Culture

La vocation cachée de Kholoud

© D.R

Avez-vous vu « Abwab Annafida » de Mustapha Faker ? Ce n’est pas grave, ce téléfeuilleton est actuellement en rediffusion sur la chaîne « Al-Maghribia ». Une clé pour percer un autre secret de Kholoud. A l’écouter chanter dans ce téléfeuilleton, on est transformé par une sorte de magie. Un timbre si doux vous fait frémir à la première intonation, pour vous entraîner dans un voyage au bout… du plaisir. Une voix de velours qui rappelle curieusement celle de Feyrouz, la vedette des chants mîjana et des rythmes « debkah ». Kholoud, qui dit avoir un grand culte pour la diva libanaise, apprécie, en plus de sa voix, la musique de sa famille de compositeurs « les Rahbani » et la profondeur poétique des textes qu’elle interprète. Un goût particulier pour le répertoire lyrique classique, qui se traduit, dans un autre registre, par la fascination que Kholoud éprouve à l’endroit de la regrettée Asmahan. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ces chanteuses sont reprises par Kholoud à chaque occasion qui se présente. Il suffit de se souvenir de sa soirée il y a quelque temps au Théâtre national Mohammed V de Rabat, quand elle a enflammé le parterre avec « Ahwak» (Je t’aime), « Habbitak Fi Sif », «Je t’ai aimé l’été », « Nous nous rencontrions au soir » de Feyrouz, et « Layali Al Ouns » de Asmahan. Et contre toute attente, Kholoud surprendra le public par un magnifique «Ya m’safir wahdak ». Le maestro Mohamed Abdelouhab, auteur-compositeur de cette chanson, fait également partie du cercle des artistes préférés de Kholoud.
Maintenant, reste à savoir pourquoi Kholoud n’a toujours pas enregistré son propre album. « J’y pense sérieusement », dit-elle. Encore faut-il avoir les moyens de son ambition. En attendant, l’artiste se met, aujourd’hui plus que tout autre temps, à la recherche d’un parolier et d’un compositeur avec qui elle peut s’entendre.
Pour le reste, Kholoud continue de nourrir sa passion pour le théâtre. Lauréate en 1995 de l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle (Isadac), elle intègre de sitôt « Masrah Ennass » de Taïeb Saddiki. Elle se souvient avec affection de sa première apparition avec cette troupe dans la pièce «Eléphant et pantalons ». Cela remonte à 1996. Une année-charnière pour Kholoud, dans la mesure où l’étape-Saddiki lui a permis d’affûter ses armes de comédienne professionnelle. « C’était la grande école », dit-elle d’un ton admiratif. Comme d’autres comédiens et comédiennes, Kholoud a côtoyé le père Noël de la scène marocaine Saddiki. Elle mettra sa belle voix au service de « Mesrah Lebsat », un genre lyrique puisé dans le patrimoine théâtral marocain. Après l’école-Saddiki, viendra l’expérience avec Nabyl Lahlou dans la pièce « Le Procès de Socrate » et « Sauvez l’âme» d’Abdessamad Dynia, sur un texte d’Abdelhaq Zerouali. Pièce avec laquelle Kholoud participera au Festival de théâtre d’Al-Qods (Palestine). Kholoud aurait alors pu dormir sur ses lauriers, mais rien, paraissait-il, ne pouvait l’arrêter. En 1998, elle décide de partir en Egypte pour poursuivre ses études supérieures à l’Académie du théâtre du Caire. Simplement, « l’étape caïrote ne m’apportera rien, sinon une compilation de cours purement théoriques », regrette-t-elle.
Qu’à cela ne tienne. De retour au Maroc, Kholoud rempile. En décrochant un poste au ministère de la Culture, elle poursuivra sa percée. Mais c’était sur un autre registre que celui du théâtre, sachant qu’elle s’arrêtera de faire du théâtre durant la période allant de 1999 à 2003. Qu’a-t-elle fait alors pendant ce temps-là ? En prenant part à l’organisation des festivals initiés par le Département de la Culture, Kholoud tournera dans plusieurs films. On peut citer, entre autres, « Amwaj al-bar » de Mohamed Ismaïl, «Histoire d’une rose » d’Abdelmajid Rchich, « Les cœurs brûlés » d’Ahmed Maânouni… Entretemps, l’actrice a tourné dans plusieurs créations télévisuelles : « Jabarout » (téléfilm de Leïla Triki) et « L’Ancien Egyptien », un documentaire de fiction réalisé pour le compte de la chaîne de télévision « BBC ».
En 2004 et 2005, Kholoud renouera avec sa passion première : le théâtre. Acquise à l’idée que le théâtre et l’art en général doit servir des causes, elle répond présente à l’appel de l’assocation féminine « Josour » pour jouer dans une pièce portant sur la femme. Montée juste après l’adoption du nouveau Code de la famille, sur un texte de Bachir Qamari, « Coquelicot », cette pièce a été initiée dans l’objectif de vulgariser les nouveaux droits de la femme. L’intérêt qu’elle a suscité a été tel qu’elle a été sollicitée par différents acteurs associatifs pour une tournée dans différentes villes du Royaume. De cette tournée, Kholoud retient avec émotion son premier contact avec des femmes détenues. « Autant j’ai été bouleversée de voir enfermer des femmes à la fleur de l’âge, autant j’ai été heureuse à l’idée de me rendre utile aux yeux de ces détenues », dit l’actrice.
Maintenant, Kholoud pense à un nouveau projet pour 2006. Elle vient de recevoir une proposition de la part d’une troupe espagnole pour monter une co-production théâtrale qui sera jouée aussi bien au Maroc qu’en Espagne.

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