Culture

Essayed ne se produira pas à Rabat

© D.R

Un grand concert de musique contemporaine était prévu au Maroc dans le cadre de Rabat, capitale du monde arabe. L’oeuvre d’un célèbre compositeur marocain, rarement jouée au Royaume, était attendue par de nombreux mélomanes. Ahmed Essayed n’a pas choisi n’importe quelle composition, mais une oeuvre fondamentale, qui avait fait sensation en France, lors de sa création en 1977. Il s’agit d’ “Identité”, adapté du poème du Palestinien Mahmoud Darwich “Bitaqat haouia”. L’oeuvre musicale avait à l’époque fait l’objet de pressions de lobbies sionistes, afin d’en censurer l’exécution. Elle avait également été saluée par les critiques, en raison des innovations musicales que son compositeur y a introduites. Tout était fin-prêt pour que cette oeuvre soit jouée le 13 novembre au théâtre Mohammed V à Rabat. Ahmed Essayed a contacté l’orchestre de chambre de la Haute-Savoie. «Cela a été extrêmement difficile ! Son chef d’orchestre, Marck Foster, a modifié la programmation de l’année pour dégager une semaine et venir au Maroc». La mezzo-soprano libanaise Roula Safa avait également accepté de venir. En somme, treize interprètes se sont démenés pour libérer une semaine et venir à Rabat. Ils se sont donnés de la peine pour rien ! Le musicologue Ahmed Aydoun, qui travaille au ministère de la Culture, a appelé, mercredi, Ahmed Essayed pour lui apprendre que son ministre n’a pas paraphé la date du concert. Motif : «les pays arabes n’ont rien envoyé de consistant». À entendre par “consistant”, des musiciens importants. Pourtant, ce même ministère a échangé du courrier avec l’Orchestre de la Haute-Savoie, en vue de préparer le concert. Et c’est à cet établissement qu’il revient d’informer l’orchestre de l’annulation du concert. Interrogé sur les véritables raisons de cette annulation, un responsable au ministère de la Culture nous a confiés sous le couvert de l’anonymat : «je ne suis qu’un exécutant». Quant à Ahmed Essayed, son indignation est à son comble. «Quand un ministère s’engage avec un orchestre international, il ne doit pas prendre ses engagements à la légère. C’est la crédibilité du pays qui est en jeu». Il ajoute : «je suis humilié en tant qu’artiste, mortifié en tant que créateur et scandalisé en tant qu’homme». Il s’étonne particulièrement de “l’irresponsabilité” d’un ministère, censé défendre les expressions artistiques et la dignité des artistes. Il parle même de «défaillance culturelle» dans le pays, et en appelle à la sagesse du philosophe andalou Ibn Hazem pour se calmer. Ce dernier mettait en garde ses disciples contre l’exercice du pouvoir qui corrompait l’esprit.

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