Culture

La face cachée de Hassan El Fad

© D.R

Transparent, simple. Tels sont les qualificatifs qui ressortent au premier abord dans le contact de Hassan El Fad, humoriste multi-talents par excellence, mais dont rien n’entame la chaleur, que tempère une modestie à toutes épreuves. S’il est reconnu comme comédien et dans le One man show, avec un Omar Chraïbi, le réalisateur, derrière lui là où il est, il n’en a pas moins excellé dans bien d’autres arts et formes d’expression. Eclectique. Un artiste-né, qui plus est et à ce qu’il paraît, comme El Fad lui-même tient à nuancer. « Déjà petit, aussi bien ma famille que mes amis me trouvaient un air d’excellent imitateur », déclare-t-il, presque avec nonchalance. C’est qu’il ne se prend pas vraiment au sérieux. Pourtant, il a vraiment de quoi être fier. Et rares sont les artistes marocains qui peuvent se targuer d’avoir eu, si jeunes, une carrière aussi chargée, une vie aussi remplie. Prédestiné à la musique, vu qu’il est né dans une famille de musiciens, Hassan El Fad choisit tout d’abord une autre forme d’expression : le théâtre. A l’âge de 16 ans, dans la fin des années 1970, il intègre le conservatoire de Casablanca. « J’étais dans un âge où mes prédécesseurs dans l’art dramatique au Maroc me regardaient de haut. J’étais pour eux le gamin qu’il fallait accompagner chez lui et qu’il fallait aider, en me tenant la main, à traverser la route, une fois les cours terminés. Mais, passé quelque temps, je n’ai pas tardé à aider d’autres à la traverser, cette route », se rappelle El Fad. Quelque années après, on lui trouve un autre talent, celui de dessinateur. Hassan El Fad passe un concours d’arts appliqués et fait partie de la première promotion d’arts plastique. Après le bac, il quitte Casablanca pour Rabat, où il poursuit des études pédagogiques. Il rentre au bercail où il reprend le chemin du conservatoire. Son objectif premier est de développer plusieurs talents, histoire d’en faire des cartes supplémentaires pour son métier de comédien. C’est là où il va s’enticher de musique, notamment le saxophone. Un tournant. Son professeur de jazz, l’Espagnol Eduard de Gomez, lui propose de faire partie de sa bande. C’est ainsi que Hassan El Fad va découvrir la vie entre deux piano-bar. Il intègre par la suite African Roots, un groupe reggae inscrit dans l’air du temps de l’époque. On est en plein dans les années 1980. Hassan El Fad mène à l’époque une vie de bohème, avec toute la liberté, les excès aussi, que le mot implique. «C’était vraiment la belle époque. Quand on travaillait dans un palace ou grand hôtel, on se prenait pour les maîtres des lieux. Je gagnais très bien ma vie et tout m’était offert », se souvient-il, non sans nostalgie. De la nostalgie, mais aussi de la sagesse. Hassan El Fad se rend compte qu’il était réduit à une « boîte à musique » et repense sa vie et sa carrière. Mais entre les deux expériences, il s’essaye également en architecture d’intérieur, un secteur où il fait sensation. « J’étais vraiment doué à ce qu’il paraît. J’avais des commandes non seulement du bureau dans lequel je travaillais, mais aussi d’ailleurs. J’étais fort dans la perspective d’intérieur. Et j’avais même envisagé de partir faire des études en Grande-Bretagne. Mais j’ai vite fait de me rendre à l’évidence qu’une vie ponctuée par des horaires administratifs n’était pas vraiment pour moi », précise Hassan El Fad. Après la vie de palaces, Hassan El Fad rencontre la misère. Il se retrouve dans un camion, avec une troupe de théâtre, à faire le tour du pays. salaire : 1.500DH …le trimestre. Ma quête n’était pas celle de l’argent, encore moins celle de la gloire. C’était celle de l’expression. J’ai un besoin vital, thérapeutique, de ressentir des frissons, peu importe dans quelle expression », tranche-t-il. Guidé par sa passion, ce n’est qu’à la fin des années 1990 qu’il va entamer la carrière d’humoriste qu’on lui connaît, avec « Quand je serai grand, je serai Ninja», une émission-télé qui fera un tabac et qui va le mener à la réussite. De la réussite, Hassan El Fad en connaîtra aussi dans le Cinéma, notamment à travers son rôle dans « Ali, Rabia et les autres », qui lui vaudra le prix du meilleur second rôle masculin au festival d’Alexandrie, mais aussi au Festival international du film de Marrakech. Sa vie de « marginal », comme il la qualifie, lui aura permis de gagner en modestie, mais aussi de saisir la société marocaine dans toute sa richesse et diversité. « Il ne se passe pas un jour sans que je sois étonné par ma société. Nous sommes beaucoup plus multiculturels qu’on ne le croit », déclare celui qui est désormais fier d’avoir co-écrit « Infra-orange », une pièce qu’il a réalisé avec un ami hollandais et qui a été sélectionnée pour célébrer les 400 ans des relations diplomatiques entre le Maroc et les Pays-bas.

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