Culture

Il était une fois au Maroc…

© D.R

Nourredine Lakhmari signe son retour avec «Le regard». Il y a quelque temps, les cinéphiles avaient perdu espoir quand à voir ce long-métrage de ce jeune réalisateur marocain résidant en Norvège. «On avait beaucoup entendu parler de ce film et on avait hâte de pouvoir enfin le voir», déclare un observateur de la scène artistique marocaine souhaitant garder l’anonymat. «Le regard» de Nourredine Lakhmari qui devait être intitulé au départ «Le retour», est fin prêt. Il n’est pas encore projeté dans les salles du Maroc. Mais pour un début, certains proches du milieu cinématographique marocain ont eu l’occasion d’assister à son avant-première jeudi dernier au Mégarama à Casablanca.
L’assistance était impatiente, tout le monde se posait des questions quant à la qualité du film. Après trois ans d’attente, allaient-ils être déçus, enchantés ? Tant de questions qui hantaient les esprits. Mais le film était là pour apporter des réponses à toutes ces interrogations.
Ce premier long-métrage de Nourredine Lakhmari revient sur la période coloniale. Une époque marquée par des injustices et surtout par les mauvais traitements que les soldats français infligeaient aux prisonniers marocains. Albert Tués, le personnage principal du film, était témoin de toutes ces exactions, il voyait tout et se taisait, il ne pouvait pas dire un mot. Albert, interprété par l’acteur français Jacques Zabor, était aussi photographe, il prenait des photos des crimes commis par ses compatriotes à l’égard des prisonniers marocains. Après l’indépendance, une fois la mission de l’armée achevée, il retourne en France où il exercera son métier de photographe. Mais il avait mauvaise conscience. Le poids des choses tues est devenu tellement oppressant qu’il n’en pouvait plus. Il se sentait coupable et devait demander pardon à ceux qu’il a photographiés. Il n’avait jamais exposé les photos de cette période là, car ils avait perdu la trace de ses pellicules. A quelques jours de son exposition, 50 ans après son départ du Maroc, il décide d’y retourner pour retrouver ses pellicules. Mais est-ce là le motif réel du voyage d’Albert Tués au Maroc ? En fait, les scènes du film nous expliquent que ce photographe veut se libérer du poids de ces photos en les exposant. C’est une manière pour lui de demander pardon aux prisonniers marocains, dont les images n’ont cessé de le hanter. Il cherche la délivrance et pour cela il doit se faire pardonner. Le thème central du film semble être la rédemption comme tient à l’affirmer son réalisateur. Un thème qui est de nos jours de plus en plus d’actualité, avec tous les crimes qui sont commis en Irak et en Palestine. Ainsi, c’est décidé, Albert se dirige vers le Maroc où il part à la recherche des photos datant de l’époque coloniale. Quelques jours avant, il prend contact avec un photographe marocain qui tient boutique au Maroc et qui se charge de lui trouver un logement. Cette personne n’est autre que l’acteur marocain Abdallah Didane. Interprétant le rôle du photographe marocain, il sera tout le temps en compagnie d’Albert Tués et lui servira de guide. Malgré sa bonne prestation, Abdellah Didane n’a pas réussi à crever l’écran, son interprétation est perfectible.
Une fois qu’Albert Tués est au Maroc, le réalisateur en profite pour faire des flash-back qui entraînent le spectateur vers ce Maroc colonial. Des flash-back qui dévoilent des acteurs comme Florient Cadiou (le jeune Albert Tuès), Khalid Benchegra ainsi que Rafik Bikr. Florient Cadiou est ce jeune soldat-photographe venu avec l’armée française. Il assistera à tous les crimes des autres membres de son régiment. Khalid Benchegra joue le rôle du prisonnier berbère.
En fait, ils étaient trois, un berbère : Issa Daoudi, un autre juif marocain et enfin un dernier campagnard. Mis à part Khalid Benchegra qui eut à prononcer pas plus de trois phrases tout au long du film, les autres acteurs prisonniers n’étaient que des figurants. Mais des figurants importants, puisque dans ce film, le réalisateur donnait beaucoup plus d’importance à l’expression du visage qu’aux paroles. C’est ce qui explique que parfois le silence vaut mieux que 10.000 paroles.
Un fait qui est d’autant plus confirmé par la dernière séquence du film qui met en scène Albert Tués avec Issa Daoudi qui, contrairement à ce que pensait le photographe, n’était pas mort. Il était placé à l’hôpital psychiatrique. Albert Tués l’amènera avec lui à la mer. C’est à ce moment-là même que la rédemption aura lieu. C’est la réconciliation et la délivrance. Une fin qui se termine sur une note optimiste. Avis aux amateurs, le film sera projeté sur les grands écrans à partir du mois de mars.

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