Culture

La hausse des prix change les habitudes alimentaires des ménages

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«Dans le temps 100 DH permettaient de nous nourrir pendant toute une semaine voire même plus. On pouvait s’offrir des tajines copieux de poissons, de viande… Nos tables étaient bien garnies… Aujourd’hui avec cette même somme d’argent, c’est à peine si on peut se permettre un plat», déclare Fatiha, 32 ans, mère de deux enfants.
Le panier de la ménagère s’amoindrit non seulement en qualité mais aussi en quantité. Selon la note du Haut commissariat au Plan (HCP) du mois d’avril 2008, l’indice du coût de la vie a enregistré durant ce mois une augmentation de 3,7% par rapport au même mois de l’année précédente. Comparé au mois de mars 2008, cet indice a augmenté de 1,3% au cours du mois d’avril. Cette variation est le résultat de la hausse des produits alimentaires de 2,5%. Avec la hausse des prix, le consommateur s’est vu contraint de changer ses habitudes alimentaires. Prenons le cas de la viande rouge. Dans la mesure où la viande est devenue trop cher, le consommateur marocain a tendance à se tourner vers la viande blanche , moins cher et plus accessible.Le poulet et la dinde constituent ainsi une alternative à la hausse du prix de la viande ovine ou bouine. 
La charcuterie gagne également du terrain. Dans les grandes surfaces et les boucheries, elle envahit les rayons. Pour ce qui est des œufs, le problème ne se pose pas. Ils sont à la portée de toutes les couches sociales et ce durant toute l’année. Le poisson, quant à lui, est de moins en moins à la portée des consommateurs et se présente comme un véritable produit de luxe. Crevettes, calamars, merlan, soles et autres poissons de qualité font partie des «intouchables». En témoignent les propos de Najat, femme au foyer, 44 ans, mère de cinq enfants : «Mon mari est employé à la commune municipale. Son salaire ne suffit pas pour nourrir toute notre famille. Nous mangeons trois par semaine du poisson mais uniquement des sardines. Les autres poissons, on en entend parler seulement. Les tagines au poulet, y en a marre. Les enfants ne veulent plus les manger. Ils ne comprennent pas que c’est nullement un choix mais une obligation». A ce sujet, le HCP avait indiqué dans sa dernière note, une hausse de 3,4% pour les poissons frais entre mars et avril 2008.  Pour ce qui est des fruits, la situation n’est guère meilleure. Entre mars et avril 2008, les prix des fruits ont augmenté de 27,5%. Cette importante hausse se ressent terriblement sur le budget des ménages. Pour un grand nombre de consommateurs, les fruits sont devenus inaccessibles.
«La recette du taxi ne me suffit pas pour subvenir aux besoins quotidiens de ma famille. Tout est cher. Je ne peux plus me permettre d’acheter des fruits. J’ai beaucoup de peine quand je vais au marché, accompagné de mes enfants qui me prient de leur acheter des pommes. Quant à l’avocat, le kiwi, l’ananas, la mangue n’en parlons pas», déplore Abdenbi, chauffeur de taxi, 48 ans et père de trois enfants. Les légumes ne dérogent pas à la règle. Ces derniers ont connu une fluctuation de 4,9% entre mars et avril. Ayant fait un tour dans certains souks, on a constaté que les prix des légumes ont nettement augmenté par rapport au début de l’année.
La pomme de terre est à 5 DH alors qu’au début de l’année, son prix était de 2 DH. De même pour la courgette qui est à 6 DH au lieu de 3 DH.  Les haricots verts ont connu une forte hausse. Leur prix se situe autour de 10 DH alors qu’il y a encore quelque mois, les haricots verts n’étaient qu’à 4 DH. Dans les grandes surfaces, les prix sont catastrophiques avec des haricots verts à 15 DH, des pommes de terre à 6, 30 DH, des poivrons à 12 DH, des oignons à 5 DH et des tomates à 6,40 DH. «La situation va de mal en pis. Les prix ont doublé, voire même triplé. Ce sont les enfants qui vont souffrir le plus de ce manque. Espérons que la situation s’améliorera», affirme Nadia, 38 ans, mère de 4 enfants. Mais quelles sont les causes de ces hausses ? Selon une note d’orientation de la Banque mondiale, intitulée « hausse des prix alimentaires : Option pour les pouvoirs publics et réponse de la Banque mondiale», l’accroissement de la production des biocarburants a contribué à la hausse des prix alimentaires. Mais cette flambée est aussi liée à la hausse des prix de l’énergie et des engrais, à l’affaiblissement du dollar et à l’application par certains pays de mesures d’interdiction des exportations.
Cette note indique également que la hausse des prix du blé s’est chiffrée à 181% sur les 36 mois qui ont précédé février 2008 et que les prix alimentaires mondiaux ont au total progressé de 83%. Pour ce qui est des perspectives à venir, on s’attend à ce que les prix des cultures vivrières restent à des niveaux élevés en 2008 et 2009.

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