Culture

Fatym Layachi : «Mon fils parlera berbère et ne paiera pas pour l’iniquité de ses pères»

© D.R



ALM : Présentez-nous la femme que vous êtes ?
Fatym Layachi : Ah ce n’est pas simple comme première question (rires). J’ai 27 ans. Je suis marocaine. J’ai la chance de faire ce qui me plait.

D’où est née cette vocation pour l’art dramatique ?
Je ne sais pas s’il s’agit d’une vocation. Mais si c’en est une, c’est à Hakim Noury que je la dois. J’ai découvert et aimé le cinéma grâce à la famille Noury qui m’a offert à 17 ans le premier rôle dans «Une histoire d’amour» aux côtés de Younes Megri. Je n’étais qu’une petite lycéenne qui ne savait pas ce que le mot «gros plan» voulait dire. Ils m’ont appris ce mot là et plusieurs autres.

De «Marock» à «Machi Lkhatri», tracez-nous votre parcours artistique?
J’étais au cours Florent à Paris. Puis j’ai mis un peu le théâtre de côté. J’ai terminé mes études de lettres. J’ai voyagé. Je me suis nourrie. J’ai grandi. Et je suis retournée vers le théâtre. J’ai travaillé à Paris avec un metteur en scène génial qui est Clémence Labatut. Et là j’étais sûre que c’était ce que je voulais faire. Alors je suis revenue au Maroc, il y a 2 ans. J’ai eu la chance de participer à la merveilleuse aventure Dabateatr. J’ai joué dans «Confidences», pièce écrite et mise en scène par Jaouad Essounani. J’ai tourné dans un film de Mohamed Achaour qui sortira le 2 novembre et que j’ai envie de défendre très fort. C’est un film fait avec deux bouts de ficelle et des tonnes de sincérité. On est trois : Fehd Benchemsi, Mohamed Achaour et moi. On l’a fait avec nos tripes, avec la foi. Puis j’ai eu la chance de travailler avec Narjiss Nejjar pour «L’Amante du Rif». Puis il y a «femmes écrites», le fabuleux cadeau de Lahcen Zinoun qui m’a offert un scénario merveilleux, duquel j’espère avoir été à la hauteur. J’ai découvert la télévision avec Zakia Tahiri pour le téléfilm «Marhba» et enfin avec Mohamed Achaour pour «Machi Lkhatri».

Que pouvez-vous nous dire concernant votre rôle à «Machi Lkhatri»?
Le rôle de Zeina est une sorte de pied de nez au cliché de la femme marocaine, soumise et servile. Elle est garante de certaines traditions sans pour autant être l’inculte de service. Elle ne dit pas tout ce qu’elle pense, mais gare à celui ou celle qui marchera sur ses plates-bandes. (Sourire).

Votre look dans la série a fait beaucoup de fervents. Est-ce grâce à vos propres créations ou vous vous faisiez aider par des professionnels de la mode ?
Le réalisateur et moi étions d’accord sur le principe que Zeina devait avoir un look qui lui ressemble. Un peu hippie, un peu berbère. Mais, le style vestimentaire de Zeina a été savamment pensé par Amal Benayad et Wafaa Marhraoui, deux costumières hors pair. Pendant le tournage, j’étais tellement impressionnée par leur talent que je n’arrêtai pas de leur dire à la fin de la série : «On ouvre la boutique de Zeina». (Rires).

Vos origines berbères sont apparentes à première vue. Comment contribuerez-vous davantage à la promotion de cette culture ?
Je suis berbère. J’aime cette culture. J’aime son histoire. J’aime que «amazigh» veuille dire «homme libre». Je suis fière d’avoir de ce sang dans les veines. Un regret immense: ne pas parler ma langue. Une chose est sûre: mon fils parlera berbère et ne paiera pas pour l’iniquité de ses pères.
Vous êtes la petite-fille de deux hommes ayant laissé une trace indélébile dans l’histoire de la politique nationale. Que représentent pour vous Ahmed Reda Guedira et Houssein Layachi?
Des papys incroyables.

Sur le plan humain et intellectuel, qu’avez-vous hérité des papys ?
Un sens du respect, de l’engagement, de l’humilité. Certaines valeurs… (Sourire).

Professionnellement, que préparez-vous de nouveau ?
La plupart des films que j’ai tournés sortent au courant de cette année. Je me prépare donc à les découvrir. Sinon, j’ai quelques propositions qui se profilent et surtout de très grandes envies de théâtre.

Quelles sont vos autres aspirations artistiques ?
Etre libre et défendre mes convictions, sans trahir mes rêves et en espérant que cela plaîra.

Loin des projecteurs, où et comment fuyez-vous le quotidien ?
Cela peut-être en achetant des chaussures ou en allant à Tanger. (Rires).

Quel est votre péché mignon ?
Pour faire comme les filles, j’aimerais répondre le chocolat, mais c’est bien plus agité que cela : c’est le foot. Le génie de Diel Piero, Pastore qui promet une saison incroyable, les pieds magiques de Zairi qui ne s’en sert pas assez, la fulgurance de Messi ou les rêves de grandeur de l’équipe nationale. Je peux en parler des heures…

Côté cœur, où se situe le baromètre sentimental ?
Il explose en amitié. C’est l’engagement le plus inépuisable. C’est entier. Pour rien au monde je ne trahirai mes amis ou ma famille.

Est-il facile de concilier amour et art ?
Les deux sont indissociables. Mon métier est encore tellement bancal au Maroc qu’il faut lui porter un amour fou pour continuer d’y croire, et ce qui est fait avec amour fait des étincelles.

Un petit mot pour les fans ?
Merci pour vos encouragements et votre bienveillance. Merci pour les jolis mots et les sourires. J’espère ne pas trop vous décevoir.

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