Culture

Fadwa Kiyal : «à LBC, on m’a proposé de danser dans des cabarets et j’ai refusé»

© D.R


ALM : Présentez-nous Fadwa Kiyal.
Fadwa Kiyal : je suis une jeune Casablancaise passionnée de chorégraphie et que les Marocains ont découvert lors de la première édition de l’émission «Hezzi Ya nawaim» en 2007, diffusée sur la chaîne libanaise LBC.

Après «Hezzi ya nawaim» que devient Fadwa ?
J’ai repris le cours normal de ma vie. Je travaille comme monitrice de danse au sein d’un centre de fitness. Malheureusement je n’ai pas eu d’offre artistique à l’exception de Said Naciri qui m’avait invitée à participer au festival du rire de Marrakech.

Vous êtes lauréate depuis 2007 pourtant vous venez de commencer votre promotion médiatique. Pourquoi ce retard ?
Le retard n’était pas voulu. Au Maroc, j’étais contactée par peu de journalistes. Par contre au Liban, plusieurs médias m’ont sollicitée. Ils voulaient me pousser à faire des compromis. Ils croyaient que de la sorte je promouvrai mon image surtout que je suis vice-championne de l’émission. Malheureusement pour eux, je refuse le chantage et la provocation.

Vous n’aviez pas peur de la réaction de votre entourage ?
Énormément ! J’ai fait comprendre à ma famille que la compétition se déroulera dans un cadre sportif et qu’elle ne sera pas diffusée. Au Liban, ils nous ont imposé de porter des tenues de danse dénudées. J’ai été choquée et en même temps très angoissée par la réaction de ma famille et aussi du peuple marocain. J’ai voulu résilié le contrat que j’avais signé avant mon départ mais les closes étaient pénalisantes. J’ai difficilement convaincu mes parents. Durant toute la compétition, je faisais de mon mieux pour bien représenter mon pays. Grâce à Dieu, mon entourage et ceux qui ont suivi l’émission sont satisfaits.

Est-ce que la LBC vous a soutenu après l’émission ?
Ils m’ont proposé de danser dans des endroits clos comme les cabarets et les hôtels. J’ai refusé car je n’aime pas l’ambiance qui rôde dans ces lieux. En ce qui me concerne, la danse est loin d’être un commerce juteux.

Quel souvenir gardez-vous de votre passage à «Hezzi ya nawaim» ?
Je me souviens de la pression que me faisaient subir Najwa Fouad et Zaza Hassan, membres de jury. Je ne sais pas si c’était une provocation pour me pousser à mieux donner mais en tout cas c’était pénible. À chaque fois que je préparais un tableau, ils me critiquaient ou bien me refusaient l’idée. Pour eux la danse orientale appartient uniquement au Moyen-Orient et que les Marocaines y sont entièrement déconnectées. Un argument erroné, car en toute humilité je suis arrivée première, à plusieurs reprises, face à des candidates égyptiennes et libanaises, y compris celle qui a remporté le premier prix. En plus, on avait parmi nous des candidates d’origine européenne qui dansaient typiquement comme les Arabes. Après tout l’art n’a pas de frontières.  

Par contre vous étiez le chouchou de Nadira Assaf.
Nadira Assaf était difficile à convaincre. C’est normal, elle est une académicienne de danse, renseignée et très exigeante. Pourtant, elle m’encourageait continuellement. Elle était la seule à avoir confiance en moi et en mes compétences, car elle savait que j’étais capable de mettre en scène n’importe quel tableau et de le transmettre convenablement aux spectateurs. 

Le public a senti une discrimination lors du dernier prime. N’avez-vous pas cherché à revoir les résultats ?
La discrimination était présente depuis le début de la compétition. Lors des répétitions de la dernière émission, ils m’ont interdit de faire quelques mouvements sous prétexte qu’ils n’ont rien avoir avec la danse orientale. Après quelques heures, j’ai découvert qu’ils entraînaient Estelle, la championne sur des mouvements similaires. À ce moment-là, j’ai décidé de les défier et de présenter mon tableau tel que je l’ai conçu. Sur le plateau de tournage, ils m’ont arrêté à cinq reprises. Ils voulaient me déstabiliser à tout prix, mais j’étais déterminée à présenter ma danse. Concernant les résultats, je n’ai pas protesté car j’étais au courant, depuis le début du prime, que Estelle la Libanaise allait remporter la compétition. Pour moi, le véritable gain c’est l’amour du public et des Marocains qui m’ont beaucoup soutenue.

La danse orientale a t-elle un avenir prometteur au Maroc ?
Au Maroc, il y a beaucoup de défi à relever. Malheureusement, l’image de la danseuse est négative. Les Marocaines aiment danser, mais rares celles qui oseront se dévoiler au large public. Il faut que les gens sachent que la danse n’est pas une exhibition du corps c’est un art noble qui nécessite la grâce, souplesse et beaucoup d’émotion.

C’est pour cette raison que vous favorisez l’appellation de chorégraphe ?
Je favorise cette appellation car je me vois plus chorégraphe que danseuse orientale. Je veux continuer dans le domaine de la chorégraphie et présenter des spectacles artistiques comme les fawazirs, un rêve d’enfance.

Quels sont vos projets ?
Je viens de présenter au caftan 2009 une chorégraphie reliant entre l’Orient et la spiritualité. Comme j’envisage de créer ma propre troupe de danse constituée de filles et garçons, suivant le modèle de Sherihane mon idole. En cette occasion, je lance un appel aux jeunes qui sont passionnés de danse pour y faire partie. Parallèlement, je suis ouverte à toutes les propositions artistiques que cela soit dans le domaine de la chorégraphie ou dans le domaine du cinéma et de la télévision qui me séduisent énormément.

On vous nommait femme fatale, à quel point vous l’êtes ?
C’est Nadira Assaf qui me l’a attribuée. Je ne suis pas fatale à ce point-là. Certes, sur scène, je parais audacieuse et rebelle, mais dans la vie ordinaire je suis de nature timide et réservée.

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