Original. Le court métrage que vient de ficeler Hamid Faridi l’est à plusieurs égards. «Arbi Turbo» emmène le téléspectateur dans un fabuleux voyage qui dure une douzaine de minutes. Fabuleux ne doit aucunement évoquer un voyage intersidéral. Nous garderons les pieds sur terre car, finalement, l’histoire se déroule juste au coin de la rue.
Un coin pourtant ignoré par certains, c’est le cas d’une jolie blonde, par exemple, comme cela peut être le cas d’un responsable politique ou autre. Le coin de la rue reste toujours asservi à une certaine relativité. L’originalité de « Arbi Turbo» réside, tout d’abord, dans le fait qu’il ait été tourné avec un angle de caméra fixe. Le réalisateur estime que cela s’impose dans une société où tout bouge par définition. «Le Maroc bouge tellement que suivre ce mouvement perpétuel s’avère vain. L’objectif de la caméra est là, sur le qui-vive, et ce sont les personnages qui défilent, du barbu furieux, passant par la prostituée du coin jusqu’au vendeur de cigarettes en détail», estime Hamid Faridi. Mais qui est, au fait, ce cher Arbi à qui l’on a apposé tout un système de turbines ? «Arbi Turbo» est l’incarnation de toute une génération, celle native des années 70. Ferrailleur de pièces automobile de son état, Arbi coule ses journées entre les carcasses de voitures. Son morne quotidien fait de taches de lubrifiants et de grisâtres maculatures, allait, comme par miracle, être illuminé par une venue inespérée.
La belle blonde descendit de son cabriolet sous l’oeil sidéré de notre Arbi local. Un extraterrestre descendant de son ovni n’aurait pas eu le même effet sur lui. Aussi, l’extraterrestre de service n’aurait pas été étonné au même degré que la blondinette, qui découvrait un univers, jusque-là, inconnu de son regard n’ayant caressé que des scènes en rose.
Mais finalement, où est le problème? Il s’avère que les vrais ennuis allaient commencer pour l’homme aux multiples turbines. En effet, il allait commettre un délit qui n’a pas sa place dans ce milieu : être honnête avec sa charmante cliente. Il venait de pécher et il allait finir par payer le prix de cette transgression.