Culture

Le design, une affaire de riches ?

© D.R

Effet de mode et signe de richesse, le design au Maroc est une vrai tendance. Assises, cuisines, salles de bain, le signé fait des ravages sur le marché. Super coûteux mais au goût exquis, choquant mais que demander de mieux ? Tout s’accorde à motiver la confiance du client de plus en plus à la recherche du «in». Un designer comme un architecte d’intérieur, voit du rouge à l’endroit où le commun des mortels voit du bleu. Il préconise un relax dessiné par untel à la place d’un fauteuil en cuir classique. Une recherche de l’esthétique qui pousse les limites du concevable pour se rebeller contre des siècles de commun. En  1919, le secteur avait déjà connu une vraie révolution avec le mouvement «Bauhaus». «Voulons, concevons et créons ensemble la nouvelle construction de l’avenir, qui embrassera tout en une seule forme : architecture, art plastique et peinture», extrait du manifeste du Bauhaus. À bas, le conformisme.
Le design c’est le pas commun. Selon un portail Internet de design, «Au Maroc, tout le monde crée, fabrique, détourne, s’approprie l’existant». Ainsi, la distance entre le concepteur et le producteur est, selon le site, réduite à une seule et même personne. Elle crée pour combler un besoin avec des matériaux de fortune. Tout le monde, dans ce cas, pourrait être designer et les artisans seraient les meilleurs.
Niet ! Cette image du design est déjà dépassée au Maroc. Ne peut être designer qu’un diplômé ayant une expérience considérable et un sens de l’esthétique communément reconnu. Le tout doublé d’une créativité proche des réalités industrielles et des besoins socio-économiques. Mahassine Erroussi est une jeune designer marocaine diplômée de l’École supérieure des Beaux-arts de Casablanca, section architecture d’intérieur et design d’objet. Aujourd’hui, elle travaille pour le compte d’une agence d’architecture d’intérieur. «Je suis souvent sur plusieurs projets en même temps, je dessine, je crée et j’encadre les chantiers jusqu’à satisfaction du client», explique-t-elle.
Un vrai travail d’halène. Outre la prise en considération lors de la conception de «la disponibilité des matériaux, la fonctionnalité, le confort, le design, le style de la création et bien d’autres paramètres de personnalisation du produit», continue Mahassine. Pour les chalands du design, c’est tout simple, je paie donc je veux le meilleur. Exigences, caprices, fantaisies, foucades, c’est le lot quotidien des concepteurs qui se plient à tout dans l’espoir de satisfaire une clientèle de connaisseurs qui a déjà tout compris.
Les Marocains évoluent rapidement. Ils sont à la page de ce qui se fait dans les pays les plus développés. Mahassine, elle, a sa petite procédure, «tout dépend de la demande. Je commence par faire des propositions d’aménagement pour mon patron qui en choisit les meilleurs avant de les soumettre aux clients pour validation. Ensuite, si c’est des objets à acheter il faut tout de suite passer commande sinon si c’est moi qui les ai dessinés, je dois me mettre tout de suite au travail avec l’équipe technique». En ce qui concerne les honoraires de ces artistes, c’est une autre histoire. Mahassine ne peut pas renseigner, parce qu’elle travaille pour une agence.
Mais, chez un concepteur de cuisines, les prix sont pour le moins intéressants. En effet, pour réaménager une petite cuisine de 8 m2, les meubles assortis, sans compter l’électroménager et la peinture des murs, coûtent entre 20.000 et 140.000 dirhams. Le prix dépend des assortiments de meubles choisis. Autre topo pour les magasins de commercialisation des «meubles œuvres d’art». Là, c’est réellement le luxe. «Cette commode est signée, inspirée à 100% du style Byzantin, elle a été dessinée à Istanbul en Turquie, lors d’un voyage de découverte par le grand créateur…», déclare le commercial d’un magasin de meubles d’art, chantant les mérite d’une création.
La commode en question ne mesure pas plus de 1m sur 1,50 m et 60 cm de profondeur. Son prix par contre, lui, est de 25.000 dirhams. Pour la qualité, ça coule de source, elle est parfaite. Un vrai petit bijou à placer entre de bonnes mains. Sous peine de le voir se faner entre un trop plein de meubles où il ne serait pas mis en valeur, ou encore se détériorer pour mauvais entretien. «…En plus, le meuble prend de la valeur avec le temps, c’est une vrai œuvre d’art», continue le commercial. Rachida, une Casablancaise issue de classe sociale moyenne, affirme que «le design c’est une affaire de riches, moi je ne m’y connais pas du tout». Manque de sensibilité artistique ou de moyens économiques, rien n’empêche le design de prospérer gentiment au Maroc. Alors à quand la démocratisation du beau ?

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