Un universitaire marocain, écrivain à ses heures perdues, s’ennuie à enseigner la littérature à des étudiants qu’il n’intéresse guère et qui, de toutes façons, se retrouveront au chômage, diplômés ou pas.
A la maison, rien de bien exaltant non plus, la routine d’un vieux couple usé par l’habitude. Un seul projet est encore capable de l’enthousiasmer : écrire la version marocaine de l’Ulysse de Joyce. A défaut, il se contente de rédiger un texte sur Naples dans le cadre d’un concours qui lui permet de gagner une invitation à séjourner dans la ville italienne. Loin des circuits touristiques, il découvre l’Auberge des pauvres, une cour des miracles sur laquelle règne une matrone qui semble incarner la mémoire des bas-fonds de la ville.
Tahar Ben Jelloun est un merveilleux raconteur d’histoires et la ville de Naples l’a particulièrement inspiré. Il entraîne le lecteur dans une véritable odyssée littéraire, non sans humour, car, à son retour au Maroc, l’émule de Joyce découvrira que sa Pénélope n’est pas restée à faire de la tapisserie en l’attendant. Roman allégorique et baroque, parfois décousu, dont le héros, un « homme contrarié », assiste à l’effondrement de son mariage et de son pays. Une fable sur le racisme et un plaidoyer contre l’exclusion des déshérités. Selon Lise Gauvin, il s’agit d’une fable sur l’écriture présentant le monde comme un répertoire de récits.
L’Auberge des pauvres,
Tahar Ben Jelloun, Seuil, 294 pages