Culture

FNAP : Image à revoir

© D.R

Sans crier gare, en plein spectacle, une sorte de spot s’alluma, face au public, à quelques dizaines de mètres à droite de la scène. Sa luminosité n’était cependant pas agressive. Et puis, sa lumière buta sur un jet d’eau qui, lui aussi, jaillit subitement du fond du bassin. C’est à ce moment qu’un spectacle d’une rare beauté était livré à l’assistance : le « mur » d’eau faisait office d’écran géant, de taille variable au gré du vent, où se reflétaient, subtilement, des images hautes en couleurs, symbolisant tantôt les colonnes d’un château antique, tantôt des cavaliers ou, tout simplement, des images de la troupe en pleine prestation à ce moment.
La magie du Festival national des arts populaires a été amplifiée par les moyens techniques dont il disposa lors de sa 39e édition. Une édition qui se clôtura en apothéose à la Ménara de Marrakech. Les troupes, toujours aussi majestueuses, ont évolué, une fois de plus, au-dessus de l’eau, comme il leur a été de coutume au sein des vestiges antiques du Palais Al-Badiî. En effet, cette édition aura été marquée par le transfert du festival de la Ménara. Au sein de l’immense bassin, on aménagea un plateau de plus de 500 m2, à la mesure du réceptacle. Trois traverses reliaient le plateau géant aux bords de la piscine ancestrale, permettant aux artistes d’entrer en scène.
Tirant toute sa magie du son et de la lumière, le festival aura été bien servi grâce aux moyens techniques, à la pointe de la technologie, installés à la Ménara. Les troupes folkloriques, dont la beauté n’a d’égal que le talent séculaire transmis de génération à l’autre, auront brillé de mille feux sur leur nouvelle scène.
Cette édition aura, toutefois, été marquée par une grande absence. Le grand, l’unique, l’inimitable et intarissable maestro de la troupe Ahidous n’était pas de la fête. Son fils qui a pris le flambeau officiait à sa place.
Immuables, les artistes semblent ne pas avoir opéré un iota de changement quant à leur prestation. Que ce soit la Dakka Marrakchia, Aâbidate R’ma, Oulad Sidi Ahmad Oumoussa ou autre, la gestuelle, ne s’inscrivant ni dans le temps ni dans l’espace, les sons, empreints d’une acoustique unique grâce à des instruments uniques, font la richesse du FNAP, par excellence une manifestation la plus opulente et la plus complète du Royaume.
Malheureusement, le prestigieux festival de la Cité ocre est victime d’un mal terrible. Le manque accablant de moyens financiers pèse de tout son poids sur l’avenir et la pérennité du FNAP. Doté, autrefois, de près de 7 millions de DH, le budget a été, lors de cette édition, à peine de l’ordre de 3,1 millions de DH.
Chose qui explique la réduction des troupes y prenant part, qui sont passées de plus d’une trentaine à une vingtaine seulement. Les dépenses, quant à elles, auront atteint 3,25 millions de DH. Le déficit, lui aussi, a été au rendez-vous. Ainsi, afin de garantir la continuité du FNAP, il est plus que jamais crucial d’ouvrir de nouveaux fronts, d’introduire une série de réformes à même d’inscrire le festival dans le cadre qui lui sied à merveille. La mobilisation s’impose car, à lui seul, le FNAP peut se targuer d’englober la totalité du patrimoine musical traditionnel marocain, les racines du Maroc profond, à travers des ères entières. Il serait lourdement préjudiciable et une grosse perte qu’un tel événement rende l’âme. Les « Rythmes éternels » se doivent de le rester à jamais.

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