Culture

Issam Chabâa : «Le Jazz est la meilleure école de musique»

© D.R

ALM : D’où est venue l’idée d’éditer un album qui reprend les vieux morceaux du Jazz ?
Issam Chabaâ : Pour fêter la création du Rick’s café, chaque année nous essayons de sortir un produit à l’occasion de l’anniversaire de cet espace. C’est une façon pour nous de marquer certains évènements importants dans la vie du rick’s. Ces produits sont offerts aux habitués du Rick’s qui sont invités  à venir célébrer l’anniversaire.
A titre d’information, lors du premier anniversaire, nous avons confectionné des  tee-shirts et des verres avec l’emblème du Rick’s, l’année suivante c’était un livret illustré de photos qui explique le concept de cet espace et son histoire. La sortie de l’album «Issam at the piano, some of the old songs» s’inscrit dans ce même esprit. Les clients viennent aussi pour écouter du Jazz et plusieurs demandaient s’ils pouvaient acheter un CD avec les musiques jouées chaque soir. C’est ainsi que nous avons décidé de réaliser leurs vœux.

Pourquoi avoir sélectionné des chansons des années 30-40 ?
Les morceaux qu’on retrouve dans cet album font  partie des musiques que j’interprète chaque soir. Ces mêmes titres représentent une époque qui est celle des années 30-40 qui sont filmées dans l’œuvre cinématographique « Casablanca ». Comme tout le monde le sait, le Rik’scafé existait dans ce film et la propriétaire de cet espace à Casablanca a voulu faire revivre cette légende. Le piano et la musique Jazz en particulier font partie intégrante du produit de ce café-restaurant. Cela fait partie du concept originel que nous visons à préserver. Pour la réalisation de ce CD de musique, j’étais obligé de sélectionner les morceaux qui me paraissaient  les plus représentatifs. J’ai essayé de varier les musiques. Les chansons qui sont reprises dans cet album sont immortelles.

Les morceaux que vous interprétez sont à l’origine accompagnés de chant. Pourquoi cet album contient-il- uniquement de la musique ?
Je suis un pianiste pas un chanteur. Cela ne m’a jamais intéressé d’interpréter les chansons des morceaux de Jazz. Même si je les connais par cœur, je n’ai pas envie de les chanter.

Comment percevez-vous l’univers du Jazz au Maroc ?
Ce qui se fait en matière de Jazz au Maroc est très maigre. On ne peut pas parler de dynamique pour plusieurs raisons. Tout d’abord il n’y a pas beaucoup de musiciens au Maroc et il y en a très peu qui font du Jazz. En plus de cet élèment, il faut savoir  qu’il n’y a pas de public pour la musique Jazz. C’est la même chose pour la musique classique. Ces deux styles possèdent très peu d’amateurs au Maroc.

Pourquoi selon vous le Jazz n’est pas très populaire ?
Si l’on veut que le Jazz soit populaire dans notre pays, il faudrait qu’il soit diffusé à la radio et à la télévision. Les médias, tous les supports confondus doivent s’intéresser à cette musique. C’est une façon de pousser le public à la connaître et à s’y intéresser. Le Jazz, plus on l’écoute, plus on l’aime. Ce qui est curieux c’est que le terme Jazz est très populaire, il est prononcé par une grande catégorie de personnes dans le monde entier, mais très peu connaissent ce qu’il signifie et ce qu’il représente vraiment.

En tant que Jazzman qu’elle est donc votre définition du Jazz ?
Du point de vue du musicien, le Jazz est la meilleure école de musique. Ce style est basé sur l’improvisation. Le musicien lance un thème et improvise dessus. Il laisse jaillir ses sentiments les plus profonds. Au-delà de la technique, le Jazz est  donc une véritable explosion émotionnelle. Ce style dépasse le rationnel. Pour arriver à jouer du Jazz, il faut avoir une culture musicale et il faut avoir de l’audace. Le Jazz permet à l’artiste d’aborder la musique avec une certaine nonchalance sérieuse. Mais cette musique est très complexe, les musiciens de Jazz ne s’accordent pas sur la définition du Jazz. C’est un débat ouvert. Aussi, il est important de savoir que la composition n’est pas aussi importante que l’interprétation. Un morceau n’est jamais joué de la même manière. C’est le même thème, mais il est toujours interprété différemment. L’improvisation fait la force du Jazz.

Il y a quelques années, vous faisiez plusieurs recherches dans la musique marocaine et vous avez sorti quelques albums comme «Marocofolies » puis vous vous êtes absentés de la scène. A quoi est due cette rupture ?
Durant quelques années, j’ai effectué mes recherches personnelles. J’ai essayé de réaliser des musiques qui pouvaient plaire au public pour vendre puisque la musique doit être commercialisée. Mais le marché de la musique au Maroc est anarchique. Je me suis rendu compte qu’il fallait toujours faire plus simple. J’ai fini par en avoir marre.  En fait, je ne voyais pas d’issue à ma démarche.  J’ai vu que ma politique était perdante. Je ne voulais plus faire de concessions et c’est pour cela j’ai arrêté.  Actuellement, j’ai un projet de réalisation d’un album de Jazz avec le trio Hamza Souissi, Xavier Sarasin et moi-même.

Articles similaires

Culture

«Berklee on the Road» : Un programme itinérant s’invite à Essaouira

Berklee College of Music et A3 Communication, producteur et organisateur du Festival...

Culture

Sous le thème «Les chants de l’alphabet de l’Aqsa vers l’Aqsa»: Une exposition à Rabat d’arts de calligraphie dédiés à Al Qods

Une exposition d’arts marocains de calligraphie et de décoration relatifs aux vertus...

Culture

Des mesures pour redorer le blason de la presse

Le sujet a été débattu lors d’un séminaire à Beni Mellal

Culture

Journée mondiale du théâtre : Une série d’activités festives au programme

Fêtée le 27 mars au cinéma Colisée à Marrakech

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux

Articles les plus lus