Culture

Latif Lahlou : «Cette appellation d «art propre» est impropre»

© D.R

Des observateurs voient en le récent décret relatif au cinéma une occasion pour les islamistes d’imposer leurs conditions et vision pour un art propre. Qu’en pensez-vous?
Latif Lahlou : Je pense que tout gouvernement qui veut prendre des dispositions pour encourager le développement de la cinématographie nationale ne peut-être qu’encouragé et soutenu dans ce sens.

Le gouvernement actuel mené par le PJD est un gouvernement de coalition de quatre partis politiques, le PJD ne peut donc pas prendre des décisions comme bon lui semble et les appliquer unilatéralement.
Lorsqu’on a voulu développer la notion «d’art propre» en concept, vous avez vu la réaction unanime des créateurs artistiques de toutes disciplines et toutes tendances politiques. Vous savez que cette appellation d’«art propre» est impropre et ne correspond à rien de précis. ça ne peut-être qu’un fourre–tout où l’on développe des amalgames, des ambiguïtés et des idées pernicieuses pour essayer d’établir un contrôle de la création et de la diffusion.
Mais je pense que les initiateurs de ce jeu ont compris; les créateurs intellectuels et artistiques sont très vigilants et tiennent à leur liberté de pensée et de création parce que c’est cette liberté totale qui peut autoriser le développement culturel.

Que dites vous du long -métrage «Un film» de Mohamed Achaour qui a été sanctionné pour son audace? Il s’est ainsi vu refuser les recettes après production par la Commission d’aide à la production cinématographique nommée par le ministre de la communication.
Je suis convaincu que beaucoup de personnes ont vu et apprécié le film d’Achaour avec beaucoup d’aprioris et pris position avec beaucoup de précipitation. Ceci étant, je reste convaincu que la décision a été prise par les politiques et pour la crédibiliser et la justifier on a pris le public pour un bouc émissaire prétendant que «que c’est le public» qui a exigé la suspension de la diffusion.
Il faut ajouter que cette décision a été prise et appliquée contre toute voie réglementaire et pratique commerciale en cours dans l’exploitation cinématographique dans ce pays. Pour être franc et direct avec vous, je pense que le PJD essaie de trouver des voies d’application à sa vision du monde, mais il n’est pas seul sur le terrain. Si nous ne sommes pas sur la même voie, à nous de le dire haut et fort et de défendre nos points de vue en sortant nos crocs. C’est de bonne guerre et c’est la loi de la démocratie.

Quels doivent être, selon vous, les critères selon lesquels une œuvre doit bénéficier d’un soutien de l’Etat?
C’est une question très pertinente, mais pour y répondre raisonnablement, il faudra beaucoup de temps et de pages.
Pour être simple et concret, je vous dirais que la situation économique et politique du pays rend nécessaire et indispensable l’aide directe de l’Etat à toutes créations intellectuelles et artistiques; sans cela c’est l’asphyxie.

Pourquoi ?
Parce qu’il n’y a pas de marché national pour la diffusion de nos productions et parce qu’il est vital que nos intellectuels et artistes produisent sans contrainte morale ou économique. C’est aussi simple que cela à dire !
Autrement il est possible de développer une pratique audacieuse, démocratique et performante pour mettre en pratique une nouvelle voie en matières de production et de diffusion  des productions intellectuelles et artistiques.

Articles similaires

Culture

«Photographie pour l’humanité» de Reza à la galerie d’art d’Oujda

L’Institut français du Maroc (antenne Oujda) accueillera à partir du 3 avril...

Culture

Rencontre entre Faouzi Skali et Michael Barry autour d’Ibn Arabî et Rûmî

Organisée à l’initiative de l’Association pour le progrès des dirigeants

Culture

«Berklee on the Road» : Un programme itinérant s’invite à Essaouira

Berklee College of Music et A3 Communication, producteur et organisateur du Festival...