Culture

«Je suis contre les insultes dans le rap»

© D.R

ALM : Vous avez été révélé pour la première fois sur la scène du Boulevard en 2006. Mais avant cette première montée sur scène, qui était Mobydick ?
Mobydick : Avant L’boulevard, j’enregistrais mes chansons tranquillement dans des studios privés à Rabat. Le premier titre qui a été diffusé sur les ondes a été édité en 2003 et s’intitule «Radioactive».Par la suite, il y a eu la sortie du morceau «Touche pas à mon pays» deux mois après les attentats de Casablanca en 2003. Le titre «Toc Toc», diffusé actuellement sur plusieurs radios, date de 2004 ; il n’est donc pas récent même s’il cartonne en 2007.

Qu’est-ce qui fait selon vous le succès de «Toc Toc» ?
«Toc Toc» est mon premier morceau en arabe dialectal. J’avais l’habitude d’écrire des chansons en français car c’est la langue où je me sens le plus à l’aise et où je peux réellement donner libre cours à ma créativité. Mais plusieurs personnes dans mon entourage me demandaient pourquoi est-ce que je ne tenterais pas de chanter en darija. « Toc Toc » était une sorte de test. Cela a marché, j’en suis satisfait et j’avoue que je me suis retrouvé dans « Toc Toc » plutôt que dans d’autres titres.

Pourquoi avoir attendu longtemps avant d’écrire une chanson en « darija », en sachant que le succès allait être au rendez-vous ?
Au début, le rap marocain ne m’inspirait pas. J’ai été pendant longtemps bercé par le rap français et j’étais plus particulièrement influencé par le groupe IAM. C’est pour cette raison que j’ai commencé à mon tour à écrire des chansons en français plutôt qu’en arabe dialectal. Ceci, tout en traitant des thématiques propres à la société dans laquelle on vit.Une chose, cela étant, reste sûre : je ne vais pas lâcher le rap français. Je m’exprime mieux en français qu’en arabe. Je possède également plus de puissance dans l’écriture en français. Lorsque je veux étaler les choses telles qu’elles sont, je dois m’exprimer en français.

Ne pensez-vous pas que les paroles de «Toc Toc» sont très crues ?
Je pense que les rappeurs marocains bénéficient aujourd’hui d’une liberté d’expression qui était inexistante il y a quelques années.
Il faut donc profiter de cette liberté d’expression sans pour autant en abuser. C’est vrai que dans « Toc Toc » j’ai osé parler de certaines réalités avec un langage assez cru. Mais c’est un langage qu’une grande majorité de Marocains pratiquent.

Le rap est connu pour être un mode d’expression qui transcende les règles préétablies. Mais Mobydick a-t-il des interdits ?
Je défends la liberté d’expression et je suis pour que le rap même cru passe sur les ondes. Cependant, je netolère pas le rap dont les paroles sont basées sur des insultes. Je pense personnellement que les rappeurs au Maroc sont très influencés par la musique afro-américaine et par le hip-hop américain.
On peut s’en inspirer, il n’y a pas de mal à cela ; cependant, il ne faut pas oublier nos principes. Nous sommes des Musulmans et eux des Chrétiens, donc il y a des lignes rouges qu’il ne faut pas dépasser.

En ce qui me concerne, j’ose parler de certains sujets mais dans la limite du raisonnable.
Qu’est-ce qui explique le choix du pseudonyme Mobydick ?

J’ai toujours été influencé par mon groupe préféré « IAM ». Les noms des rappeurs de ce groupe sont tous inspirés de la mythologie égyptienne. C’est le cas par exemple de Akhenaton et de Keops. Le choix de leurs noms artistiques m’a beaucoup impressionné, cela m’a poussé à faire un effort à mon tour et j’ai lancé mes recherches. J’ai fini par opter pour le nom de Mobydick après avoir vu le film du même nom. L’histoire était très belle. Elle est restée gravée dans mon esprit. J’ai beaucoup apprécié l’idée de la baleine poursuivie par le tyran.La baleine symbolise le mythe qui gagne. Je me suis dit pourquoi je ne serais pas ce mythe. C’est ainsi que j’ai choisi de m’appeler Mobydick.

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