Culture

La gaie féerie de Ben Azzouz

Quelle fraîcheur ! Il fait bon d’entrer voir l’exposition d’un peintre dont on entend parler pour la première fois, et en sortir agréablement surpris. Une gaie féerie colorée s’empare du visiteur dès qu’il franchit le seuil de la porte de la galerie Mohamed El Fassi. L’enchantement vient moins de la composante chromatique des tableaux que des créatures qui caractérisent le monde de représentations de Souhail Ben Azzouz. Peints majoritairement en bleu et blanc, ces motifs nous remplissent de joie. Dans un tableau, on voit un assemblement de spermatozoïdes qui baignent dans un tourbillon bleu.
Dans les autres : des figures qui semblent sorties de l’imagination des concepteurs de Walt Disney nous comblent de contentement. Une espèce de créature est réduite à l’état de tronc avec des oreilles pendantes. Dans tel autre, on reconnaît à peine la patte d’un oiseau, peint à la manière de Joan Miro. Dans un autre tableau, des insectes qui tiennent de la fourmi et du scarabée ont des yeux orange et nous regardent en face d’une façon pleine de malice. Du point de vue pictural, Souhail Ben Azzouz est économe dans l’usage de la peinture. Il multiplie en revanche les êtres étranges pour nous sensibiliser à l’enfance de l’art. Lorsqu’on lui demande si ces créatures sortent de son imagination ou si elles sont réelles, le peintre hésite à répondre. La seule chose dont il est sûr, c’est qu’il a toujours été fasciné par les petites bestioles. « Enfant, je les sculptais dans le papier kraft des sacs de ciment », dit-il. Lorsqu’on insiste un peu, Souhail Ben Azzouz tient des propos philosophiques. «Je considère les insectes comme ce qu’il y a de plus passionnant sur terre. Je peux les regarder pendant des heures entières sans me lasser. Ils sont petits de taille, mais déterminants du rythme de vie sur notre planète».  Souhail Ben Azzouz est né à Assilah en 1967. Il a été formé à l’Ecole des Beaux-Arts de Tétouan avant de suivre des études à l’Academia Albertina di Bili Arti de Turin.
Il vit actuellement à Malaga en Espagne, parce qu’il estime que les possibilités de travail et d’exposition sont «très limitées» à Assilah. La partie de son œuvre qui remplit l’âme et les yeux d’enchantement est celle où l’on voit des créatures étranges. Souhail Ben Azzouz a réalisé toutefois d’autres œuvres qui se ressentent quelque peu de l’influence de Khalil El Ghrib. Ainsi cette espèce de momie enveloppée dans du papier bleu et entourée de ficelles. Sa couleur et son bandage évoquent le pain de sucre. L’on adhère d’ailleurs moins aux sculptures de cet artiste ou aux tableaux où il multiplie les couleurs. L’abrégé en bleu et blanc de l’univers irrationnel, léger et spontané de ses bestioles est ce qui nous convainc le mieux. Dans ces œuvres, le peintre a compris que le jeu est une fonction déterminante de l’art. Lorsque la peinture se dégage de tout cérémonial exigeant, lorsque l’artiste oublie le lourd piédestal sur lequel doit reposer son œuvre, il réconcilie l’art avec sa fonction essentielle de jeu et construit des gadgets pour l’émerveillement des adultes.

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