Culture

Karima El Badaou : «La réussite au Maroc a un goût différent des autres consécrations»

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ALM :Vous avez réussi à imposer votre nom dans le paysage artistique égyptien. Quelle évaluation faites-vous de ce palmarès?
Karima El Badaoui : Il est un peu difficile pour moi de m’auto-évaluer. Tout ce que je peux dire à propos de ces dix années de parcours, c’est qu’elles ont été fructueuses. J’ai atteint un niveau de professionnalisme considérable. Je me sens plus mature, capable de me produire sur n’importe quel plateau et prête à maîtriser tous les dialectes. Ma présence n’est plus limitée à une zone géographique précise. Je sens que j’appartiens aujourd’hui à la scène mondiale.

Qu’est-ce qui vous a poussée à choisir l’Egypte comme destination ?
Quand j’ai quitté le Maroc en 1998, la situation artistique était déplorable. Il n’y avait pas d’horizon pour la jeunesse qui désire se spécialiser en ce domaine. De plus, j’ai toujours manifesté un souhait d’être présente sur la scène artistique arabe. C’est ce qui m’a poussée à explorer la scène égyptienne.

Artistiquement, que vous a offert Le Caire ?
Le Caire m’a offert un cadre professionnel intégré. La formation en Egypte est permanente. Ainsi, chaque personne se focalise sur sa spécialité, au moment où l’artiste marocain milite toujours pour produire et diffuser son œuvre. En Egypte, j’ai pu côtoyer de près des grands noms artistiques qui ont généreusement partagé leur expérience avec moi.

Comment prouvez-vous votre marocanité au sein de ce parterre d’artistes ?
En travaillant à l’étranger, la responsabilité devient double. La compétition prend une nouvelle tournure. Elle devient en quelque sorte diplomatique. Déjà le fait d’être présente parmi ces noms est une bonne chose pour une jeune Marocaine. Par ailleurs, l’artiste professionnel est celui qui appartient à toutes les nationalités. J’ai grandi dans un milieu profondément artistique. Mon père nous a inculqué cet esprit de patriotisme et le souci de défendre notre identité arabe. Que je sois en Egypte, en Algérie ou en Syrie, je suis après tout chez moi. En dépit de notre nationalité, nous sommes arabes et nous partageons les mêmes cultures, les mêmes traditions et les mêmes ambitions.

La langue n’a pas été un handicap pour vous ?
Depuis que j’ai été petite, je suivais minutieusement les productions artistiques égyptiennes. En plus, mon passage par l’Académie des arts au Caire m’a initié davantage à l’apprentissage du dialecte. On présentait des projets en dialecte égyptien et il était hors de question pour nous d’avoir un accent particulier. Cela m’a permis de bien forger mes compétences linguistiques.

Certains reprochent aux actrices marocaines d’être exploitées pour des rôles un peu osés. Qu’en dites-vous ?
Ecoutez, chaque artiste a le droit de choisir sa voie. Pour ces critiques, je les invite à ne pas s’attarder sur une scène mais plutôt sur le contenu de la production . Certaines actrices se sont spécialisées dans ce genre de rôle et pourtant elles ont réussi leurs carrières. Après tout, c’est une question de compétence et de talent. Personnellement, je ne trouve aucun mal à présenter ce genre de rôle, tant que cela va servir le film et transmettre un message à la fois humain et social.

À quand le cinéma?
(Rires) Il ne tardera pas à venir. Certes, j’ai pris un peu de retard pour franchir ce pas, mais j’ai préféré suivre la progression normale des choses à savoir le théâtre, la télévision puis le cinéma. Je prépare actuellement ma première apparition cinématographique sous la direction du réalisateur palestinien Saïd El Baytar. Ce long-métrage, intitulé «5 minutes» représente pour moi un nouveau départ. J’interprèterai le rôle d’une jeune Marocaine qui vit en territoire occupé en compagnie de son époux palestinien. Ce film relate la souffrance du peuple palestinien. C’est une grande production à laquelle prendront part l’illustre Dourid Laham, Souzane Najem Eddin et Amrou Waked.

Y a-t-il des projets en vue sur le plan national ?
Je participerai à un feuilleton de Abderahman El Khayat, comme je collaborerai avec mon frère Mohcine El Badaoui pour la conception de projets audiovisuels. Le Maroc connaît un essor artistique louable. De ce fait, j’appelle les cinéastes marocains à prendre en considération les efforts de ces jeunes talents émergents, notamment ceux qui résident au Moyen-Orient, pour donner un nouveau souffle au septième art national. Après tout, la réussite au Maroc a un goût différent des autres consécrations.

Quelle place occupe la rumeur dans votre vie professionnelle?
Bien que la rumeur prouve, en quelques sortes, ma présence sur scène, je ne lui prête pas d’importance. Certes, je m’éclipse un peu de la scène, mais j’avance à pas sûrs. En parallèle, je prépare un Master en média, c’est ce qui ne me permet pas d’être constamment sous les projecteurs. Ainsi, à la moindre absence, les rumeurs jaillissent. Certains sont même partis dire que j’ai honte de mon métier, alors que j’étais bercé dans une famille d’artistes. C’est inconcevable, je ne pourrai jamais renoncer à l’art.

Allons-nous vous voir dans des émissions télévisées ?
J’étudie actuellement quelques offres. Qui sait ? Je pourrai d’un jour à l’autre présenter mon propre programme de télévision qui traitera d’un angle innovant différents sujets relatifs à notre société et la jeunesse arabe.

A part les médias et le théâtre, quelles sont vos autres facettes cachées ?
J’aime lire et surtout danser. J’ai suivi des cours de ballet depuis mon jeune âge. Je suis éprise par les rythmes et les tempos. Ainsi contente ou furieuse, je laisse libre recours à mon corps pour exprimer sa joie et sa peine.

Le baromètre du cœur que prévoit-il ?
Je ne le nie pas, la réussite professionnelle était au détriment de ma vie privée. Aujourd’hui, je suis en phase de réconciliation avec moi-même. Je pense fonder une famille, c’est ce qui procure quiétude et stabilité à l’individu. J’espère trouver l’âme sœur avec qui je franchirai ce cap.

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