Culture

Hassan Fakir: J’ai marché pour le sahara marocain

© D.R

Une pointe d’amertume l’accompagne dans son récit tant la jeunesse d’antan était engagée et porteuse d’un fervent nationalisme par rapport aux générations actuelles.

Cet originaire de Ait Baâmran, ayant toujours vécu à Derb Soltane, quartier effervescent de Casablanca, s’est trouvé pris de la fièvre de cette jeunesse de l’époque mûre et affichant une grande fierté pour le pays. «Notre décision de participer à la Marche Verte s’est faite en discutant tous après le discours de Feu Hassan II». Une décision qui a vite fait l’unanimité. «Nous nous sommes tous inscrits sans même en informer nos parents», se rappelle Hassan, qui avait à l’époque 19 ans et était candidat au baccalauréat.  

«L’aventure avait été prise au sérieux par l’ensemble du groupe. Nous ne sommes pas partis pour nous amuser mais pour défendre la Nation», insiste le participant à la Marche Verte.    
L’inscription faite à la préfecture de Grigouane, les jeunes du quartier engagés désormais dans la marche historique ont reçu chacun un papier. «Nous avons été convoqués par la suite au lycée El Fida en face du cinéma Kawakib où nous sommes restés toute l’après-midi pour être emmenés par la suite dans des camions à Ain Sebâa».

Aux côtés des 350.000 participants à la Marche Verte, Hassan atteste de l’ambiance euphorique qui régnait au lycée El Fida qui les avait accueillis.
Une fois inscrits, l’attente du coup d’envoi à Ain Sebâa aura duré trois jours. Le Premier ministre de l’époque, Ahmed Osman, et Moulay Mustapha Larbi Alaoui, wali de Casablanca, en 1975, ont donné, tour à tour, les conseils pratiques pour que la Marche Verte soit entreprise avec succès mais sans débordement.

Chose qui n’a toutefois pas été respectée, reconnaît-il non sans un sourire. «Nous étions tellement excités que nous avons mis le feu à des pneus, histoire d’enflammer nos esprits». Les habitants du quartier Derb Soltane sont d’ailleurs connus pour ces méthodes à l’indienne ! Les événements de 1981 l’attestent.  L’attente dura longtemps et il a fallu démonter les tentes, avant que le coup d’envoi ne soit donné le lendemain à 11h. Une manière en somme de contribuer à la décharge d’adrénaline avant le départ !

Les jeunes étaient prêts à tout et n’avaient pas peur de l’ennemi malgré le rappel des officiels du risque des mines pouvant exploser au passage sous les pneus des camions.
«Nous sommes rentrés dans la nuit à Bouzagran. Il faisait noir et le danger était potentiel mais nous étions tellement emportés par la noble mission que nous n’y faisions pas attention», se rappelle, non sans une pointe de nostalgie, Hassan.

Un témoignage clair de l’amour pour un Roi. «Pour tous ceux qui avaient participé à l’événement historique pour libérer le Sahara marocain, la loyauté, le respect du territoire, l’engagement nationaliste n’avaient pas de prix», rappela celui qui, aujourd’hui, à 58 ans, est gardien dans la Cathédrale Notre-Dame à Casablanca après avoir été employé temporaire pendant 10 ans à la Comanav en tant que technicien en mécanique.

Les jeunes de l’époque espéraient pourtant un avenir meilleur. L’ambiance de l’époque était spéciale et les pommes de terre et la farine, distribuées par les accompagnateurs officiels n’entachaient en rien la verve des compatriotes. En tout, l’aventure dura 27 jours et le retour du convoi de Hassan coïncida avec le 6 novembre. «Le peuple marocain a prouvé son nationalisme et nous nous sommes sacrifiés pour les générations futures», argumente non sans une pointe de fierté Hassan.

Le retour de Hassan parmi les siens fut, surtout, marqué par l’amour d’une mère qui, avant son long voyage, venait à peine d’arriver de Clichy où elle était cuisinière chez une femme de la grande société française et qui avait quitté le Maroc plusieurs années après le Protectorat.
Hassan parlera de sa défunte mère avec un grand regret car c’était la seule personne de la famille avec qui la fusion était réelle.

Son aventure venant renforcer l’amour de celle qui l’a fait naître, Hassan reste aujourd’hui amère vis-à-vis d’une société qui ne s’engage plus pour ses idéaux comme jadis.
Son wissam et sa carte de participation à la Marche Verte demeurent la seule reconnaissance. Son poste depuis 10 ans à la Cathédrale Notre-Dame, il le doit au défunt archevêque André après avoir essuyé un départ cuisant de la Comanav.

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