choisi. Cette qualité de l’image est donc voulue. J’ai fait ces images pour protester contre ce cinéma obèse.
L’obésité est cette perfection qu’on trouve dans les productions cinématographiques américaines. Elle est cette beauté, ces stéréotypes, ces clichés qu’on nous sert actuellement. Je veux rompre avec cela.

« Le Réveil » est votre premier film où vous avez vraiment mis le paquet. Comment ?
Ce film a été financé par mes propres fonds. J’ai dépensé près de 3 millions de DH pour que «Le Réveil» voie le jour. Je n’ai pas investi cette somme-là dans une maison, par exemple, parce que j’ai un lit. Et cela me suffit. J’ai réalisé ce film d’abord pour mon propre plaisir. Il faut noter que le Centre cinématographique marocain (CCM)  m’a soutenu. Par ailleurs, je me suis consacré durant quatre années pour  «Le Réveil». Vous savez, quand on pense directement au gain il est difficile d’être sincère.

Savez-vous que le Grand Prix de ce festival est de 70.000 DH ?
Ce n’est pas grave. Moi, je veux tous les Prix ! ( rires). J’attends une récompense matérielle, mais qui est aussi morale. J’ai investi mes 3 millions de DH pour l’âme du diable.

Pourquoi votre film est jalonné de phrases très dures qui interpellent le public ?
Dans le film, le personnage principal, campé par le comédien Abdelkader Harrada, est égocentrique.
D’ailleurs, vers la fin il dit que le vrai monde c’est lui ! Et ce n’est finalement que lui. C’est une manière de dire qu’il faut désormais voir les choses d’un néo-œil. Je cite également Jean-Jacques Rousseau. Le héros est à la recherche de la réalité, mais en fin de compte c’est sa propre  vision de la réalité.
 
Le lancement «Le Réveil» a connu des hauts et des bas. De quoi s’agit-il exactement ?
Mon film a été censuré en Italie, en mars 2004. «Le Réveil» a fait un scandale parce qu’il replonge dans l’histoire de l’Allemagne nazie. Les livres d’Histoire relatent tous que le Vatican a servi les juifs sur un plat d’argent aux nazis avec comme condition  d’épargner les chrétiens. Finalement, c’est l’intervention de la cinémathèque de Bologne qui a permis au film «Le Réveil» de voir le jour.

Comment avez-vous trouvé la réaction du public marocain ?
Je n’attendais pas cette réaction sincère de la part du public marocain. J’avais vraiment peur de sa réaction suite à cette avant-première «Le Réveil» au Maroc. A cet effet, je vais citer le célèbre Picasso.
Ce peintre disait qu’à chaque geste de pinceau, il risquait sa vie. Moi, je vais dire qu’à chaque cadrage, je risquais plus que ma vie. J’étais ému. Il y avait de l’adrénaline dans mon sang. Je ne savais pas que le film allait plaire au public marocain, habitué à ces images de plastique et de chewing-gum.

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