Suite de l’histoire d’Ahmed, personnage central de L’enfant de sable. Il (ou elle) a vieilli et prend, à son tour, la parole. Un roman d’introspection qui, « sous le voile d’une narration habilement emboîtée », propose l’expérience socratique de la transformation et de l’auto-engendrement, comme l’écrit en substance Guy Darol. Une oeuvre majeure, pour une bonne partie de la critique française. Prix Goncourt 1987.
Rappelez-vous ! J’ai été une enfant à l’identité trouble et vacillante. J’ai été une fille masquée par la volonté d’un père qui se sentait diminué, humilié parce qu’il n’avait pas eu de fils.
Comme vous le savez, j’ai été ce fils dont il rêvait. Le reste, certains d’entre vous le connaissent ; les autres en ont entendu des bribes ici ou là. Ceux qui se sont risqués à raconter la vie de cet enfant de sable et de vent ont eu quelques ennuis : certains ont été frappés d’amnésie ; d’autres ont failli perdre leur âme.
Mais comme ma vie n’est pas un conte, j’ai tenu à rétablir les faits et vous livrer le secret gardé sous une pierre noire dans une maison aux murs hauts au fond d’une ruelle fermée par sept portes.
La Nuit sacrée, Tahar Ben Jelloun,
Seuil, 188 pages