Culture

Le chapitre II sera les portes de Tanger

© D.R

ALM : Vous dirigez une agence de communication et vous faites la photographie. Comment arrivez-vous à jongler entre les deux activités ?

Darem Bouchentouf : Quand je travaille, j’ai besoin de m’évader. Chose que la photographie me permet. C’est aussi un art que j’utilise dans mon travail. Donc les deux sont compatibles et complémentaires. La passion pour cet art est née, il y a plus de vingt ans, bien avant celle pour mon travail. De surcroît, le fait de vivre à travers l’étranger puisque mon père est diplomate et je suis né en Italie alors j’ai pu voyager et voir ailleurs. Tout cela a fait que je sois imprégné par l’art de la renaissance.

Comment avez-vous fini dans la communication ?

L’histoire est un peu anecdotique. J’ai commencé en tant que chef d’entreprise pendant mes études. J’allais à l’établissement d’enseignement supérieur pour passer mes examens après j’avais des réunions et des clients. Quand je suis rentré au Maroc en 2000 après plusieurs années à l’étranger, j’ai commencé à travailler dans les technologies avec des partenaires. De par cette collaboration, j’ai découvert qu’on avait des compétences en art et la communication est en fait un art. Si l’on n’a pas une âme artistique on n’en perce pas le secret. Parmi les clés de succès de notre entreprise, c’est le côté artistique. Et être artiste, c’est essayer de ne pas se poser de limites.

Pourquoi ce choix sur les portes de la médina de la capitale ?   

C’est un concours de circonstances. En fait, je fais partie depuis deux ans d’une association culturelle D’Art Louane dont le siège est dans la médina de Rabat. Etant de famille slaouie, visiter la ville de Rabat, c’était, pour moi, replonger dans les rues de Salé puisque c’est la même architecture, les mêmes symboles, voire les mêmes odeurs. Cela m’a interpellé parce que je voyais certaines de ces portes quand j’étais petit et maintenant je ne les trouve plus. Mes enfants ne les verront sûrement pas. Sur les 300 portes que j’ai documentées de la médina de Rabat, je n’ai exposé qu’une trentaine ici. Sur les 30 portes qui sont là, trois ont déjà disparu en deux ans de travail. En détail, cette exposition est le fruit de deux ans de recherche et de documentation d’un patrimoine matériel pour le transformer, à travers une œuvre artistique, en patrimoine immatériel.

Quelle est la technique que vous avez adoptée ?

Ces photographies ont la qualité artistique d’être prises en contre-plongée. On voit la porte à un mètre du sol comme lorsqu’on avait l’âge de dix ans. Aussi, la lumière est rasante, donc elle fait ressortir les murs. Ces portes ont également la symbolique d’être  toutes fermées mais à côté de chaque porte, il y a un moyen de l’ouvrir. A vous de choisir selon votre état d’esprit. Et comme vous l’avez remarqué, il y a un catalogue doté d’un plan pour repousser les gens à aller à la médina, contempler ces portes au lieu de prêter attention à la saleté des ruelles. Et si j’arrive à détourner leur regard, je crois que j’aurais réussi à contribuer à la sauvegarde du patrimoine immatériel. Et cela me fait énormément plaisir ! Aussi, la galerie de Diwane où j’expose est, à mon avis, l’un des endroits les plus sélects. Comme vous l’avez vu, les murs sont en bois et les cadres de mes photographies sont neutres comme ça les gens pourront les personnaliser.

Votre prénom donne l’impression que vous êtes issu du Moyen-Orient…

Mon père est marocain. Quant à ma mère, elle est jordanienne. Mon grand-père maternel est palestinien et ma grand-mère maternelle est syrienne. C’est toute la mosaïque moyen-orientale dans le sang outre l’influence de l’art italien.

Comment se manifeste cet impact ?

Les règles de la composition dans la photographie sont nées de celle de la peinture italienne. Quand on dit que c’est une belle photo, c’est que c’est une belle toile aussi.  Dans mon exposition, j’étale une photographie de D’art Louane sans retouche informatique. Il n’y a que le choix de la lumière après elle a été imprimée sur un support en textile pour imiter un peu l’orientaliste d’antan.

Des projets à venir ?

Le chapitre II va être les portes de Tanger d’ici l’année prochaine.
 

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