Culture

Hommage posthume à Ahmed Cherkaoui

Ahmed Cherkaoui in his workshop, 1962. Courtesy of Nourdine Cherkaoui

Une cinquantaine de ses œuvres exposées au Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat

L’exposition «Ahmed Cherkaoui : entre modernité et enracinement» a été inaugurée, mardi, au Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI) à Rabat. La cérémonie d’ouverture de cet événement artistique, qui se déroule jusqu’au 27 août prochain, a été marquée par la présence de plusieurs personnalités politiques, intellectuelles, culturelles et artistiques. En effet, cette exposition inédite s’inscrit dans le cadre de la commémoration du cinquantenaire de la disparition de l’artiste Ahmed Cherkaoui décédé en 1967 à Casablanca. «C’est un moment historique parce qu’en rendant un immense hommage à l’une des figures incontournables de la scène artistique marocaine», a souligné Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées.

«Ahmed Cherkaoui : entre modernité et enracinement» réunit en fait une cinquantaine de ses œuvres. Elle présente les grands axes de sa réflexion artistique. Le public pourra découvrir des œuvres du début de sa création à ses dernières toiles, en passant par celles réalisées en 1961-1962 dans lesquelles le travail du signe est consolidé. Sont également exposées des œuvres emblématiques à l’instar de «Chants de l’Atlas», «Mosquée bleue», «Solstice» et bien d’autres. «C’est un jalon dévoilant les développements formels de sa peinture mais ce n’est pas une lecture seulement chronologique. L’œuvre d’Ahmed Cherkaoui ne peut pas être soumise à une lecture simplement linéaire d’un commencement progressivement vers un aboutissement. Certaines œuvres ne peuvent être considérées comme des introductions ou des exergues. L’exposition dévoile pour la première fois des carnets de dessins, pièces essentielles pour la compréhension de sa pratique.

Il y a un véritable lien entre ses toiles abouties et ses œuvres graphiques cosignées dans les carnets», a expliqué Fatima-Zahra Lakrissa, commissaire de cette exposition. Figure incontournable de l’abstraction marocaine, Cherkaoui est né à Boujad, petit village du Sud du Maroc. Il est inscrit dans une généalogie spirituelle dont la tradition lui est transmise par son père, descendant du mystique soufi Mohamed Cherki. Sa mère appartient à la tribu berbère du Moyen-Atlas, les Zayanes, réputée pour sa tradition féminine des arts du tissage manuel. Initié au métier de calligraphe auprès d’un maître renommé, il se dirige dans un premier temps vers la conception d’affiches et de banderoles, avant de s’inscrire en 1956 à l’École des métiers d’art de Paris, section arts graphiques, où il se consacre à l’étude des techniques de la lettre, de la décoration et de l’affiche. Ses premières années de formation en arts graphiques sont aussi celles d’une expérimentation secrète et solitaire de la peinture. Lorsqu’il obtient son diplôme en 1959, Ahmed Cherkaoui est riche d’une expérience professionnelle au sein de la maison Pathé-Marconi en tant que dessinateur, et d’une jeune pratique picturale qui lui vaut d’exposer pour la première fois aux ateliers de l’imprimerie Lucienne Thalheimer. En 1960, il intègre l’École des beaux-arts de Paris au sein de l’atelier d’Aujame et se fait rapidement une place au sein du groupe de l’École de Paris en apportant les possibilités esthétiques du signe et une certaine sensibilité à l’abstraction lyrique. Aussi conscient de la force créatrice des arts populaires et traditionnels, que de l’enfermement catégoriel exercé par les normes occidentales, Cherkaoui cherche à opérer une synthèse dynamique entre les traditions iconographiques de son pays et la modernité artistique européenne, frayant sans aucun doute une voie qui lui est propre.

Articles similaires

Culture

La RAM transporteur officiel du Festival du Marché des Arts du Spectacle Africain d’Abidjan

La compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM) est le transporteur officiel du...

Culture

La star palestinienne Saint Levant dévoile «5am in Paris» tourné à Marrakech

La star palestinienne Saint Levant, de son vrai nom Marwan Abdelhamid, frappe...

Culture

Le festival international du Film de Cap Spartel, du 17 au 20 avril à Tanger

La 10ème édition explore la relation entre le cinéma et le voyage

Culture

Université Hassan 1er de Settat: Le cinéma et l’université en débat

La Faculté des Langues, Arts et Sciences Humaines de l’Université Hassan 1er...