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Hasna El Badaoui: «Nous souffrons pour assurer la continuité de nos tournées !»

© D.R

Entretien avec Hasna El Badaoui, Comédienne et directrice artistique de la troupe El Badaoui

ALM : Quoi de neuf ?

Hasna El Badaoui : La troupe El Badaoui vient de préparer une pièce de théâtre intitulée «Hoummane Eddnadni » à laquelle je participe. Il s’agit d’une adaptation de George Dandin de Molière par le dramaturge et doyen du théâtre au Maroc, Abdelkader El Badaoui, sur une mise en scène de Karima El Badaoui. Outre mon personnage, les premiers rôles sont confiés à Mustapha Hnini, Karima El Badaoui et Ahmed Aoulad entre autres. Quant aux costumes, ils sont conçus par l’artiste Souad Hennaoui.

Comment expliquez-vous ce choix d’adaptation ?  

Cette pièce est destinée à ressusciter le répertoire de la troupe El Badaoui, qui fête cette année ses 64 ans d’existence. C’est une idée que nous avons eue depuis notre retour, moi et ma sœur, de l’étranger en tant que nouvelle génération. Pour rappel, la pièce « Hoummane Eddnadni» a été présentée, depuis 50 ans, par la troupe El Badaoui qui, outre mon père, comprenait ma mère, l’artiste Souad Hennaoui, et Abderrezak El Badaoui entre autres. Donc la représentation de cette pièce sera faite sur une nouvelle mise en scène faite par Karima El Badaoui qui est imprégnée du théâtre égyptien puisqu’elle a reçu sa formation dans le pays des pharaons. Pour information, la première représentation de cette œuvre a eu lieu le 21 janvier à Casablanca. Comme nous l’avons tourné pour les fins d’une projection sur la chaîne Al Aoula. Le samedi 27 février, nous aurons une représentation à Dar Takafa- Daoudiate à Marrakech. Une autre étant prévue le 24 mars au centre culturel de Kénitra qui sera suivie, le 26 mars, d’une représentation au complexe culturel El Ghali à Casablanca.

Prévoyez-vous une tournée pour présenter la pièce ?

Nous envisageons de faire une tournée. Lors de nos escales, nous présenterons également notre pièce «La Terre» et un spectacle pour enfants intitulé «La vertu des ancêtres». D’ailleurs, le groupe El Badaoui est la seule troupe professionnelle à présenter des pièces de théâtre pour le public et les enfants dans la même saison. Pour nous, l’enfant sera notre spectateur dans l’avenir. Par contre nous n’avons aucune idée, après les représentations précitées, de la prochaine escale puisque nous souffrons pour assurer la continuité de nos tournées !

Quel regard portez-vous sur les pièces de théâtre marocaines ?

Je vous retourne la question. Existe-t-il une mouvance théâtrale au Maroc ? Pour l’heure, la production des œuvres est saisonnière en fonction de la subvention. Pour notre part, nous avons produit notre pièce sans la subvention du ministère de la culture que nous n’avons pas décrochée depuis plus de 3 ans. Mais cela ne nous a pas empêchés de produire. Et c’est ça le professionnalisme ! D’où l’intérêt de s’interroger sur l’apport de cette subvention pour la mouvance. De plus, plusieurs salles de théâtre sont fermées outre le manque de pudeur au nom de la modernité sur les planches qui crée un extrémisme intellectuel et incite le public à fuir cet espace. Encore faut-il que la tutelle ait une vision culturelle nationale assez claire !

Vous représentez le Maroc au programme des leaders culturels internationaux. Comment vivez-vous cette expérience ?

Ce programme, dirigé par le British Council, m’a permis de participer au fameux ISPA à New York. C’est un honneur pour moi de représenter mon pays dans ce programme par le moyen duquel j’ai développé un réseau d’institutions culturelles internationales. Pour ma part, j’ai profité de cette expérience pour proposer au conseil de la ville de Casablanca la gestion d’une salle de théâtre à Sidi Moumen. De quoi exploiter les connaissances tirées du programme. Or, ce poste a été attribué à un réalisateur franco-marocain qui a eu la chance d’avoir la gestion d’une salle et pas moi sachant que  j’ai reçu ma formation en théâtre et dramathérapie aux Etats-Unis.

Avez-vous un projet pour la télé ?

Les Badaoui travaillent, pour l’instant, sur l’écriture d’une série télévisée. Par contre, nous ne nous sommes pas encore décidés sur la chaîne puisque nous devrions trouver celle qui a lancé les candidatures. En tout cas, nous sommes tenus de nous conformer au processus prévu par les cahiers des charges. En fait, je trouve que ces cahiers de charges, destinés à créer une égalité des chances, ont contribué au recul de notre troupe sur la télé. D’autant plus qu’il s’est avéré que ce sont toujours les mêmes qui ont des chances ! Je trouve que c’est injuste à l’égard des artistes professionnels, à l’instar de la nouvelle génération d’El Badaoui qui a reçu une formation qualifiante à l’étranger. Ce serait donc honteux que le groupe n’ait pas eu d’apparition sur la télé depuis 2011 alors que nous avons un public qui nous apprécie !

D’autres projets en vue ?
Nous préparons un long-métrage qui sera réalisé par mon frère Mouhssine. Enfin il a pu obtenir sa carte professionnelle du CCM dont il a été privé pendant 12 ans. Et c’est Sarim Fassi El Fihri qui la lui remise. Maintenant, mon frère, réalisateur à la RTBF en Belgique, a le droit de postuler à la subvention pour réaliser son film que le public découvrira bientôt dans les salles de cinéma.

Un avant-goût de ce film ?
Tout ce que je peux vous dire c’est qu’il aura trait à la société marocaine. Le tout avec une vision moderne en s’inspirant des principes du théâtre El Badaoui.

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