Culture

Lamia Naji et ses chats

Après l’Institut français de Casablanca, c’est au tour de l’IF de Rabat de montrer les photographies de Lamia Naji. Cette exposition, intitulée «I love cats», dure jusqu’au 22 décembre 2001. On se plaint souvent du peu de qualité des expositions de photographies, on rate une belle expo en faisant la sourde oreille à celle de Lamia Naji. L’exposition intitulée «I love cats» n’est pas dédiée aux chats, comme pourrait le laisser supposer son titre, mais à des personnes réelles. Le côté félin des personnes photographiées par Lamia Naji peut expliquer leur parenté avec les chats. Le chat est un animal qui inspire les poètes. Le chat a également doté de plusieurs expressions le langage des hommes. L’expression qui convient le mieux à l’exposition de l’artiste-photographe est «la nuit tous les chats sont gris». Ces personnages présentent en effet des caractères identiques. C’est la vie nocturne des Madrilènes qui a capté l’intérêt de Lamia Naji. Toutes les photographies exposées à l’Institut français de Rabat montrent une foule de personnes baignées dans la fumée des pubs et des discothèques de Madrid. Thème de la vie moderne s’il en est. Thème de l’isolement de chacun qui cherche à échapper à soi-même en se fondant dans la foule. Étreintes furtives, conciliabules sans lendemain. Rien de ce qui constitue la vie d’un noctambule n’a échappé à l’objectif de Lamia Naji. L’effet du flou caractérise les photographies de Lamia Naji. Il est difficile d’ailleurs de reconnaître des visages. L’anonymat des personnes photographiées est volontaire. C’est à l’atmosphère générale, au cadre d’ensemble que la photographe s’attache exclusivement. Des faisceaux de lumière intensément blanche (celles des projecteurs dans les discothèques) jettent dans une espèce de nébuleuse mouvementée la masse de personnes photographiées. Cette façon de faire qui consiste à concentrer la photo autour d’une source lumineuse n’est pas propre aux personnages de «I love cats». On la retrouve dans d’anciennes photographies de l’artiste. Elle se manifeste tantôt sous forme d’un noyau de lumière, tantôt elle prend la forme d’angles lumineux qui structurent la photographie suivant une composition pyramidale. Au reste, dire que l’exposition de Lamia Naji montre la vie de noctambules madrilènes ne signifie aucunement que cette dernière verse dans le reportage. Le regard et l’esthétique de l’artiste tiennent ses personnages à l’abri du reportage. L’objectif n’arrive jamais à cacher l’émotion manifeste de Lamia Naji. Elle observe très peu de distance à l’égard de son vis-à-vis : les enthousiasmes et les dépenses physiques de ses personnages, elle les fait siennes. Leur trouble est présent jusque dans les contours flous et indécis de bon nombre de ses photographies. En fait, cette distance que l’artiste rompt entièrement et l’émotion qu’elle accepte ouvertement comme un parti pris de son esthétique est ce qui fait que les personnages se livrent entièrement à son objectif. Ils savent que derrière l’appareil qui clique, une artiste éprouve leur émotion et ne fera rien pour dissimuler la sienne. Ils savent combien Lamia Naji aime ses chats.

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