Culture

La passion de la culture natale

© D.R

Elle n’avait que cinq ans quand elle a quitté le Maroc. Depuis, elle a fait bien du chemin et s’est construite une carrière qui fait d’elle une femme d’affaires redoutable. Un succès et un éloignement qui ne l’ont pas empêché de garder dans son coeur un Maroc dont elle est passionnée et dont elle s’active à promouvoir l’image, à travers la culture. Agée d’à peine 29 ans, Kawtar H. Sounni, fille de diplomate et petite-fille du premier marocain à avoir fait ses études à Oxford, semble avoir tout fait, très vite, très bien et très jeune. Ayant suivi des études à l’École spéciale des affaires à Paris, suivies d’une Maîtrise en Business qu’elle achève à Montréal, elle semble être née pour faire du business. Encore étudiante, elle avait déjà entamé sa carrière.
Une logique « un coup aux études, un coup aux affaires » qu’elle dit avoir pu faire grâce au système nord-américain qui permet de joindre les deux. Poisson, immobilier, mode, négociations, relations publiques, …Là où elle passe, elle fait des ravages, jusqu’à ce qu’elle crée sa propre entreprise. Son champ de bataille est le Business Development.
Une évolution remarquable, mais un intérêt qui n’a pas cessé de grandir aussi bien pour le Maroc que par sa culture. « Je me rends au Maroc 4 à 5 fois année. C’est l’air que je respire et sans lequel je suis condamnée à étouffer. Je n’ai jamais étudié l’arabe mais je parle parfaitement le marocain. Je connais très bien mon pays, mais je trouve qu’on ne fait rien pour promouvoir son image », déclare-t-elle. Et de préciser que le « on » s’adresse aussi bien aux efforts du gouvernement qu’à ceux de tous les Marocains, d’ici comme d’ailleurs. Une volonté d’agir qui l’a poussée, déjà en 2000 d’organiser une Méga Fête pour soutenir la candidature marocaine à l’organisation des phases finales de la Coupe du monde 2010. Baptisé «2001 nuits blanches», l’événement a rassemblé 1500 personnes. Animée par des DJ canadiens, cette nuit a été filmée par plusieurs chaînes thématiques de télévision. Le chanteur français Patrick Bruel et l’acteur américain Sylvester Stallone étaient également de la partie.
Aujourd’hui, c’est encore l’amour du pays qui fait courir Kawtar. Sa préoccupation nouvelle n’est autre que la culture. Cela donne le Projet Faith-Maroc Salama. Produit par la maroco-montréalaise, il s’agit d’une remarquable initiative artistique à laquelle participe l’un des plus grands artistes photographes du Québec : Carl Lessard. A travers l’objectif de son appareil-photo, le photographe a tenté de faire découvrir non pas les paysages mais l’âme des pays qu’il visite et explore.
Dans le cadre du projet Faith, Carl Lessard a déjà travaillé sur l’Inde, le Tibet et l’Afrique du Sud. En septembre dernier, il s’est rendu au Maroc. C’est donc par le biais de la lentille du photographe Carl Lessard que Kawtar H. Sounni a choisi de faire découvrir le Maroc aux Nord-Américains sous un angle nouveau.
Pour elle, l’objectif de cette initiative, dont elle est l’initiatrice n’est autre que de redorer l’image de son pays, dans un environnement quelque peu hostile à tout ce qui est arabe ou musulman. Pour cela, elle n’y va pas par la petite porte. Kawtar a pu faire accéder le Maroc au très prestigieux Musée d’art contemporain de Montréal, où l’exposition est prévue du 16 au 23 avril prochain. Sur le rôle de l’image, elle développe toute une théorie. « La gente judéo-arabe a réussi à s’imposer et à imposer sa culture et son image en Amérique du Nord par ce seul biais. Pourquoi ne pas faire de même. Depuis le 11 septembre, tout ce qui arabe ou musulman est stigmatisée. Il fallait réagir. Ma décision s’est d’autant plus confirmée suite aux événements du 16 mai. Ces attentats m’ont complètement traumatisé. Mais l’idée a mûri. Son exécution a nécessité plus d’un an et demi ».
Pour Kawtar, c’est à nous tous qu’incombe la responsabilité de protéger notre image, et de l’élever. A la guerre de l’information, il faut user de notre lumière.
Les oeuvres ainsi réalisées seront par la suite présentées au Musée d’arts modernes de New York, à Los Angeles et dans d’autres pays européens. Kawtar H. Sounni a aussi une autre passion, celle du football. Un sport qui lui a fait découvrir son pays quand elle était encore jeune. Souvenons nous-en, c’était en 1986. Et une passion qu’elle traîne encore aujourd’hui. «J’ai pris des journées de congé rien que pour pouvoir suivre le déroulement des rencontres de l’équipe nationale lors de la CAN 2004.
La prestation de nos Lions de l’Atlas était absolument magnifique», déclare-t-elle, toute fière. Elle qui regrette de ne pas avoir été au Maroc. et qui profite de l’occasion pour tirer un grand chapeau à l’entraîneur national Baddou Zaki « qui a su joindre à la fois la sagesse des grands stratèges et la fougue de la jeunesse ». Ne voulant rien savoir sur la défaite marocaine en finale, elle est convaincue que ce n’est pas la Tunisie qui a joué en finale, mais le Brésil. « Il n’y a qu’à voir ceux qui ont marqué contre nous », commente-t-elle. Une façon bien marocaine de voir les choses.

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