Hymne à la berbérité

Le roman s’ouvre sur une citation d’Ibn Khaldoun. Cette citation, longue de trois pages, est une véritable apologie des vertus des Berbères. Leur «noblesse d’âme», leur «bravoure», leur «indulgence pour les défauts d’autrui, éloignement pour la vengeance, bonté pour les malheureux, respect pour les vieillards et les hommes dévots, empressement à soulager les infortunés».
La liste des qualités de cette population que Ibn Khaldoun énumère est longue. Et l’on peut rarement trouver des pages où le père de la sociologie utilise des propos aussi laudatifs pour désigner un groupe de personnes. Cette citation n’est pas, bien entendu, gratuite, parce qu’il s’agit avant tout dans le roman de Moha ou Ali Khettouch de Berbères. Les noms des principaux personnages sont berbères. La terre où ils évoluent est celle des populations amazigh.
L’auteur est un fervent défenseur de la culture amazigh, et il le proclame ouvertement dans l’avant-propos du livre. Il s’adresse à un lecteur qu’il juge non dévoué à une cause chère à son coeur. «Tu respectes et révères ma culture et je t’aime… pleinement et entièrement… Tu fais mal à ma culture, tu portes atteinte à mon identité en tentant de la dénaturer et je te hais».
La mise en garde est claire et nette. Quant à la qualité du roman, il est difficile de se prononcer dessus. Comme dans tous les écrits qui défendent une cause, l’exaltation de cette cause prévaut sur les qualités littéraires. C’est au message qui le sous-tend que l’on va. Ce message est un vibrant hymne à la culture amazigh. Les envolées lyriques sont la marque distinctive de ce roman. Il se caractérise aussi par un nombre considérable d’alinéas. C’est un livre aéré à l’extrême. L’on peut se poser des questions sur la prédilection de son auteur pour les espaces blancs. En tout cas, il est impossible d’y trouver une seule page écrite sans au moins quatre interlignes.