Culture

Hamid Triki : « Le bois peint et sculpté est en danger »

© D.R

ALM La problématique des musées marocains suscite jusqu’à nos jours l’inquiétude des spécialistes. Le musée des Oudayas est un exemple parmi d’autres. Comment évaluez-vous, en tant que spécialiste, l’état actuel de ces établissements ?
Hamid Triki : Oui, en effet, les musées au Maroc sont un thème qui a attiré l’attention des spécialistes et des chercheurs du Maroc entier. Une absence de vraie stratégie en matière de gestion des musées est bien évidemment apparente. La plupart des richesses qui existent dans ces établissements et qui sont éparpillés dans plusieurs villes du Maroc dont Marrakech, Tanger, Tétouan, Fès et Marrakech sont menacées. Mais concernant, le musée des Oudayas, je ne peux pas m’exprimer là-dessus étant donné, qu’il existe plusieurs zones d’ombre dans l’affaire de ce musée. Il y a quelques années, des rumeurs ont laissé entendre, la disparition de quelques objets de ce musée-là, mais c’est quelque chose qu’il faut prouver. De ce fait, on ne peut guère s’aventurer à  avancer des propos mensongers là-dessus. Dans ce même contexte, lorsque la question est posée aux responsables, ils refusent de parler de disparition d’objets et préfèrent plutôt évoquer un autre fait. Ils déclarent que la plupart des objets d’art, sont stockés dans les réserves du ministère de la Culture.

Mais quel est selon vous, le fait le plus alarmant dans ce dossier des musées au Maroc?
Mis à part les objets en céramique, les bijoux, il existe des objets qui font partie du patrimoine marocain et qui doivent êtres préservés. Je parle ici de certains cas flagrants comme ceux des poteries rurales et des différentes sortes de bois peints et sculptés qui sont une spécialité au Maroc. Ces deux éléments que je viens d’évoquer méritent toute l’attention, puisqu’on risque d’ici quelques temps d’assister au drame de la disparition à jamais de ce patrimoine. Concernant les bois peints, ces derniers constituent une richesse inégalable sur le plan du patrimoine du pays. Ces bois peints ou sculptés ornent pour la plupart les plafonds de certaines mosquées et demeures dans le Haut-Atlas et dans certaines vallées du Souss.   A côté des plafonds, il y a également des portes en bois qui se font de plus en plus rares. Seuls quelques spécimens sont exposés au musée Dar Si Saïd à Marrakech.

Comment ces bois arrivent-t-ils à disparaître soudainement?
En fait, ces bois qui ornent les plafonds sont menacés de détérioration à cause du climat rude et la pluie qui sévissent dans ces régions concernées. Les habitants de la ville se voient contraints de trouver une solution pour éviter que l’eau ne s’infiltre à l’intérieur de la mosquée ou de la demeure concernée. Certains spéculateurs profitent de cette situation pour proposer aux habitants de troquer le plafond de fois en plafond en béton. Ils leurs expliquent que c’est la meilleure façon d’éviter qu’ils soient submergés d’eau. Ainsi, ces bois sont sous la main de ces spéculateurs et sont vendus publiquement dans des fondouks.

Après la vente qu’advient-il de ces bois ?
Lorsque ces bois sont mis en vente dans les fondouks et les villages, ils sont achetés par certains collectionneurs privés. Mais sans aucun cas ils n’intègrent les musées marocains et comme je l’ai cité, un seul musée en contient certaines pièces. C’est le musée Dar Si Saïd. Mais ce qui est plus grave, c’est que ces bois, portes, plafonds, traversent les frontières sans aucune restriction et se retrouvent en Hollande, en France ou en Italie.
Le pire c’est qu’ils ne sont même pas exposés dans les musées ailleurs, c’est très rare. La plupart de ces pièces sont encore une fois revendues à des particuliers.

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