Culture

Le froid isole des douars de la province d’Azilal

© D.R

Lorsque vous arrivez à Azilal, la nature, qui recèle des trésors avec ses tapis verdoyants, ses forêts luxuriantes et ses eaux limpides qui descendent des montagnes enneigées de l’Atlas, vous subjugue. Malheureusement, plus vous vous éloignez de la ville d’Azilal, plus cette belle nature se métamorphose en laissant place à des régions où le froid glacial fouette les visages. Après un voyage d’aventure de deux jours, on arrive à Zaouiat Ahansal et les tribus des Aït Abdi. Des coins isolés, des régions où l’on ne trouve ni route ni école ni dispensaire ni éléctricité.Les montagnes des tribus de Zaouiat Ahansal et des Aït Abdi se composent de deux «Machiakhates» : Machiakhate des Aït Atta relevant des tribus des Aït Abdi et la Machiakhat des Ihansalnes relevant de la Caïdat de Zaouiat Ahansal. On y trouve un grand nombre de petits douars comme Douar Amstar, Zerkane, Tanta mine, Imidre Tafraoute…Dans ces contrées isolées, les plus grands ennemis des habitants sont les conditions climatiques très rigoureux qui transforment toute la région en un enfer glacial. Dans certains douars, les habitants sont obligés de parcourir une longue distance pendant toute une journée pour aller chercher de l’eau à dos d’âne ou de mulet en plus de l’inexistence de chemins pour le déplacement des hommes et des bêtes. Souvent, les hommes sont obligés de suivre les traces de leurs animaux pour connaître le chemin. La majorité des hommes portent des djellabas et des souliers de caoutchouc pour se prémunir contre le froid. En plus, les habitants s’approvisionnent pour une longue période de peur que les sentiers ne soient coupés par la neige. A cause du froid, le transport des malades qui peut durer jusqu’à une demi-journée, se fait à dos de mulet ou d’âne pour attendre enfin le passage d’un quelconque véhicule. Moha, un habitant de la région affirme : «Parfois, les malades meurent lorsqu’ils sont transportés sur des bêtes à cause du froid, sept personnes sont mortes à cause de l’avalanche (Montagne de Tizi Noulmou) et une famille qui se compose de six personnes est décédée (le père, la mère et quatre enfants) à cause de l’écroulement de leur maison fragile, sous le poids de la neige, .D’ailleurs, ces pauvres victimes sont restées trois jours sous les décombres». Dans ces contrées le froid fait 3 à 4 victimes chaque année. Le froid glacial devient alors une contrainte au développement de la région surtout avec le manque de chauffage, de médicaments, des vêtements…De surcroît, les grandes distances séparant les douars constituent un autre enfer pour les habitants, ( la distance entre Azilal et Zaouiat Ahansal est de 80 kms environ mais pour aller de Ait Abdi à Azilal, il faudra parcourir une distance de 14 heures de marche entre des montagnes qui ressemblent à la cordillère des Andes ). Actuellement, la hauteur de la neige atteint un demi-mètre environ et c’est à partir d’octobre que la mousse blanche commence à s’abattre sur ces régions isolées du monde. Un habitant de la région ajoute : «Il est fort difficile de vivre dans ces régions où le froid tue sans répit. Ce que nous demandons, c’est le chemin, je parle de routes pour désenclaver ces coins qui font peur. Le jour où nous aurons des chemins, tout sera résolu. Nous voudrions « Abrid» (Abrid veut dire le chemin en langue tamazighte)». L’économie des habitants repose sur l’élevage et une agriculture qui ne résiste pas aux conditions climatiques très défavorables. Pour «hiberner», les habitants sont obligés de s’approvisionner pour une longue période de crainte d’être terrassés par le froid. A cause de la neige, nombreux sont les petits enfants et même les adultes qui toussent, crachent du sang ou vomissent. En janvier, une équipe de secours s’est rendue, par voie aérienne, dans la Commune rurale de Zaouiat Ahansal, après la détection de cas de fièvre chez des élèves. 125 personnes ont été examinées et ont reçu les soins nécessaires. Dans le cadre du plan d’urgence de secours, il a été procédé à la mise en place d’une stratégie d’intervention pour l’acheminement des équipes médicales, d’autres équipes sont prêtes à intervenir pour assurer l’approvisionnement des régions sinistrées en produits alimentaires et en gaz de chauffage. «Nos enfants, dit un habitant de la région, ne vont plus à l’école à cause de la neige .Personne ne peut vivre dans cette région où on manque de tout.  Nombreux sont ceux qui quittent cet enfer pour s’installer à Kalaat Mgouna, à Tizi Nisli ou ailleurs».  Dans ces contrées isolées du monde, le froid de l’hiver rigoureux transforme la vie des habitants en un enfer implacable qui les menace à tout instant de mort.

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