Culture

La médina, une cité nouvelle ?

© D.R

Initié en collaboration avec l’université Al Akhawayn, ce colloque a regroupé des chercheurs, des universitaires et des praticiens nationaux et étrangers autour de débats théoriques sur les expériences culturelles au sein du milieu urbain des médinas marocaines et espagnoles. Le thème central a abordé la problématique de la médina par ses métiers d’art, son savoir-faire et les opportunités d’évolution afin de concrétiser la substance des débats. Un work-shop a été réalisé au sein de la médina par le GRETA (Groupement des Écoles d’art appliqué de Paris) avec la collaboration des ITA et du musée Nejjarine. Cette opération designers/artisans a donné lieu à une exposition d’objets utilitaires le dernier jour . Les réhabilitations de maisons et leur devenir, les expériences culturelles dans les médinas d’Essaouira, de Fès, de Marrakech, d’Asilah, sont autant de sujets qui ont été examinés dans leurs aspects valorisants pour le tourisme au Maroc mais aussi par leur côté risqué, car la menace de déséquilibre socio-culturel n’est pas écartée pour ces tissus. L’objectif de cette rencontre était de déterminer dans quelle mesure les médinas peuvent constituer un référentiel à l’architecture et à l’urbanisme futurs ; approfondir la réflexion sur le tissu urbain de la médina et lancer des passerelles entre les expériences locales et internationales. Tenter de répondre à la question de savoir comment maintenir le foisonnement des métiers d’art traditionnels, des petites manufactures, des commerces de proximité et des résidences de différents standings qui peuvent cohabiter encore sans souffrir du manque d’équipement et de l’enclavement ayant fait fuir les populations d’origine. De nombreux exposés d’une très grande qualité ont émaillé le colloque. L’un d’entre eux concerne la médina de Fès. Elle est l’oeuvre de Fouad Serghini, directeur général de l’ADER qui est à la charge de la réalisation de cette médina. Il dit en substance que : La médina demeure un espace où viennent se juxtaposer les fonctions résidentielle, économique, sociale et culturelle. Il ne s’agit pas que des vertus nostalgiques, les problèmes d’ordre social et urbain pèsent lourdement sur le devenir de ces cités et de leurs occupants. Ce qui impose de poser de grandes questions en termes de développement et d’amélioration des conditions de vie de toute une population et ce, dans un cadre urbain historique de grande connotation culturelle. L’expérience de Fès nous donne des enseignements dont nous citerons quelques-unes : – La réhabilitation d’une ville historique comme Fès n’est pas un ensemble de programmes additionnés (bien que cela soit nécessaire), mais plutôt un processus qui nécessite une impulsion significative des pouvoirs publics à même de déclencher chez les différents acteurs (population, société civile, investisseurs, artisans…) tout un potentiel de développement endormi dont le réveil aura des conséquences certaines sur l’emploi, la lutte contre la pauvreté, l’amélioration des conditions de vie. Ce même processus ne peut se limiter à une approche technique. L’état du bâti, mis à part le facteur vieillissement, n’est autre que le reflet d’un amalgame de facteurs liés au niveau de vie, à la nature foncière, aux pratiques et occupations d’espace. Le processus est donc une action horizontale de mise à niveau de plusieurs secteurs liés au développement. – Le processus de réhabilitation ne peut réussir qu’en intégrant la vision de la population et de la société civile avec leur adhésion aux programmes initiés par les pouvoirs publics. -Réhabiliter nos médinas et les développer est un acte plus que prometteur. Il y a quelques années, il était question de démontrer théoriquement que l’investissement dans le patrimoine architectural et urbain (et la culture de manière générale) a un bon Taux de rentabilité économique (TRE autour de 17%). De même que l’impact de l’investissement .Ceci n’est pas actuellement à démontrer quand on observe les flux d’investissement qui s’acheminent vers les espaces historiques. -Le développement de la culture et de l’économie de la culture demeure l’un des principaux éléments pour monter ce qu’on appelle le train de la mondialisation. Les pays dits en voie de développement ayant une haute intensité culturelle et surtout autour du bassin méditerranéen, ne peuvent pour le moment miser sur la lourde industrie ou sur la haute technologie, par contre, le développement des spécifications culturelles serait un palier réaliste pour monter d’abord le train (et rester débout pour un bon moment…). En conclusion, la réhabilitation de nos villes historiques n’est pas seulement une reconnaissance envers le passé, c’est plutôt une obligation envers notre présent et notre avenir. Si ces villes avaient disparu, on aurait dû les reconstituer. Maintenant qu’elles sont toujours là corps et âme, on devrait avoir une chance inouïe. D’autres pays dont l’histoire est récente auraient aimer réinventer leur patrimoine. Aujourd’hui, et plus que jamais, la réhabilitation de nos villes historiques en tant qu’espaces regorgeant de valeurs culturelles et sociales notamment la cohabitation, la reconnaissance de l’Autre s’impose avec acuité.

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