Culture

La Turquie : entre orient et occident

© D.R

Le climat est à la fois frais et sec ; les carrefours sont surchargés de gens et de véhicules et le paysage urbain pullule de mosquées dont l’architecture est typiquement orientale. Nous sommes en Turquie. Un pays vaste (780.580 m2), très peuplé (près de 75 millions d’habitants) et qui, géographiquement, coiffe le Proche-Orient tout en se situant à la lisière de l’Europe.
Petit rappel historique : cette république qui constituait anciennement le gros de ce qu’on appelait l’Anatolie, a été fondée en 1923 par Kemal Atatürk quelques années après le démembrement de l’ancien Empire ottoman.
Atatürk, dont statues et portraits portant son effigie, se retrouvent abondamment dans le paysage urbain et à Istanbul et Ankara probablement plus que dans tout le reste du pays. Normal : il (Atatürk) est unanimement considéré par ses siens comme étant le père fondateur de la Turquie, puisqu’il en a été le premier président. Mais surtout, c’est sous son règne (de 1923 à 1938) que «l’Etat turc est» devenu -selon l’une des dispositions de la Constitution- «républicain, nationaliste, populiste, étatiste, laïc et réformateur». Tels sont les «six principes d’Atatürk», en dépit desquels plusieurs mesures légales ont été adoptées, tels que l’accord du droit des votes aux femmes (1934) ou encore l’interdiction du port du voile pour les femmes dans les administrations et écoles publiques.
Et sans vouloir trop métaphoriser, on pourrait dire que la Turquie est à l’image de son positionnement géographique : elle navigue entre modernité et repli, entre islam et laïcité. «Naviguer», c’est aussi quelque chose de très courant localement et notamment à Istanbul, la principale ville du pays, qui est quasiment séparée en deux par le Bosphore. Un fleuve dont les beaux rivages accueillent des quantités de dauphins qui y migrent durant une grande partie de l’année. Les voir (les dauphins) monter à la surface est quelque chose d’assez exotique pour beaucoup. Que ce soit de loin, lorsqu’on circule le long des côtes ou encore mieux si l’on est à bord de l’une des nombreuses péniches qui naviguent sur le Bosphore.
Ces grandes embarcations sont soit des lieux de plaisance et de dîners chics -voire romantiques, soit un moyen de transport quotidien servant à relier les deux rives d’Istanbul. L’une (rive) est européenne, l’autre asiatique. Un flux de population dans un fleuve… Car, à elle seule, Istanbul compte plus de 14,5 millions d’habitants (!) et prend des allures de pays enclavé. Dans les quartiers marchands, aux abords du Grand Bazar par exemple, les petits restaurateurs courtisent les passants… parfois même un peu trop. C’est aussi cela l’accueil turc. Les autochtones ont certes le sens de l’hospitalité, mais quelques uns d’entres eux (parmi les restaurateurs notamment) sont plutôt filous.
Et une addition salée est vite –et injustement- arrivée. Cela d’autant plus que la monnaie locale prête à confusion. Pour une centaine d’euros ou de dollars, le touriste est déjà millionnaire en lires turques, devise remplacée en 2005 par la livre turque. Un euro équivaut à environ 2 millions de lires turques. Question saveurs, le plus typique des plats turcs reste le kebab (des brochettes de mouton). Il est à la cuisine turque ce qu’est le couscous à la gastronomie marocaine. Bien entendu, celle-ci ne se limite pas qu’au Kebab (qui se dit en fait «kebap» ou «sis kebap»). Font aussi partie de la tradition culinaire locale, des mets comme le «köfte» (boulettes de viande crue aux épices), le «tarama» (préparation à base d’œufs de poisson), ou encore des desserts comme les «baklava» (pâte feuilletée farcie de crème de noix ou de pistaches) et les «loukoum» (confiserie à base d’amidon et de sucre).
Les monuments ne sont pas en reste. Le plus important d’entre eux reste la célèbre Mosquée bleue. Celle-ci, bâtie entre 1609 et 1616, doit son nom à la prédominance de faïences azurées sur sa coupole. Elle présente six minarets et se voulait dans le passé, le point de départ des pèlerins vers la Mecque. Autre haut lieu touristique, le palais de Topkapi datant de 1470 et qui fut la résidence principale de tous les Sultans jusqu’au XIXème siècle. Aujourd’hui, le palais de Topkapi sert de musée qui regorge précieusement d’objets datant de l’ère ottomane et même de «supposés» détails ayant appartenu au Prophète Sidna Mohammed.
Visiter la Turquie, c’est aussi découvrir toute son infrastructure routière. Un réseau des plus denses, fruit d’un vaste chantier de construction routière et autoroutière initié il y a quelques décennies. Des routes où l’on peut découvrir un parc automobile conséquent et relativement actuel. Là encore, la Turquie a une petite longueur d’avance par rapport à bien de pays arabes ou musulmans. Il y a d’abord le fait que son marché auto est plus que florissant et juteux. Il s’est en effet vendu l’an dernier 1 million de véhicules neufs ! Mais surtout, -et il y a bien un lien de causalité entre les deux faits- de nombreux constructeurs y fabriquent des modèles en grande série. Fiat, Ford, Hyundai, Renault et Toyota y ont implanté de grandes usines. Tous ont fait que discrètement, la Turquie est devenue l’un des ténors de l’industrie automobile, à  aux échelons européen et mondial. L’industrie automobile et son tissu de sous-traitance constituent le premier secteur économique du pays juste derrière ceux du tourisme et du textile. Pour autant, la Turquie n’est pas à l’abri de soucis économiques. Chômage, pauvreté, émigration clandestine sont quelques maux qui la touchent, rendant frileux les députés européens quant à son adhésion éventuelle.
Car, voilà bien des années que la Turquie frappe –infructueusement- aux portes de l’Union européenne, avec ses atouts et ses faiblesses. Quoi qu’il en soit, ce pays reste une région magnifique et incommensurablement parfumée d’exotisme et de charme.

DNES à Istanbul Jalil Bennani

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