Culture

Istanbul : Une ville entre l’orient et l’occident

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«Je vis en Asie, mais je travaille en Europe !», nous lance tout en souriant, Alen Dinkçi, vendeur d’artisanat turc habitant Istanbul. Une ville entre deux mondes qui fait le pont géographiquement, historiquement et culturellement entre deux univers : l’univers oriental et l’univers occidental.
Avec ses 11.322.000 d’habitants (recensement de l’année 2005), l’ancienne capitale ottomane est la plus grande ville de Turquie. Située à cheval sur l’Europe et l’Asie, de part et d’autre du détroit du Bosphore, elle constitue le principal pôle économique du pays. C’est une ville mythique ; la seule au monde à être à cheval entre deux continents. C’est aussi une ville qui fait rêver dont le passé est à la fois riche et unique ; et dont les cités rivales ne peuvent être que Rome ou Athènes.
L’histoire de la ville remonte au temps de la Grèce antique. Depuis, plusieurs civilisations s’y sont succédé. Elle appartenait à l’Empire romain, puis à l’Empire byzantin. Et en 1299, Osman premier conquit la ville byzantine de Bilecik. Cette date marqua le début de l’Empire ottoman, dont la capitale fut Istanbul et ce à partir de1453. Ce bref aperçu du passé d’Istanbul donne une idée sur la diversité et la richesse du patrimoine culturel et historique de la ville, devenue actuellement l’échiquier sur lequel se joue le destin de l’économie turque.
Istanbul a d’ailleurs plusieurs visages. C’est d’abord une ville touristique gorgée de monuments historiques, visitée chaque année par des milliers de personnes venues des quatre coins du globe. C’est aussi une ville moderne où les affaires fleurissent et où les grands buildings rendent hommage au capitalisme. Istanbul est enfin une ville animée d’une vie nocturne extraordinaire.
Mais ce qui distingue Istanbul des autres villes musulmanes, c’est sa dualité culturelle. Entre un Orient marqué par l’islam et un Occident marqué par la religion chrétienne, l’ancienne « Constantinople » est un cocktail culturel unique. En plus, l’islam en Turquie est différent de l’islam traditionnel. La Mosquée bleue (Sultanahmet camii), un chef d’œuvre architectural, en est le parfait exemple.
Ce monument est avant tout une manière de présenter l’extraordinaire diversité de l’islam turc. On peut d’ailleurs présenter le monde turc comme un monde dérogatoire ou spécial par rapport à l’Islam que nous connaissons. Il se traduit, en fait, par des traditions et des confréries pratiquement différentes des nôtres.
La Mosquée bleue, ce lieu fascinant, offre une diversité architecturale hors du commun. Jusqu’à la fin du XXème siècle, cette mosquée était la seule en Turquie à être entourée de six minarets.
Durant la journée, l’intérieur de la mosquée, qui encadre une cour de 64X72 mètres, est illuminé par des rayons de soleil pénétrant à travers 260 fenêtres. Ses faïences colorées en bleue, en vert et en blanc font que la lumière qu’y pénètre offre un spectacle inouï.
Autre édifice témoignant de ce mixage de cultures c’est la fameuse église de Sainte-Sophie (Ayasofya). Elle fut construite par les architectes Antemius de Tralles et Isilore de Milet, à la demande de l’empreur Byzantin Justinien premier, pour remplacer l’ancienne basilique qui avait été incendiée en 532.
Depuis, elle fut l’objet de nombreuses réparations dont la principale effectuée par l’architecte Sinan, qui permit de sauvegarder le dôme. Elle fut transformée en mosquée sous le règne de différents sultans. Au début, les gravures de l’église sont restées intactes. Mais après une fatwa, plusieurs images présentant le Christ ou encore la Vierge ont été couvertes de ciment.
En 1934, Mustafa Kemal Atatürk a ordonné que Sainte-Sophie soit transformée en musée. Aujourd’hui, des travaux sont en cours pour restaurer les gravures cachées sous le ciment. Sur les coins de l’église figurent encore les noms du Prophète Sidna Mohammed, ceux des quatre Califes (Ali, Omar, Othmane et Abou Bark) et ceux de Al-Hassan et Al-Houssine.
Mais la question que tout le monde se pose est suivante : les Stambouliotes se sentent-ils plus européens que leurs compatriotes ? Que pensent-ils de l’adhésion de leur pays à l’Union européenne (UE) ?
En Turquie, une certaine classe politique s’impatiente. Pour elle, les négociations avec l’UE ne sont pas une priorité pour le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan et ils accusent l’AKP (le PJD turc) de vouloir saboter l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. Est-ce vrai ou faux ? Cela reste à vérifier !
En tout cas, les rues d’Istanbul ne partagent pas ce même sentiment d’inquiétude. Au contraire, les témoignages recueillis par ALM sont contre l’idée que la Turquie fasse partie de l’europe.
«Personnellement, je ne crois pas que l’adhésion de la Turquie soit une bonne chose. Elle ne sert que l’intérêt de certaines personnes. Pour que cela puisse arriver, il nous faudra faire des concessions ; beaucoup de concessions», estime Adnan Naç, un commerçant.
Pour Orkun Kandemir, jeune étudiant passionné de musique Hard Rock, « l’adhésion de la Turquie à l’UE sera difficile», arguant que «ici, les mentalités sont différentes». «L’Europe n’est pas prête à nous accepter tels que nous sommes. Nous avons notre propre conception des choses. Notre façon de vivre diffère de celle des occidentaux», poursuit notre interlocuteur qui portait un T-shirt de "Cradle Of Filth", un groupe de Metal Rock.  
«Il suffit de voir ce qui se passe actuellement dans les autres pays européens pour connaître le sort de la Turquie si elle adhère à l’Union. La locomotive allemande, par exemple, n’est plus ce qu’elle était auparavant. Face à une concurrence de plus en plus ardue, l’Allemagne est en panne de croissance», renchérit, pour sa part, Ali Bugdayci, guide touristique qui s’oppose lui aussi à une telle adhésion.
Les Stambouliotes sont, par contre, très nationalistes. Que ce soit sur les grands boulevards ou bien dans les petites ruelles d’Istanbul, le drapeau turc est toujours omniprésent sur les fenêtres.
«On enseigne aux enfants le patriotisme dès leur jeune âge. Par exemple, l’enfant est convaincu par l’idée que faire partie de l’armée est un honneur. J’ai souvent entendu des mères dire à leurs enfants que s’ils fassent ceci ou cela, ils seront privés du service militaire en guise de punition. Généralement, lorsqu’une personne passe son service militaire, c’est toute la famille qui fait la fête», témoigne Malika, une Marocaine ayant fait ses études à Istanbul avant de s’y installer.
Et contrairement aux préjugés qu’on puisse avoir sur les Turcs en général et les habitants d’Istanbul en particulier, ces gens sont très accueillants et ouverts.
D’ailleurs, Istanbul du «Midnight Express» – le film américain qui avait donné un coup dur au tourisme turc durant les années soixante-dix- n’a jamais existé. De nombreuses erreurs, anachronismes et exagérations jalonnent le film, par exemple certains Turcs portent le fez, alors qu’il n’est plus porté en Turquie depuis l’abolition des couvre-chefs symboliques en 1923 par la république turque.
En décembre 2004, le réalisateur américain Oliver Stone a présenté des excuses publiques pour avoir produit un film si exagéré.

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