Face au succès remporté par le spectacle «Source de vie» de la compagnie Macadam, une représentation supplémentaire, soit la cinquième est prévue pour le mardi 26 février à l’Institut français de Casablanca pour le grand bonheur du public.
Le chorégraphe et danseur Abdel Mesbah à la tête de la compagnie Macadam y met en scène sa vision de l’effroi : «le jour où je suis revenu dans mon village, j’ai vu la terre craquelée et j’ai ressenti la souffrance liée au manque d’eau…»
Dans ce spectacle qui mêle deux mondes, ville et compagne, la spiritualité des rites traditionnels de «taghounja » rencontre l’énergie des arts populaires (hip hop, et danse traditionnelle). «Source de vie» commence dans un village meurtri par la sécheresse. Celle-ci personnifiée en femme fatale à la danse arabesque, assomme brutalement tout le monde. Les silhouettes des villageois tournent, se courbent, s’étirent et sautent, évoluant dans toutes sortes de musiques (percussions, jazz, folklore…). Vêtues de la couleur de la terre sèche, elles chantent l’eau et implorent la clémence du ciel usant de tout les moyens pour trouver le précieux liquide. Le désespoir advient et la musique s’arrête. D bruyantes respirations accompagnant les mouvements frénétiques des danseurs. Pour les villageois qui ont survécu, il ne reste plus que l’exode vers la ville comme seule solution au manque d’eau. Un silence évoquera la stupéfaction et forte impression que procure l’imposante mégapole dans laquelle les villageois découvriront un autre mode de vie où l’eau est consommée et gaspillée nonchalamment. Un tableau chorégraphique intitulé «Goutte d’eau» référera: deux danseurs vêtus en blanc font chacun un solo avec une boule bleu, donnant corps à ce rapport qu’ont les hommes en général avec l’eau. Ainsi chaque tableau chorégraphique a une signification, (village, colère, voyage, ville…), chaque détail contribue à la cohérence de ce spectacle ( bouteilles d’eau en plastique, poubelles, lumières…) Même la fatigue et l’essoufflement apparents des danseurs dans quelques scènes, semblent participer à la progression de l’histoire.
Toutefois malgré la prédominance du hip hop surtout vers la fin du la représentation et la présence de quelques clichés, par exemple, un «Guerrab» (porteur d’eau ) qui n’a fait qu’une brève apparition, Mesbah a réussi plus au moins à allier entre les prouesses techniques de la break danse et du hip hop et la poésie et l’ambiguïté de la danse contemporaine qui invite le public à l’interprétation. Mais pour sa première création, Mesbah a surtout réussi à faire passer son message tout en accrochant le public. «Dans ce travaille, j’ai essayé d’être le plus simple possible tant au niveau des costumes, des images, que de la mise en scène», explique Mesbah. En plus de ce dernier, la compagnie Macadam est constituée de 7 autres membres tous aussi talentueux les uns que les autres. Il s’agit de Mehdi Kennar, Amine Rami, Saïd Fakir, Samoda, Iliass Fouari, Youness Aboulakoul et Khadija Kabli. Comme quoi, donnez à nos jeunes de l’espace et un peu de temps et ils vous feront des merveilles ! «En ville, en moins d’une minute, on gaspille 15l d’eau, pour se laver par exemple. Alors que dans les villages, les enfants font plus de 15 km pour avoir de l’eau pour assurer leurs besoins les plus vitaux», déclare A. Mesbah.