Culture

Festival Gnaoua : Un paradis à ciel ouvert

© D.R

Le rideau est tombé hier sur la septième édition du Festival des Gnaoua. Abdeslam Alikane, Loy Ehrlich et Karim Ziad ont réussi leur pari.Ces trois directeurs artistiques ont été recrutés pour donner du souffle à l’événement. Leur choix s’est fixé sur un concept d’une quarantaine de concerts disséminés sur sept sites, transformant l’ancienne Mogador en une énorme caisse de résonance..
L’édition 2004 du festival d’Essaouira est aussi un retour aux sources avec une part belle redonnée aux processions et aux spectacles de rue. Cet événement redonne du tonus à une ville au passé prestigieux mais aux ressources maigres et qui tient depuis quelques années une seconde jeunesse dans le tourisme et l’artisanat. Mais aussi le festival de Ganoua, véritable aubaine pour les hôtels, les cafés et les restaurants débordés dès le premier jour. C’est dire que le public était nombreux. Ni les alizés qui ont bien soufflé, ni le froid, encore présent (mais ce n’est pas une surprise), n’ont pu refréner l’enthousiasme de plus de 300 000 jeunes et moins jeunes qui se sont déversés sur la ville, munis de sacs de couchages et de gros lainages pour les plus prévenants.
Arrivés par route pour la plupart (la CTM était débordée) ou par avion (un Boeing spécial assurait la liaison avec Casablanca), la plupart des jeunes auront du mal pour rentrer , toutes les compagnies de transport affichant plein pour lundi et mardi. L’annonce de la venue des frères Barett, de Marvin Junior et entre autres du percussionniste Seeco Paterson, artistes légendaires des Wailers, a suscité une véritable ruée de fêtards en dreads locks, éclipsant du coup l’une des thématiques affichées pour cette édition, le piano. Heureusement qu’il y avait Joe Zawinul. La performance de cet autrichien d’origine hongroise tchèque et tzigane , sacré 22 fois de suite meilleur pianiste, a été l’un des temps forts de ce festival.
Le virtuose du Jazz s’est produit vendredi soir à côté de Mehdi bennani, jeune artiste mais habitué des festivals (il était au Tanjazz et aux Ouadayas) et applaudi à chaque fois qu’il touchait son clavier. Auparavant, le batteur sénégalais Doudou Ndiaye Rose a annoncé la couleur dans un concert d’ouverture, jeudi en fin d’après midi où l’enjeu était de tremper la rythmique de la savane africaine avec l’art avec les «maâlams» locaux . Venus avec seulement une partie de son orchestre et pas avec ses femmes, l’homme aux 38 enfants a séduit le public, et provoqué les Ganouas sur leur propre terrain. Comme le Sénégalais naturalisé français Cissey David Fall, ils ont réussi à jeter une passerelle entre les percussions de l’Afrique des savanes et celles des berbères et des Ganouas.
D’autres groupes de musique comme les Batoucouleurs, pas forcément connus par le public du festival d’Essaouira, ont brillé dans les processions organisées tout au long de la plage. Il n’y a pas eu de temps morts, spectacles et processions se sont succédé sans interruption. Partie sur des airs de Ganouas, le festival d’Essaouira peut désormais prétendre à la dimension mondiale. En tout cas, la World Music, elle, était bien présente. L’artiste Mohamed Barri qui en trois ans s’est imposé avec une approche cosmopolite résume bien la définition de concept qui est celui d’une fusion non conformiste : «Nous préférons plutôt le terme world music.
Au début, nous avions commencé par un style plus occidental que marocain, avec une grosse influence hip hop, aujourd’hui on revient plus vers le marocain en incluant du reggae, du gnaoui aussi, mais également du rock». D’autres comme Abdelghani Krija, marocain vivant en Allemagne et depuis deux ans, percussionniste de Sting, abondent vers le même sens et parlent du métissage, et de la fusion des autres musiques avec celles des Gnaouas, définis par Amazigh Kateb, chanteur du groupe Gnawa Diffusion comme «les enfants illégitimes de la culture marocaine». Des enfants qui font désormais recette comme le montre le nombre de sponsors engagés dans l’événement.

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