Culture

Exposition universelle Shanghai 2010 : un tourbillon culturel marocain

Après l’atterrissage, l’avion roule environ trente minutes pour arriver à son parking. Une éternité après douze heures de vol. L’avion s’arrête devant le slot 97, celui qui a été dégagé pour lui. Tout est à la démesure dès les premiers pas dans cet univers surdimensionné en cette fin ensoleillée du mois de septembre. Bienvenue à l’aéroport Shanghai-Pudong, la porte de la conurbation chinoise de plus de 20 millions d’habitants ! Le débarquement se fait rapidement, fluide, dans un aéroport gigantesque et flambant neuf. Quelques minutes plus tard et vous êtes happés par la ville. Une mégalopole qui signe d’entrée, et d’une manière explicite, l’autorité actuelle du continent chinois sur le monde. Il est très étonnant pour une délégation de modestes journalistes marocains de débarquer dans une ville-monde, Shanghai, qui pèse démographiquement presque autant que leur pays. Le choc est réel : il faut vite réviser toutes les idées reçues sur la Chine, tous les stéréotypes éculés qui obstruent son image, pour appréhender une réalité inédite. Ahmed Ammor est un cadre supérieur de la RAM. Un financier. Il est connu pour être un homme tranquille et compétent. ll n’a jamais rechigné à s’impliquer dans la vie associative notamment sportive, avec tous ses aléas. Dans un passé récent, en 2008, il a géré en bon père de famille la participation marocaine à une exposition internationale thématique sur l’eau à Saragosse en Espagne. Ce fut un succès. On imagine à peine dans quel état émotionnel, cet ancien dirigeant du Raja, qui a reçu pour mission de SM le Roi — une lourde charge — de rééditer la performance espagnole, a débarqué à Shanghai pour la première fois. Comment donner au Maroc une place honorable, une visibilité respectable, à l’exposition universelle que cette ville abritera en 2010 ? Un défi énorme à la hauteur des défis que cette ville pose à l’imagination des hommes. Les projets marocains n’ont jamais manqué de moyens, —le Souverain a directement donné ce qu’il fallait à Ahmed Ammor pour réussir le challenge — mais ils ont parfois péché par manque de méthode. C’est, justement, sur ce terrain que Shanghai va tirer le maximum des compétences de Ahmed Ammor et il va être au rendez-vous. Et c’est là qu’intervient l’autre larron de la foire. Mustapha Alaoui, un architecte habile qui a lui aussi fait ses preuves à Saragosse et dont le nom sonne comme une appellation d’origine contrôlée. Un certificat de marocanité à qui il ne va tarder à donner corps sur les berges du fleuve Huangpu qui coupe en deux le site de l’exposition universelle. Il a démoulé un cube aveugle sur un terre-plein immense. Il l’a entouré de palmiers. Seule une des façades est enjolivée, verticalement, par un mur d’eau qui coule sur des zelliges multicolores qui reflètent avec un bonheur égal les rayons du soleil ou, le soir venant, ceux plus exigeants, de la lune quand elle est pleine de rêves. Les curieux, s’ils veulent assouvir leur passion, sont sommés de franchir le seuil de ce Riad monumental. Là, ils ont droit à toutes les promesses de la façade silencieuse : le patio, le settouane, la fontaine, la pénombre, les portes, les stucs, les plâtreries, les bois sculptés, les marbres, les plafonds colorés, la terrasse, etc. Le piège marocain se referme sur le visiteur asiatique avec une violence douce. Comme une ivresse inéluctable. Il est pris dans un tourbillon culturel marocain — la magie de la civilisation marocaine — qui le désarçonne : couleurs, zelliges, peaux, senteurs, cuivres, argent, épices, selleries, caftans, bijoux, instruments de musique, timbres; tout concourt à affoler les sens et à perdre les esprits les plus rationnels. L’Orient occidental ferait-il douter enfin l’extrême-Orient flamboyant. C’est à voir. Les Chinois sont des êtres exquis. Ils saisissent les codes du raffinement et apprécient les hôtes sérieux. Aussi, ils font un triomphe au pavillon marocain. Ils repèrent naturellement les densités esthétiques et les profondeurs historiques. Mais pour leur exposition universelle de Shanghai 2010, eux, ils ont choisi de jouer une autre partition. Celle de la puissance et de la modernité. Là où, nous, nous restons tournés vers des questions identitaires et patrimoniales, eux, ils affirment résolument qu’ils sont partie-prenante de l’avenir. La Chine a toujours été une puissance universelle. Avant l’Europe, le Japon ou l’Amérique. Au fil des siècles les historiens de l’économie ne lui reconnaissent que deux siècles, de perdus pour avoir raté la révolution industrielle. Le 19ème et le 20ème. Aujourd’hui, la Chine est de retour pour assumer sa vocation naturelle au leadership en dépit du mépris occidental. Les Chinois le font, ce retour, avec modestie et détermination. Leur pavillon ressemble à un véhicule spatial interplanétaire. Vu du sol, il est posé comme un triangle inversé, le pic vers le bas. D’un rouge vif, il tranche dans l’azur du ciel. On dirait qu’il a déjà décollé. Pour un très long voyage.


