Culture

Interview avec Faouzi Skali : Ancien directeur du Festival de Fès des musiques sacrées du monde

© D.R

ALM : Quelles sont les raisons de votre départ de la direction du Festival de Fès des musiques sacrées ?
 
Faouzi Skali : On ne peut pas mener éternellement un événement qui fait désormais partie de l’imaginaire collectif de la ville de Fès et du Maroc en général. Le Festival de Fès des musiques sacrées est un patrimoine. C’est un emblème de tout un pays qui promeut la diversité des cultures. Chose de plus en plus rare par les temps qui courent où l’extrémisme fait beaucoup de bruit.
Comme tout projet ayant une portée culturelle importante, ce festival doit survivre au-delà des personnes. La pérennisation de ce festival est donc avant tout une responsabilité et nécessite de la vigilance. C’est dans ce contexte que s’inscrit mon départ de la direction du festival.   
Cela  fait plus de 20 ans que vous assurez la direction de ce festival -la 1ère édition date de 1991-. Comment s’est fait le passage de relais entre l’ancienne et la nouvelle direction ?
 
Après une récente édition réussie et applaudie de tous, après plus de 20 ans d’organisation, ce qui est une véritable épopée, j’estime qu’un cycle a été bouclé. Ce festival étant par essence une invitation à la spiritualité et au renouvellement permanent. Il y a aussi des circonstances qui ont fait que ce changement s’est opéré de manière naturelle avec le départ de Mohamed Kabbaj, l‘ancien président de la Fondation Esprit de Fès avec lequel j’ai longtemps étroitement collaboré et avec l’avènement d’une nouvelle présidence. Une fenêtre s’est ouverte, je l’ai saisie pour démarrer une nouvelle aventure et afin de laisser l’occasion pour la nouvelle direction du festival de prendre les choses en main.  Par ailleurs, je reste toujours prêt à contribuer à quelque niveau que ce soit si un besoin est exprimé.
 
Comment envisagez-vous votre avenir?

La culture n’a pas de limites. Il y avait une vie avant ce festival, il y aura une vie après. Avant d’organiser cet événement, j’ai écrit une douzaine de livres publiés chez Albin Michel et j’ai donné des conférences. Aujourd’hui, riche d’un savoir-faire et d’une expérience que le festival m’a apporté, j’entame l’avenir avec autant de détermination. Ainsi, outre mes charges en tant que membre de la HACA, je compte me consacrer au rayonnement de l’autre festival que je dirige: le festival de la culture soufie. C’est aussi une manifestation culturelle unique en son genre que seul un pays comme le Maroc abrite en plein espace public.
 
Quel rôle la culture soufie peut-elle jouer aujourd’hui dans un monde de plus en plus confronté à l’extrémisme?
 
Aujourd’hui plus que jamais, on voit l’importance de la dimension soufie, qui se trouve au cœur de la société marocaine. Il s’agit d’un rempart contre l’extrémisme. Il y a donc un besoin d’en témoigner dans le monde entier. C’est d’ailleurs de là qu’est née l’idée d’organiser d’autres festivals de la culture soufie partout, notamment à Berlin où il se tiendra au sein du magnifique musée des arts islamiques, à Londres, ou encore à Konya où est enterré le grand mystique Jalal Eddin Erroumi. Je pense aujourd’hui que c’est le moment opportun pour créer un réseau de la culture soufie contre l’extrémisme. Phénomène qui impose, au-delà de l’approche purement sécuritaire, un combat d’idées.

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