Discours de Abdelouahed Radi
«La participation du Maroc à cette exposition universelle constitue un nouveau jalon dans l’édifice des relations sino-marocaines. Adossées à une histoire pluriséculaire commune, celles-ci affichent un bilan éminemment positif dans leur état actuel et laissent profiler des perspectives d’avenir prometteuses», a souligné Abdelouahed Radi, président de la délégation marocaine à l’exposition universelle de Shanghai 2010, lors de la cérémonie officielle de la Journée du Royaume du Maroc. Dans son allocution d’ouverture, M. Radi a relevé la solidité des rapports qu’entretiennent les deux pays, rappelant que ces relations «vieilles de sept siècles, remontent plus précisément au célèbre périple qui conduisit l’illustre globe-trotteur marocain Ibn Batouta jusqu’en Chine, et qui fit découvrir au Maroc, et au-delà, au monde arabe et islamique, ce qu’était, en son temps, la prestigieuse civilisation de ce pays». «La proximité spatiale des pavillons du Maroc et de la Chine et le spectacle qu’elle offre incarnent de manière éclatante les valeurs partagées par nos deux pays», s’est-il félicité, relevant que la Chine, tout comme le Maroc, a tenu à ce que son pavillon soit un chef-d’œuvre d’architecture et de culture, témoignant du génie marocain et de la richesse de la civilisation millénaire. M. Radi a souligné que le monde entier et les visiteurs, en particulier, ont eu le loisir de voir à quel point la participation marocaine et le joyau de la civilisation et de l’architecture nationale qui l’incarne, reflètent parfaitement le thème retenu pour l’Exposition de Shanghai 2010, à savoir «Une meilleure ville, une meilleure vie». (…)

 Chiffres du pavillon Maroc
Le pavillon marocain drainera à la fin de l’exposition universelle de Shanghai, prévue pour le 31 octobre 2010, près de 7 millions de personnes. Depuis son ouverture, le pavillon a enregistré plus de 25.000 visiteurs par jour avec des pointes de 70.000 visiteurs. Dans ce sens, l’affluence quotidienne moyenne varie de 35.000 à 50.000 personnes. Édifié sur une superficie de 2.000 m2, le palais marocain est composé de trois étages. Ainsi, le rez-de-chaussée est bâti sous forme de musée où l’histoire du Maroc orne les parois et la musique traditionnelle égaye l’atmosphére. Par ailleurs, le 1er étage s’ouvre sur une médina ancestrale mettant en relief le savoir-faire du maâlem marocain. Au moment où l’étage supérieur incarne le Maroc moderne, dans lequel les principaux chantiers industriels et touristiques défilent sur un écran de 240 m2.

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